« Kerfol et autres nouvelles de fantômes » Edith WHARTON

wharton kerfolEdith Wharton, dans les nouvelles de ce recueil, semble prendre plaisir à renouer avec le romantisme noir des Anne Radcliff ou des soeurs Brontë, et ce n’est pas pour me déplaire.  Le recueil contient cinq nouvelles : Kerfol – Les Yeux – Ensorcelé – Miroir et Après coup. Entre romantisme noir à l’anglaise et fantastique aux échos de Maupassant, ces nouvelles permettent de découvrir une autre facette de la romancière américaine.

Kerfol :

Un jeune homme se rend en Bretagne chez un ami qui lui conseille d’aller visiter une demeure gothique à vendre et qui devrait lui convenir. Le jeune homme s’y prend, mais il est accueilli par une meute de chiens passifs qui pourtant ne le quittent pas. De retour chez son ami, la femme de celui-ci lui annonce que ces chiens sont des fantômes. Le rapport du procès d’Anne de Cornault est alors confié au narrateur, il lui fera passer une nuit blanche !

Les Yeux :

Après un soirée entre hommes où chacun a raconté ses histoires personnelles de fantômes, le cercle se restreint. L’hôte n’a pas raconté son histoire, et ses deux amis le pressent de le faire. Il raconte alors qu’une nuit des yeux affreux, fixes et menaçants lui sont apparus un soir alors qu’il était couché. La peur s’installe, le rationalisme ne l’explique pas. Il fuit alors vers d’autres pays, mais ces yeux réapparaissent à chaque fois qu’il transige avec sa bonne conscience.

Ensorcelé :

Le mari de Mme Rutledge est, d’après ces dires, ensorcelé. En effet, il retrouve une jeune fille morte depuis quelques années dans une cabane au bord d’un étang.

Miroir :

Une masseuse médium, pour éviter qu’une de ses clientes tombe sous le joug de charlatans, lui fait croire qu’elle communique avec un amour inavoué de jeunesse.

Après Coup :

Un couple d’américains s’établit dans une vieille demeure sans aucun confort. Ils ont insisté pour que leur maison n’offre que le minimum de fonctionnalité, mais aussi qu’elle soit hantée. On leur dit alors que cette maison est bien hantée mais qu’ils s’en rendront compte trop tard ! Un jour, le mari disparaît après que soit introduit un étranger.

J’ai adoré retrouver l’ambiance gothique, les demeures sombres, la bizarre étrangeté. Si j’ai beaucoup apprécié Kerfol, que je trouve la mieux ficelée, la plus prenante, je suis beaucoup plus mesurée pour Miroir qui s’axe davantage sur la divination que sur les fantômes, une divination mensongère en plus. Les Yeux est sans doute celle que je rapprocherais le plus des nouvelles de Maupassant et notamment du Horla, voire du Portait de Dorian Gray de Wilde pour son côté psy et le rapport à l’âme sombre des personnages.

Comme toujours dans le fantastique, nous retrouvons au commencement une situation ancrée dans la réalité puis, soudain, une étrangeté qui fait basculer le personnage dans des interrogations, une volonté d’expliquer d’abord les phénomènes d’un point de vue rationnel, mais très vite, le positivisme se heurte à l’incompréhension et à l’inexplicable.

Edith Wharton n’appartient pas à la génération d’auteurs qui ont fait les grandes heures du fantastique. Elle est née en 1862, époque où déjà le fantastique finissait presque puisqu’il fut plus contemporain du romantisme, et je me demande ce qui a pu motiver ce retour à un genre et à ces caractéristiques propres. En effet, il m’a semblé que Wharton cherchait à écrire des nouvelles sur les fantômes à la façon de, comme si elle avait voulu s’amuser à renouer avec ce type d’histoires. L’univers de Wharton, dans ses romans est en effet très éloigné du fantastique. Ses romans décrivent souvent une société aristocratique finissante, un milieu, donc sont ancrés dans une réalité sociale américaine. Dans ces nouvelles, il n’est pas question de cela : pas de considération sur la place des femmes, très peu de réflexions sur le milieu ou sur le couple, voire des références à des époques anciennes, comme dans Kerfol.

Ces nouvelles offrent donc bien une perception nouvelle de l’œuvre d’Edith Wharton et partant sont aussi intéressantes pour cela.

Recueil lu dans le cadre du Challenge US , du Challenge Romancières Américaines du Challenge Edith Wharton.

Challenge USchallenge Edith Whartonchallenge romancières américaines

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28 Commentaires

  1. Je n’ai pas encore lu Edith Wharton, elle fait partie des auteurs auxquels je ne pense pas car je n’ai pas noté de livres en particulier, j’aimerais découvrir ses romans car je ne suis pas une grande lectrice de nouvelles, à part celles de Maupassant. Quant au gothique je m’y suis mise cette année j’ai donc beaucoup d’oeuvres à découvrir !

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    • Je ne suis pas non plus une grande lectrice de nouvelles mais les nouvelles fantastiques sont un peu l’exception. J’ai plusieurs romans de Wharton qui m’attendent dans ma PAL 😉 !

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  2. lise

     /  octobre 17, 2013

    Je connais Wharton par ses maisons, et plus particulierement celle de Lenox ( Massachusetts) The Mount. Dans cette maison, que j’ai eu le privilège de visiter plusieurs fois, règne une atmosphère étrange. J’y suis pourtant allée pendant la journée, et accompagnée, et je ne crois pas aux fantomes et autres hantises ( sic) . Wharton était une femme inquiète, malheureuse, mal mariee et mal dans sa peau. Elle possédait neanmoins une grande force morale. Je me demande ce qui l’a poussée à écrire ces nouvelles : désir de suivre une certaine mode ? N’oublions pas qu’elle ne vivait pratiquement que de ses droits d’auteur.

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    • Suivre la mode, je ne pense pas car au moment où elle les écrit la mode est justement passée depuis plusieurs années ! Je ne connais pas ses maisons, je sais qu’il y en a une à Hyères dans le Var, mais je ne l’ai jamais visitée !

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  3. Marjolaine

     /  octobre 17, 2013

    J adore la figurine sur la photo !

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  4. C’est alléchant! Je note 😉

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  5. Je ne le lirai sans doute pas (ou alors, après avoir vidé ma PAL), mais je veux bien le petit fantôme de la couverture, sur mon bureau, il serait du plus bel effet ! 😀

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    • S’il faut attendre que tu aies vidé ta PAL, je crains qu’il faille attendre des décennies 😉 ! Pour obtenir le petit fantôme il va falloir négocier sec avec mes enfants 😉 !

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      • Aie, négocier un jouet avec un enfant, ça peut coûter cher, vaut mieux lui demander où on peut trouver le même 😀

        Une décennie ne sera pas de trop pour vider ma PAL, en effet. Qui peut me battre ??? 😀

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  6. Intéressant 🙂

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  7. Je craque pour le fantôme!!!

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    • ah ah !! sur une simple question à mes enfants : « vous auriez un petit bonhomme fantôme pour illustrer mon billet de blog ? », ils se sont tous les deux rués sur un jeu de société et m’ont fièrement apporté ce fantôme-là ! Trop forts !

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  8. Je ne suis pas trop « fantastique », mais la première nouvelle m’intrigue.

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  9. J’ai été déçue par un recueil similaire qui comportait aussi « Le Miroir ». Je préfère ses romans non-fantastiques 😉

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  10. Je ne connaissais pas, je note le titre 🙂 Ma whishlist pour Halloween prend de ces proportions ! 😉

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  11. J’ai commencé des nouvelles d’elle et je trouve qu’elle écrit vraiment très bien.

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  12. Ah Edith Warthon! Comment résister? J’adore les recueils d’histoires de fantômes et en particulier lorsqu’ils sont écrits par des écrivains de renoms. J’ai dernièrement lu une histoire de revenants écrite par Elizabeth Gaskell, elle fait de l’ombre à Susan Hill. Je n’ai pas encore lu Edith Warthon mais j’ai une de ses nouvelles fantastiques dans mon recueil. Je vais m’empresser de la lire. Merci pour l’idée! Et bon challenge halloweenesque!

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  13. Edith Wharton qui écrit des histoires de fantômes…Cela m’intrigue beaucoup! Je vais le mettre dans ma liste! Merci!

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  14. J’avais été très déçue. Pourtant, j’avais bien aimé « Le temps de l’innocence » (mais lu des années plus tôt, alors…)

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à vous....