« La Vérité sur l’affaire Harry Quebert » Joël DICKER


J’ai enfin sorti de ma PAL le fameux best-seller La Vérité sur l’affaire Harry Quebert que j’avais acheté au moment de sa sortie c’est-à-dire en 2012 !!! Oui ! Alors pourquoi cette envie subite ? Tout simplement parce que son adaptation en série va bientôt être diffusée sur TF1 avec Patrick Dempsey (docteur Mamour), et je n’aime pas voir les adaptations avant d’avoir lu le roman.

On a tellement parlé de ce livre, en bien comme en mal d’ailleurs, que je me suis lancée un peu fébrilement dans la lecture. Je suis toujours suspicieuse devant les romans trop plébiscités. Pourtant j’ai vite été embarquée dans l’intrigue : Harry Quebert est un écrivain reconnu et estimé après le succès d’un roman Les Origines du mal. Ancien professeur d’université, il a eu pour élève Marc Goldman, avec lequel il a noué une amitié forte. Marc a également connu un grand succès en librairie, mais depuis plus d’un an, il ne parvient plus à écrire et doit pourtant rendre un manuscrit à son éditeur, le délai de remise arrivant à terme. Marc se rend donc dans le New-Hampshire où Harry vit depuis 1975. Il recherche les conseils de son ancien prof. Sauf que, le corps de Nola Kellergan est retrouvé enterré dans le jardin de Harry et que tout porte à croire que le coupable soit Harry. La jeune fille de 15 ans avait disparu le 30 août 1975 et toutes les recherches pour retrouver son corps étaient demeurées vaines. Marc décide alors de faire la vérité sur cette affaire afin d’innocenter son mentor.

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Les Anciens sont de sortie – Challenge à contre-courant by Stéphie


challenge les anciens sont de sortieAlors que la Rentrée Littéraire 2014 commence à faire rage sur les blogs et dans les médias, où l’on parle du dernier Nothomb, Reinhart ou Carrière sans oublier d’Olivier Adam et j’en passe, Stéphie a eu la curieuse et ingénieuse idée de nous pousser à lire (enfin) tous ces romans des Rentrées Littéraires de 2010, 2011, 2012 et 2013 qui, une rentrée littéraire chassant l’autre, sont restés calés sur nos étagères !

Un challenge sur un an, pour rattraper notre retard, replonger dans les Rentrées Littéraires des quatre années précédentes, profiter des sorties poche pour démontrer qu’un livre sait attendre et qu’il n’est jamais trop tard pour les lire !

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« Barbe Bleue » Amélie NOTHOMB


nothomb barbe bleuePour celles et ceux qui suivent ce blog depuis plusieurs années, vous savez qu’entre Amélie et moi, ce ne fut pas toujours rose. Après deux essais malheureux (L’Hygiène de l’assassin et Les Combustibles), j’avais un peu renoncé. Mais comme il n’y a que les c… qui ne changent pas d’avis, je me suis laissée tenter par cette réécriture du conte de Perrault, relu d’ailleurs il n’y a pas si longtemps.

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« Certaines n’avaient jamais vu la mer » Julie OTSUKA


otsuka certainesCe roman de la Rentrée Littéraire 2012 a été très remarqué lors de sa sortie, remportant même le Prix Fémina étranger cette même année. Dans la sélection du Prix du Club des Lectrices, je l’ai donc acheté ce week-end et lu dans la foulée sans même un petit arrêt dans la PAL !

L’histoire se déroule durant la première moitié du XXe siècle. Au début de ce siècle, plusieurs japonaises ont pris le bateau vers les États-Unis afin de rejoindre des hommes installés là-bas et avec lesquelles elles se sont mariées sur photo et lettres mensongères. Une fois arrivées aux USA, ces jeunes femmes, parfois à peine sortie de l’adolescence, vont vite comprendre qu’elles ont été trompées.

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« Le Vase où meurt cette verveine » de Frédérique MARTIN – Rentrée Littéraire 2012


martin le vase où meurt cette verveine lecture en coursJoseph et Zika sont septuagénaires, il habitent une maison entourée d’un jardin dont ils s’occupent avec passion. Zika est malade du cœur. Après un malaise inquiétant, elle doit suivre un traitement dans un hôpital parisien. Joseph et Zika ont deux enfants : un fils et une fille. Le premier vit à Montfort, la seconde à Paris. Leur fille refuse d’accueillir ensemble ses parents. Joseph s’installe alors chez leur fils et Zika, bien sûr à Paris près de l’hôpital. Ils quittent alors leur maison qu’ils louaient depuis de très longues années. Séparés pour la première fois de leur longue vie, Joseph et Zika vont commencer une correspondance.

De plus en plus, me semble-t-il, les auteurs s’intéressent aux personnes âgées, ils leur donnent une place principale dans leur roman. Ici, dans ce roman épistolaire, nous découvrons donc un couple très aimant, très uni, que la vie semble avoir épargné, de condition modeste et menant une existence douce dans leur maison qu’ils chérissent. La séparation de ce couple est donc double : ils sont physiquement séparés, mais séparés aussi de leur maison et donc de tout ce qu’ils ont vécu. Le sentiment de perte est donc important, et ils se retrouvent désorientés, sans repère, ont perdu leur place. L’amour qui les lit fortement entraîne des lettres tendres aux accents presque adolescents.

Je sais que ce roman a plu à de nombreux lecteurs, malheureusement je n’ai pas ressenti le même engouement pour les raisons que je vais tenter d’expliquer ici.

Tout d’abord plusieurs points concernant l’intrigue m’ont gênée. Le premier est que je ne m’explique pas pourquoi le couple doit rendre les clefs de leur maison. Cette incompréhension m’a poursuivie durant toute ma lecture et je n’ai rien trouvé qui justifie cela. Si Zika doit suivre un traitement, elle est censée pouvoir rentrer chez elle à la fin du traitement. Même s’ils sont de condition modeste, s’ils sont parvenus à payer jusqu’à présent leur location, pourquoi ne le pourraient-ils plus pendant le traitement, d’autant qu’ils sont logés gratuitement chez leurs enfants pendant la durée du traitement. Ces considérations peuvent paraître déplacées, mais il m’a manqué une raison valable pour accepter ce point d’autant que le couple tient énormément à leur maison.

Le deuxième point concernant la durée du traitement : un an. Là encore, quelque chose me gêne dans la vraisemblance. Si Zika avait un cancer et doive subir des chimio régulières, je comprends la nécessité d’être à proximité de l’hôpital, mais pour un traitement (et non une opération) cardiaque, je ne comprends pas pourquoi il faille rester si longtemps sur place. D’autant que si Zika rend compte de ses visites aux médecins au début du roman, très vite il n’en est plus question et on n’ignore en quoi consiste réellement ce traitement.

Certes tout cela peut être des points de détails, mais ils ont nui à ma lecture car, du même coup, la raison de cette correspondance semblait s’asseoir sur un postulat de départ qui, pour moi, ne tenait pas la route. Je suis prête à croire tout ce que me dit un auteur, mais j’ai besoin d’éléments clairs dans le texte pour y croire.

Malheureusement (oui encore), d’autres points ont stoppé mon enthousiasme. Il m’a semblé que Joseph et Zika appartenaient davantage à la génération de mes grands-parents (nés vers 1910) qu’à la génération de ma mère du même âge pourtant que les personnages de ce roman. Le style des lettres, les expressions désuètes employées comme « il y a grand plaisir » ou « Tu devrais être heureuse, ma chérie que tes parents se choient encore », les formules comme « Ma très chère femme »; « Mon cher mari », m’ont paru d’un autre temps, bien plus ancien, voire ampoulés surtout pour tes personnes de condition dite modeste. Non que les personnes de condition modeste ne savent pas écrire, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mais il me semble que ce type d’expressions a un côté précieux qui va mal à des personnes simples, vivement tranquillement depuis des années dans leur maison. J’ai donc senti un décalage entre la perception des personnages que je pouvais m’être faite et leur façon de s’exprimer dans leurs lettres.

En fait je crois que je n’ai pas été sensible à ce couple. Je l’ai trouvé égoïste, très dur parfois avec ses enfants, surtout Zika, et le destin de leur fille m’a au contraire plus touchée, même si le dénouement sombre trop dans le drame. Cet amour m’est apparu comme exclusif, excluant tout jusqu’aux enfants. Le couple est au centre de tout, les autres ne font que tournoyer autour sans parvenir réellement à entrer dans ce cercle magique que Joseph et Zika ont créé autour d’eux. Cet amour a travers les années, qui semblent aussi fort qu’au moment de leur rencontre peut avoir quelque chose de fabuleux, sans doute rêvons-nous tous de nous aimer comme au premier jour, mais l’amour de ces deux êtres m’est apparu ici trop refermé sur lui-même. Isabelle, leur fille, le dit à plusieurs reprises, sa mère parle sans cesse de Joseph, l’évoque sans cesse, rejetant toutes les autres personnes et surtout leurs enfants au second plan. Joseph sans doute est aussi le personnage qui a su le mieux évoluer tout au long du roman, qui a su s’ouvrir aux autres, à ses petits enfants, à sa belle fille et à son fils, celui qui a su, grâce à la distance prendre conscience des autres en dehors de son couple.

Un roman donc que j’ai eu du mal à comprendre, qui parfois m’a mise parfois mal à l’aise par des scènes un peu excessives, mais qui a su en séduire d’autres que moi.

Roman lu dans le cadre du Challenge Ô vieillesse ennemie, du Challenge 1% Littéraire Rentrée 2012, Challenge Petit Bac 2013 liste principale Cat. OBJET (vase) et Challenge Amoureux saison 3 cat. Amours contemporaines.

challenge o vieillesse ennemiechallenge 1% littéraire 2012challenge Petit Bac 2013Challenge Amoureux saison 3

« Nom de Code Komiko, dans la nuit de Hong Kong, tome 1 » de Naomi PAUL


Paul KomikoLian est une jeune lycéenne de 16 ans, fille modèle, respectueuse des traditions et  de sa famille, bonne élève, violoniste accomplie, elle appartient à la bonne société chinoise de Hong-Kong, grâce à son père qui occupe un poste important. Mais la petite fille modèle mène une vie parallèle sous le pseudo Komiko. Vraie hacker, elle appartient à un groupe dissident le 04/06 (date des évènements de Tian’anmen) qui se donne pour mission de faire tomber les entrepreneurs bafouant les droits de l’homme. Et justement quand Lian et son amie découvrent le corps d’une jeune fille sur une plage aux abords de l’usine de Harrison, américain qui vient de s’implanter à Hong-Kong, elle sent bien que quelque chose de louche est en train de se tramer.

Lors d’un repas professionnel avec son père, Lian va être amenée à rencontrer non seulement M. Harrison, mais également son fils, Matt. Quelle ne sera pas sa surprise quand, le lendemain, elle voit apparaître Matt dans sa classe au lycée !

Lian/Komiko m’a accompagnée durant tout le week-end. Voilà un roman à la fois plein d’action, de rebondissements et de coups de théâtre qui est vrai plaisir de lecture. Même si j’ai été moins naïve que Lian et ai découvert les dessous de l’histoire, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui nous plonge dans Hong-Kong, dans ses rues et ses quartiers, ses traditions. Lian n’est pas un personnage lisse, malgré son côté bonne élève. L’univers des hackers est assez bien rendu et l’intrigue est bien ficelée. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, et notamment le beau Matt qui réserve bien des surprises.

J’aurais juste un petit bémol sur un emploi étrange des points virgules et sur quelques coquilles disgracieuses, c’est un peu dommage surtout pour un roman jeunesse.

Ce premier tome d’une série est donc une belle mise en bouche et je crois qu’avec Penelope et Enola, Lian, vient de rentrer dans le cercle de mes amies littéraires. J’ai très envie de la retrouver dans la suite de ses aventures, car la fin de ce tome préfigure une suite que j’espère tout aussi passionnante. L’héroïne étant une fille, on peut supposer que ce roman s’adresse davantage à de jeunes lectrices. J’ai aimé aussi que le monde de l’informatique et des hackers ne soit pas présenté, comme souvent, comme uniquement masculin. Cette Komiko est une jeune fille courageuse, rusée et intelligente, elle mérite d’être connue !

Et pour vous faire saliver regarder cette petite bande annonce :

Roman lu dans le cadre du Challenge Dragon, du Challenge 1% Rentrée Littéraire cat. jeunesse et du Challenge Polar et Thriller.

challenge dragonchallenge 1% littéraire 2012Challenge thrillers et polars

Merci aux éditions Flammarion !

« Plan de table » de Maggie Shipstead : Rentrée Littéraire 2012


shipstead plan de tableLa famille Van Meter va marier sa fille aînée, Daphnée. L’intrigue du roman couvre trois jours, du jeudi matin au samedi, jour du mariage. Trois jours durant lesquels des évènements vont venir faire craquer le joli verni de cette famille qui, socialement, paraissait bien sous tout rapport.

Le roman s’ouvre sur le départ du père de famille, Winn pour sa maison de campagne sur l’île de Waskeke, en Nouvelle Angleterre. Homme d’une soixante d’années, marié depuis de nombreuses années à Biddy, il incarne le père et le mari responsables. Mais dés le début du roman, le lecteur sent chez ce personnage quelques failles : sa déception de n’avoir pas eu de fils, son obsession d’intégrer le club de Golf de Waskeke, son attirance sexuelle pour Agatha, amie et demoiselle d’honneur de sa fille aînée. Winn rejoint toute sa famille sur l’île, là les préparatifs vont bon train. Durant ces trois petits jours, le destin de certains des personnages va être quelque peu bouleversé.

Maggie Shipstead dépeint un milieu huppé de l’Amérique, d’une certaine Amérique. Elle centre son roman essentiellement sur deux personnages : Winn et Livia, la fille cadette qui se remet mal d’une rupture récente mais aussi de l’avortement qu’elle a dû subir suite à cette rupture. Cet avortement est d’autant plus douloureux que Daphné, la future mariée, et sœur de Livia, est elle-même enceinte. Aux évènements actuels, l’auteur glisse des retours en arrière sur le passé de Winn et de Livia, qui permettent de mieux saisir la complexité de ces personnages.

Sur cette île et dans cette maison de campagne où tous les personnages se côtoient, les aspirations, les regrets, les rancœurs vont s’exprimer. Maggie Shipstead place plusieurs éléments symboliques qui vont permettre aux personnages de se révéler : une baleine échouée pour Livia, une maison en construction pour Winn. De longues descriptions de l’un et l’autre de ces éléments symboliques permettent d’en comprendre la portée même si parfois je les ai trouvées un peu longuettes.

J’ai surtout apprécié dans ce roman la façon dont l’auteur parvient à nous faire découvrir l’envers du décor, les coulisses d’un évènement organisé à la minute prêt, qui doit incarner la perfection, se figer comme un évènement heureux et mémorable, mais qui n’est en fait qu’une belle photo en papier glacé. Une scène le montre particulièrement : Daphné, choquée par le toast nihiliste de son père sur le mariage, pleure quelques heures avant le passage à l’église. Elle souhaite sécher ses larmes au plus vite pour ne pas avoir les yeux gonflés le lendemain sur les photos, yeux gonflés qui lui rappelleront toute sa vie les larmes versés. Cette scène est une parfaite illustration de ce qui se trame dans ce roman. Tandis que Biddy et l’organisatrice du mariage s’évertuent à rendre ce jour magnifique, la vraie nature des personnages se révèle et rend cet évènement surfait et illusoire.

J’ai également trouvé intéressant le choix narratif de l’auteur. Centrer le récit sur le père et la sœur de la mariée permet de percevoir le mariage avec du recul. Daphné est peu évoquée, paraît superficielle, enfermée dans une perception idéalisée d’elle-même et de son mariage, elle joue parfaitement son rôle et est en total décalage avec son père et sa sœur, qui plus complexes, plus contradictoires, sont cependant plus réalistes.

Un roman familial et de mœurs qui présente de nombreux atouts malgré quelques longueurs parfois.

Roman lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée Littéraire et du Challenge Premier Roman.

Merci aux Éditions Belfond.

« L’Agenda » de Caroline Duffaud – Rentrée Littéraire 2012.


L’Agenda est un premier roman de la Rentrée Littéraire, qui m’est parvenu par le biais de  son auteur. Le sujet m’a plu, pour la simple et bonne raison que je suis une fan des agendas de la rentrée scolaire. Comme la narratrice de ce roman, je les choisis toujours avec attention, minutie, et ils sont toujours la promesse d’un nouveau départ, et de tous les possibles.

La narratrice, chargée de communication dans une agence d’événements, a, quelques mois avant l’achat de son agenda, décidé de démissionner, de mener une autre vie. Plus de rendez-vous, plus de coups de fils incessants, le vide s’installe et elle le savoure. Après un flash-back qui explique comment elle en est arrivé à l’achat de cet agenda, elle raconte sa vie, fait de petits riens, de rencontres sexuelles rapides, d’une vie qui se limite à deux rendez-vous hebdomadaires : le cours de yoga et le rendez-vous chez son psy. Le style est simple mais fonctionne bien, et l’on suit cette jeune femme qui se réapproprie sa vie, un peu triste quand même, avec plaisir.

Là où cependant j’ai été moins convaincue est dans le traitement que l’auteur fait de ce fameux agenda, qui, assez vite, passe au second plan. Le récit est construit comme un journal, et l’on pouvait penser que ce journal était tenu dans l’agenda en question, mais non. Il ne s’agit pas d’un journal au quotidien non plus, mais d’un récit qui saute les semaines et se limite à une note par mois. A aucun moment, la narratrice ne fait état de ce journal et du même coup, je me suis senti un peu perdue : où et quand écrit-elle finalement ce journal et pourquoi n’en parle-t-elle pas ? L’agenda devient presque superflu, puisqu’il est délaissé au profit d’un journal (avec en en-tête des dates précises) dont on ne nous dit rien. Pourquoi ne pas avoir fait de l’agenda un journalier, ne pas l’avoir détourné de sa fonction première pour y noter, au jour le jour, les petits évènements de sa nouvelle vie. L’idée surgit soudain à la page 83 (sur un roman qui en compte 126) : Alors, j’ai décidé de l’utiliser comme journal de bord pour éviter une nouvelle dérive. Mais cette idée aurait dû, selon moi, être le point de départ du roman. Il y a donc, me semble-t-il, un réel problème de construction, et une exploitation de l’idée de départ (très bonne) qui aurait pu être nettement plus aboutie.

Toutefois, si l’on laisse de côté ce problème de construction, le roman est intéressant en soi, car il touche un fait social important et auquel, les gens qui ne travaillent pas, qui n’ont pas d’activités dites sociales, sont confrontés. C’est l’expérience du vide. Quand on travaille, on se pose rarement la question de ce que l’on va faire de sa journée, comment on va l’organiser. Quand on travaille, au contraire, on sait qui l’on va rencontrer, ce que l’on a à faire, la journée est rythmée par des rendez-vous qui noircissent nos agendas. Quand on ne travaille pas et que l’on achète un agenda, le voir vide devient un reflet de notre vie, du moins de notre vie sociale. Or ce que montre l’auteur est que la vie est quand même remplie de petits faits, parfois insignifiants, mais qui la remplissent quand même. Elle peut avoir un goût d’inutilité parce qu’elle est à côté de la vie des autres : autre rythme, autres préoccupations, mais ce vide illusoire est finalement bénéfique car il permet de se remettre en question, de profiter d’une grasse matinée, d’une terrasse de café, d’une rencontre incertaine.

L’autre attrait de ce roman est la peinture de Paris. Comme la narratrice le répète de temps en temps, elle est une parisienne, et son récit est emprunt de ce statut. Et sans doute que la vie doit paraître encore plus vide dans on vit dans une ville qui va vite, qui est animée, où tout le monde semble avoir mille et une occupations. Elle est la parisienne qui profite des petits bistrots de quartier, qui a le frigo vide, qui fait ses courses le samedi car dans le semaine « on n’a pas le temps ». Son métier dans l’évènementiel lui procurait une vie facile, dans un beau quartier, sans problème d’argent réel. Une fois ce métier abandonné, elle découvre la vie des autres, des vendeuses de chaussures, des serveurs de café, mais aussi le plaisir de la campagne chez sa mère et redécouvre le plaisir de lire.

Un roman donc un peu imparfait mais intéressant toutefois, parfois drôle et qui se lit non sans déplaisir.

Merci à Caroline Duffaud.

Vous pouvez lire également le billet de Lili.

Roman lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée Littéraire, du Challenge Paris. et du Challenge Premier Roman.

« Gains » de Richard Powers (Rentrée Littéraire 2012)


J’attaque ce billet avec une certaine angoisse, car comment parler de ce pavé, comment rendre compte d’une lecture aussi dense, d’un style magistral et en même temps reconnaître une certaine difficulté de ma part. Alors commençons pas le début, c’est encore ce que j’ai de mieux à faire.

Richard Powers mène un roman double. D’une part il raconte, dans le détail, l’expansion de l’entreprise de savon Clare,  depuis le XIXème siècle jusqu’à notre époque, et de l’autre, l’histoire de Laura, vivant dans la ville où l’entreprise est implantée de nos jours. Laura a une bonne quarantaine d’années, elle a deux enfants, divorcée, agent immobilier, mais un cancer des ovaires va remettre toute son existence en question.

Les parties sur l’entreprise et celles concernant Laura s’enchaînent, délimitées seulement par un trait sur la page. Pas de chapitre, mais un enchaînement, un maillage qui, petit à petit, enserre le lecteur, lui laisse comprendre l’influence de l’un sur l’autre.

Le développement de la société Clare est narré de façon assez neutre. Powers explique l’origine de sa création, les innovations techniques, scientifiques et chimiques, précise les changements de présidence, raconte l’arrivée de la publicité, du marketing, fait, finalement un historique de l’industrialisation d’une société américaine.

Les parties relatant le combat de Laura contre le cancer, sont beaucoup plus intimistes, personnelles. Et cette mise en parallèle permet ainsi de percevoir le gouffre qui existe entre les enjeux commerciaux d’une entreprise et les retombées sur la population. Tout en comprenant et en suivant les projets de la famille Clare, en pénétrant dans leur cercle, en les voyant se débattre pour faire survivre leur entreprise pendant les nombreuses crises économiques qui secouèrent l’Amérique pendant plus d’un siècle, le lecteur est aussi touché par l’humanité de cette famille, mais quand Powers revient à Laura, il ne peut s’empêcher de reconsidérer ces projets. Car Powers montre aussi comment une entreprise qui se donnait au départ un but sanitaire (permettre à la population une meilleure hygiène), finit, petit à petit, de génération en génération, par voir ses ambitions se tourner de plus en plus vers une expansion presqu’uniquement commerciale. Les aspirations des fondateurs finissent par s’évanouir, avalées par les lois économiques, la bourse, les actionnaires.

Ce roman est un portrait de l’Amérique économique, de son développement industriel et de ses dérives. Sur certains points, j’ai pensé au film Erin Brockovich, seule contre tous, mais contrairement au film, l’entreprise Clare n’est pas stigmatisée par Powers. Il y a certes une dénonciation de ces multi-nationales, mais Powers laisse le lecteur juger, le laisse se forger sa propre opinion, il n’y a pas non plus de misérabilisme quand il évoque Laura, mais une description « simple » de ce qu’elle vit.

Tous ces éléments font de ce roman, une œuvre complexe, dense, maîtrisée de main de maître. Cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir la plume de cet auteur. Cependant il serait trompeur de ne m’en tenir qu’à cela. Car, je dois admettre que cette lecture fut souvent difficile, que les détails de fabrication du savon, que les explications scientifiques m’ont souvent parus rédhibitoires, même si tout cela s’avère nécessaires dans le projet que s’était fixé Powers. Mon sentiment pour ce roman est donc partagé, car malgré tout, j’ai réellement l’impression d’avoir eu entre les mains un roman magistralement conçu, un roman qui nous fait réfléchir sur notre société industrielle, sur nos choix de vie, car Laura ce pourrait être nous un jour, et c’est aussi sans doute ce qui rend ce roman si terrifiant.

P.S : ce roman sort en France aujourd’hui, mais il fut édité aux États-Unis en 1998

Roman lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée Littéraire

Merci aux Éditions du Cherche-Midi

Bilan de Lecture : Août 2012


Après un bilan de lecture désastreux en Juillet, j’ai mis les bouchées doubles en août.

Ce bilan de lecture aoutien est surtout marqué par la Rentrée Littéraire. En effet 5 romans récemment sortis en librairie me sont passés entre les mains, mais peu finalement ont suscité un réel intérêt en moi. Le roman qui m’a le plus déçue reste Ombres chinoises de Linda See (Masse critique Babelio) : un roman mal écrit et à la construction bancale. Nous étions faits pour être heureux de Véronique Olmi, ne m’a pas non plus captivée, trop proche dans les thèmes avec un autre roman lu également en août : Un si bel avenir, qui, lui, fut une vraie rencontre. Deux autres romans m’ont relativement plu, mais sans réel enthousiasme et je crains que d’ici quelques semaines ces deux lectures finissent par s’évaporer comme une flaque d’eau dans un désert : Moi et toi de Niccolo Ammaniti, et Un week-end en famille de François Marchand. Deux romans très différents, voire diamétralement opposés. Gains de Richard Powers (chronique à venir) est certes un roman magistral de maîtrise, mais les plus de 600 pages ont fini par être un peu douloureuses. Une lecture intéressante mais assez difficile. Le roman qui m’a le plus enthousiasmée reste donc La Piste des Templiers de William Dietrich : un roman d’aventure qui mêle humour, péripéties et intérêts historiques.

Outre ces romans très récents, j’ai aussi profité des vacances pour parfaire mes connaissances en manga et BD. J’ai donc retrouvé avec plaisir Calvin et Hobbes, tome 6, et ai découvert un très beau manga Histoire couleur terre dont j’ai lu le premier tome, et compte bien lire en septembre les deux derniers tomes que j’ai pu emprunter à la bibliothèque municipale.

Enfin deux auteurs classiques dans des genres différents : Sandor Marai avec Les Braises, un roman intime sur l’amitié et ses illusions. Et un petit roman jeunesse de la grande Marie-Aude Murail : 22!.

Ce bilan m’a bien remonté le moral, autant pour le nombre de livres lus, que pour sa variété. J’ai eu la sensation de retrouver mon rythme, mais surtout il me procure une grande énergie même si, au final, peu de romans sortent vraiment du lot. Je me dis que plus je lis plus j’ai la chance de faire de belles découvertes.

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Septembre montre donc son bout du nez, et avec lui de nombreuses belles résolutions et de nouvelles envies. Deux challenges créés avec deux amies me tiennent donc à coeur en ce début d’année scolaire : l’objectif Pal Noire créé avec Lor et Challenge in Italiano avec Marie. Ces deux challenges répondent à deux envies importantes pour moi : revenir à mes propres livres achetés à l’ouverture de ce blog, et tenter de ne pas me laisser envahir par les livres de la Rentrée (voilà pourquoi j’ai voulu en lire un maximum en août).

Dans le cadre de cet Objectif, j’ai déjà sorti de ma PAL : Un si bel avenir de Véronique Olmi. Le bilan de ma binôme Lor, est aussi consultable.

Le second est un retour à ma passion pour l’Italien. Je suis très heureuse d’avoir créé avec Marie ce challenge qui remporte un enthousiasme que nous n’espérions pas. Depuis hier, j’ai créé une page FB pour que les participants à ce challenge puissent partager leurs lectures, et leur amour pour l’Italie. Une page où la langue italienne sera à l’honneur.

Enfin, n’oublions pas mon challenge Cartable et Tableau Noir qui va nous permettre de retourner à l’école, à la fac ou au lycée sans les inconvénients des notes et des évaluations. Il est toujours temps de vous inscrire :

Enfin, dimanche je fais ma rentrée au Club des Lectrices et cela me transporte. Au programme une mise à plat de nos envies, peut-être des nouveautés (raviver le blog, créer un prix) mais surtout des discussions endiablées sur les livres.

Je vous souhaite une belle rentrée, de belles lectures et toujours intact le plaisir de lire et de partager nos lectures.