Dans ma PAL titanesque, il y a des livres qui, de façon inexplicable, attendent depuis des années que je me décide à les lire, alors même qu’ils semblent comporter tout ce que j’aime. C’est précisément le cas de ce livre-ci repéré sur plusieurs blogs de mes amies, acheté presque compulsivement, puis, une fois arrivé chez moi, placé dans la bibliothèque et mis en attente. Le fait de l’avoir chez moi, ayant apaisé mon besoin compulsif de l’avoir, j’ai laissé passer le temps. Il aura fallu le RAT pour qu’enfin, je le sorte de son étagère et il avait un petit air si réjoui alors, que j’avais presque honte de l’avoir délaissé tant d’années (3 ans !).
Annie François est avant tout une lectrice, et c’est à travers ce vice qu’est la lecture qu’elle nous raconte sa vie au milieu des livres. Elle est une lectrice dans sa vie personnelle, mais aussi professionnelle, puisqu’elle travailla pendant 30 ans aux Éditions du Seuil, pour, dit-elle, pouvoir bénéficier des 30% de remise sur les livres. Dans ce livre jubilatoire, elle raconte tout ce qui fait la vie d’une lectrice en cinquante-deux petits chapitres, allant de l’angoisse suscitée par les livres que l’on prête et la crainte de ne jamais les récupérer, en passant par des considérations sur les pavés, les marque-pages, la façon dont on choisit ses livres, l’abandon de certaines lectures, etc.
Elle montre à quel point les livres et la lecture sont constitutifs de sa vie. Il lui paraissait alors normal, pour raconter sa vie, de raconter son rapport aux livres. En lisant ces pages, je ne pouvais m’empêcher de me pencher sur mon propre rapport à ce vice, sur les similitudes ou les différences, ces mots, ces phrases, ces réflexions j’aurais pu les écrire et j’ai même eu envie de faire comme elle, de reprendre les titres de ses chapitres et d’écrire ma propre autobibliographie, mais finalement je crois qu’on aurait pu m’accuser de plagiat (qui aurait était bien pâle par rapport à l’original, je n’ai pas son talent) tant la plupart de ce qu’elle écrit me correspond.
C’est un livre que j’ai lu crayon et post-it à portée de main, que j’ai lu le sourire aux lèvres même si se lit à travers les lignes une maladie qui finira par l’emporter. Mais il y a une telle légèreté et en même temps une telle intelligence dans ce livre qu’Annie François nous devient familière, comme une amie avec laquelle on passerait une soirée à parler livre ! Comment ne pas se retrouver quand elle écrit : A part le tas-du-lit, après lecture, les livres devant monter ou descendre [de sa chambre au salon] obstruent l’escalier le plus proche (p.111), comment ne pas me reconnaître dans les jugements à l’emporte-pièce de la personne dans le métro qui lit un SAS : je louche, l’air de rien, sur le titre courant qui file – théoriquement – en haut du livre et je me perds en conjectures grossières, en analyses sauvages, en réflexions débiles. » Belle gueule, mais pour lire SAS broie du noir, faut vraiment être taré. » (pp.121/122), comment ne pas reconnaître même ma sœur et notre private joke dans cette phrase : Si un livre n’arrive pas à me tenir après trente pages, je l’évacue. (p.184), comment ne pas sourire à cette remarque : J’ai la conviction que si la lecture rapproche les gens qui en parlent, elle nuit […]. Et même dans le couple, à l’heure des petits câlins (« Juste une petite minute, je termine mon chapitre »). Une demi-heure plus tard, l’autre dort. (p.168). Qui peut comprendre cela, à part les lecteurs ?
J’ai adoré aussi le chapitre Vice ou vertu dans lequel elle conseille aux parents de prohiber les bibliothèques, les librairies, seule solution, par l’interdit, pour donner une furieuse envie de lire à ses enfants ! Surtout prohiber l’accès à leur bibliothèque à leurs lardons et à les houspiller de la manière la plus outrageante : « ça n’a pas de poil au zizi et ça voudrait lire hors programme ! » et de donner aux parents cet ultime conseil capital : J’incite donc vivement les parents anxieux à se plonger dans Comme un roman de Daniel Pennac (p.165).
Je crois que je pourrais écrire un livre entier sur ce livre d’Annie François tant il aurait à dire, comme l’espace d’un billet de blog est trop restreint, je ne peux que vous conseiller de vous ruer cette autobibliographie.
Livre lu dans le cadre du Challenge Le Nez dans les livres saison 2.
Cynthia
/ octobre 18, 2013J’avais aussi adoré même si je ne me reconnaissais pas dans tout 🙂
les Livres de George
/ octobre 19, 2013Ah bon ? « pas du tout » ?
Marjolaine
/ octobre 18, 2013J’ai adoreee!
Boulimique de lectures comme l’auteur !
les Livres de George
/ octobre 19, 2013Je crois qu’elle est encore pire que nous 😉 !
Bianca
/ octobre 18, 2013Je ne connaissais pas du tout ce titre mais ton billet ne peut me laisser indifférente, la lecture est à la fois un vice et une vertu, elle rapproche et éloigne parfois les gens c’est vrai, mais quel bonheur de lire !!
les Livres de George
/ octobre 19, 2013C’est vrai que la lecture peut isoler, mais grâce aux blogs la lecture crée des liens !
Giny
/ octobre 18, 2013C’est bien ce que je pensais, il faut absolument que je me le procure… Merci pour ton avis.
les Livres de George
/ octobre 19, 2013J’espère qu’il te plaira !
valou
/ octobre 18, 2013il a l’air génial ce titre…je me doute bien que tu as pu te retrouver dans la plupart de ces réflexions 😉
les Livres de George
/ octobre 19, 2013Il faut que tu le lises, c’est jubilatoire !
titine75
/ octobre 18, 2013J’avais lu ce livre en début d’année et il m’avait ravie. Mais fêtes de fin d’année obligent, je n’avais pas trouvé le temps de le chroniquer. Heureusement que tu es là pour en parler !
les Livres de George
/ octobre 19, 2013😀 ! j’aurais bien aimé lire ton billet sur ce livre !
Tata tricot
/ octobre 18, 2013J’ai adoré ce livre , je crois que tu m’as donné envie de le relire! merci
les Livres de George
/ octobre 19, 2013C’est le genre de livre en effet qu’il faudrait relire de temps en temps !
liligalipette
/ octobre 18, 2013Un bon livre.
les Livres de George
/ octobre 19, 2013Oui.
anisdelitterama
/ octobre 18, 2013Ta façon de l’évoquer est jubilatoire.
les Livres de George
/ octobre 19, 2013Merci, je crois que c’est Annie François qui m’a inspirée alors !
cristie
/ octobre 19, 2013J’ai adoré Comme un roman ! Celui-ci pourrait me plaire aussi !
les Livres de George
/ octobre 28, 2013Il faudrait que je relise « Comme un roman » lu dans mon adolescence, je serais curieuse de le redécouvrir aujourd’hui.
L'Irreguliere
/ octobre 19, 2013Il me semble l’avoir lu, mais je ne m’en souviens guère… pourtant il me semble que ça m’a plu !
les Livres de George
/ octobre 28, 2013Ah la mémoire de l’inconscient !
accalia
/ octobre 23, 2013J’ai vraiment adoré ma lecture! (mon exemplaire était un exemplaire tout vieux et abimé d’une bibliothèque) et je me souviens l’avoir dévoré plusieurs fois! Je me suis souvent reconnu (par contre, moi, je prête sans souci mes livres et j’adooooooore utiliser des marque-pages!). Je l’ai donc acheté, cela fait partie des livres que j’ai toujours envie d’avoir dans ma bibliothèque!
les Livres de George
/ octobre 28, 2013Moi aussi j’aime prêter mes livres et je collectionne les marque-pages 😉 ! Un livre que je relirai certainement !
Carnet de lecture
/ octobre 24, 2013Dans ma PAL aussi depuis un certain temps… mais ton billet me donne envie de l’en sortir bien vite 😉
les Livres de George
/ octobre 28, 2013J’espère qu’il te plaira !!!
Missbouquinaix
/ octobre 25, 2013Qu’il est plaisant d’écrire de beaux billets sur des livres qui parlent de la lecture, hein ? 🙂
ça coule tout seul, ça fait plaisir ..
les Livres de George
/ octobre 28, 2013Oh que oui ! 😀
Karine:)
/ octobre 26, 2013Noté depuis des années! Pour une raison étrange, il n’a jamais rejoint ma pile. Sans doute parce qu’on le comparait à celui de Pennac auquel j’avais accroché… mais moins qu la majorité des gens.
les Livres de George
/ octobre 28, 2013Oui c’est vrai que le sujet est le même que chez Pennac, mais Annie François le traite de façon très personnelle !
thecoffeetimesabine
/ octobre 27, 2013Eh ben gagné, tu m’as sacrément donné envie de le lire !
les Livres de George
/ octobre 28, 2013Chouette !!!!
Marie
/ octobre 28, 2013« Le fait de l’avoir chez moi, ayant apaisé mon besoin compulsif de l’avoir, j’ai laissé passer le temps. »
Je suis pareil!
Je crois que ce livre-ci est encore seulement dans ma LAL. Il faudra y remédier!
entrelespages
/ août 10, 2015Je ne me suis pas toujours reconnue mais ce livre est génial. Il donne envie de faire la même chose!