« Le Bonheur en 5 lettres » Pascale PERRIER

perrier le bonheurLe roman s’ouvre sur la mort de la mère de Chloé. Cette mort laisse Chloé, son frère et sa sœur aînée orphelins. Leur père est parti vivre, depuis plusieurs années, sur un atoll de Polynésie où il a refait sa vie. Les voilà donc seuls et sous la tutelle de leur soeur aînée Joséphine. Leur mère leur a laissé 5 lettres qui, à chaque anniversaire de sa mort, seront ouvertes dans le cabinet vieillot d’un notaire.

Le roman est écrit à la première personne et s’attache donc au personnage de Chloé, à ses pensées, à sa difficulté de vivre ce deuil et à trouver sa voie. Âgée de 15 ans à l’ouverture du roman, elle conjugue les interrogations de l’adolescence et celles sur la mort de sa mère. Comme toutes les adolescentes, elle a du mal avec son physique et notamment avec son nez qu’elle trouve trop long, comme toutes les adolescentes, elle désespère de trouver l’amour, fait des erreurs, se raccroche à l’amitié. Mais viennent aussi s’ajouter les changements inhérents à la mort de sa mère : devenir indépendante, s’occuper de la maison, palier le manque maternel, etc.

L’idée des 5 lettres est un très belle idée, mais comme Chloé, j’ai été un peu déçue par leur contenu. Si leur mère essaie de leur transmettre une certaine vision de la vie : percevoir les vraies valeurs de la vie, se réaliser. Il y a un détachement que j’ai trouvé un peu dommage. Bien sûr il aurait été facile de tomber dans la sensiblerie, et cela Pascale Perrier l’évite brillamment, mais un peu plus de sentiments dans ces lettres auraient, à mon avis, donné plus de valeur à ces lettres dont on finit par se détacher au fil des années.

Nous suivons donc Chloé sur 5 ans, mais finalement, chaque année représentant un chapitre du roman, ces cinq années ne me sont pas apparues clairement et je n’ai pas réellement perçue l’évolution de Chloé sur ces cinq années. Même une fois ma lecture achevée, je ne parviens pas à me dire que j’ai suivi Chloé sur 5 ans. Alors certes on passe du lycée à la fac, du flirt à des relations plus sensuelles, mais dans le fond, ces cinq années ne semblent pas avoir beaucoup fait changer Chloé. Je ne l’ai pas sentie grandir au fil des pages et c’est notamment cela qui m’a gênée. Chaque chapitre, et donc chaque année, traite finalement d’un ou de deux évènements marquants (des évènements qui parfois m’ont paru un peu tirés par les cheveux) et n’apparaissent pas si décisifs dans l’évolution de la jeune fille.

Pour ne rien arranger, impossible de lire ce roman sans penser à celui de Malika Ferdjoukh, Quatre sœurs. Et là est bien le problème surtout si, comme moi, vous avez adoré le roman de Ferdjoukh. Et ce thème ayant été si magnifiquement traité dans Quatre sœur, il était bien difficile de faire aussi bien.

Toutefois, comparaison n’est pas raison et le roman de Pascale Perrier n’est pas à négliger pour autant. Je me suis attachée à cette Chloé qui cherche un sens à sa vie, qui soudain se retrouve avec des préoccupations qui ne sont pas de son âge, qui se débat avec elle-même et avec les conseils épistolaires de sa mère. Oui, elle aimerait bien suivre ses préceptes, mais elle ne sait comment s’y prendre.

L’autre force de ce roman est d’avoir su éviter l’apitoiement, je parlais plus haut de sensiblerie, il n’en est pas question ici et l’écueil est parfaitement évité, et c’est tant mieux. Ce qui est aussi bien rendu, je trouve, est cette distance qui s’installe au fil des années avec sa mère, le fait que petit à petit (et là pour le coup l’évolution au fil des années est bien marquée) sa mère lui devient étrangère et que ses lettres ne s’adressent plus à celle qu’elle est devenue. Mère et fille ne se reconnaissent plus. Par là même, cet héritage épistolaire devient un poids plus qu’une aide.

Le roman semble se finir un peu brutalement, mais, en me rendant sur le site de l’auteur, j’ai pu lire qu’il s’agissait là d’un premier tome et que nous devrions retrouver Chloé cet automne dans une suite intitulée : Le Bonheur en cinq mensonges.

Une lecture donc en demi-teinte sans doute un peu parasitée par le fait que j’avais adoré le roman de Malika Ferdjoukh qui traitait du même sujet, mais qui cependant présente beaucoup de qualités.

Roman lu dans le cadre du Challenge Lire sous la contrainte (session chiffre, nombre), du Challenge Petit Bac 2013 (liste principale : cat. CHIFFRE/NOMBRE) et Challenge Cartable et Tableau Noir.

lire sous la contrainte chiffrechallenge Petit Bac 2013challenge cartable et tableau noir

Merci aux Éditions Galapagos.

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28 Commentaires

  1. Je m’en vais de ce pas découvrir 4 sœurs … aucune personnalité, je n’ai aucune personnalité!

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  2. « Quatre Soeurs » est sur ma wishlist depuis bien longtemps déjà, car j’en ai lu beaucoup de bons avis… Quand à ce roman là, l’idée de départ est intéressante mais ce côté « distancié » dont tu parles en fin de billet me laisse perplexe. Et l’Amour envers sa mère? Qu’en reste-t-il après ces cinq années? La douleur du souvenir est-elle ravivée tous les cinq ans avec ces lettres dans lesquelles Chloé ne se reconnait plus?… Une histoire qui m’intrigue et m’attire tout autant en fait 😉

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    • EN lisant ton commentaire je me rends compte qu’il y a tous ces points dont je n’ai pas parlé, mais c’est aussi que finalement on n’a peu accès à leur vie avant le décès, ce qu’on l’apprend ne permet pas vraiment de cerner leur relation, et donc de cet amour pour la mère reste surtout un besoin de réconfort, de consolation. Il manque, c’est vrai, des scènes du passé où se lirait une complicité mère/fille. Pour la douleur, celle-ci est présente tout au long du roman et c’est donc aussi l’histoire du deuil de cette mère que nous suivons en suivant Chloé. Si tu as envie de le lire, je peux te l’envoyer.

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  3. J’avais déjà noté 4 soeurs suite à ton billet, je ne note pas celui-ci. Bravo je vois que tu tiens le rythme et tes objectifs 🙂

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  4. Oui je crois que je m’intéresserai aussi à 4 soeurs et non celui-ci 😉
    Bon week-end ! 😀

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  5. Tu tiens le rythme ! Un billet intéressant, mais décidément il faut que je relise Quatre Soeurs ! 🙂

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  6. Trop déprimant pour moi, je passe.

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  7. je crois que je vais faire l’impasse, j’ai déjà une PAL qui déborde !
    merci de tes conseils

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  8. ah flûte, je dois le lire bientôt… mais je n’ai pas encore lu Quatre soeurs (adoré par Charlotte et qui me tanne de le lire aussi) et donc ça devrait moins me décevoir, non ?

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    • Non mais il est bien quand même ce roman, mais disons que quand on a lu « 4 sœurs » on voit ce que cela peut donner en mieux ! Cependant « 4 soeurs » ne s’attache pas à une soeur en particulier ce qui est le cas dans le roman de Perrier.

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  9. Laurence (Lolotte)

     /  avril 7, 2013

    Et bien du coup avec ce billet, tu me donne très envie de lire « Quatre soeurs » … Bon Dimanche.

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  10. Et bien moi je me sentirais assez tentée, ça m’a l’air d’une belle histoire (et en plus ça me fait penser qu’il faut vraimnet que je lises Quatres soeurs, déjà sur ma PAL en plus alors qu’est ce que j’attends ??!! )

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  11. Quatre soeurs est dans ma LAL. Quant à celui-ci, je serais tout de même tentée.

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  12. Pas un grand livre, apparemment. Je ne connais pas.
    Merci pour ta participation et à bientôt.

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  13. Le thème, par lui-même, ne me séduit pas…

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  14. Caro

     /  Mai 21, 2013

    Très tentant… Je pense l’avoir bientôt à ma portée ! Mais Entre 4 Soeurs et celui-ci, quel est le meilleur ?

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  15. J’hésitais un peu avec la sortie d’un autre tome, mais je vais faire l’impasse !

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à vous....