« Claude Gueux » Victor HUGO.

Hugo claude gueuxVoyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, cœur bien fait, sans nul doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite, qu’il finit par voler ; la société le met dans une prison si mal faite, qu’il finit par tuer. (pp.51/52).

Comme Voltaire l’avait fait pour l’affaire Calas, Victor Hugo, dans ce très court roman datant de 1834, revient sur un fait divers exemplaire lui permettant d’illustrer l’un de ses principaux combats : la peine de mort. Écrit trente ans avant Les Misérables, cette histoire de Claude Gueux s’offre comme une première esquisse du grand roman à venir.

Claude Gueux est un pauvre ouvrier vivant à Paris avec une femme et une petite fille. Un jour de froid et de faim, il vole pour réchauffer et donner à manger à sa famille et se retrouve en prison pour cinq ans. En prison, il fait la connaissance d’Albin, un jeune homme qui devient son ami, qui partage ses repas avec lui. Mais c’est sans compter la haine farouche du directeur des ateliers, M.D, envers Claude Gueux.

Victor Hugo présente Claude Gueux comme un brave homme, charismatique, au grand cœur, qui entraîne l’admiration des autres prisonniers. Son amitié avec Albin est simple. Victor Hugo révèle à demi-mot l’affection homosexuelle qui unissait les deux prisonniers, mais nous sommes au XIXe siècle et ces choses-là ne se disent pas ouvertement.

Claude Gueux c’est surtout l’histoire d’une âme simple écrasée par la misère et que la société n’a, non seulement, pas su sauver, mais a écrasé encore davantage. A travers cette histoire exemplaire – que Victor Hugo réécrit pour mieux servir son discours – l’auteur des Misérables dresse un triple plaidoyer contre la société, la prison et la peine de mort. Le poète guidant le peuple se montre ici résolument du côté du faible contre une société aliénante qui réduit les êtres à voler et à tuer. Claude Gueux est peint comme un martyre sublime aux prises avec la haine d’un homme qui use de son pouvoir de façon arbitraire : – Dites-moi pourquoi vous l’avez séparé de moi ? / – Je te l’ai déjà dit, répondit le directeur, parce que. (p.43). De façon progressive, Victor Hugo montre comment Claude Gueux va en venir au meurtre, refusant ce parce que inacceptable, il montre comment la haine de l’autre peut conduire un homme aux pires actes, comment, à force de rabaisser l’homme, il finit par agir comme une bête. La violence du crime est à l’image des brimades subies par Claude Gueux.

Le message de Victor Hugo ici, comme dans nombre de ses œuvres, est un message d’humanité contre une société qui se méfie du peuple pauvre, qui le fait vivre dans des conditions affreuses niant son humanité. Comme beaucoup des romantiques de l’époque, la cause du peuple est au centre de leurs préoccupations : ils revendiquent une société plus sociale, plus éducative, et surtout plus humaine. La dernière phrase du roman est particulièrement représentative du combat de Victor Hugo, mais aussi d’autres auteurs de cette époque, comme George Sand : Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, moralisez-la, utilisez-la : vous n’aurez plus besoin de la couper. (p.59). C’était une époque où l’on croyait encore à la vertu de l’éducation.

Roman lu dans le cadre du Challenge Classique, du Challenge XIXe siècle et du Challenge Myself. Et du Plan Orsec 2014. Sans oublier le Challenge Justice et Challenge Romantique.

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27 Commentaires

  1. Un très beau et fort petit livre (qui peut entrer dans le challenge justice aussi ^^)

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  2. Marjolaine

     /  février 14, 2014

    je suis fan d’Hugo! Je te recommande aussi « l’l’homme qui rit » (et non pas l’homme kiri) qui est très beau si tu ne l’as pas encore lu.
    Je peux te le prêter d’ailleurs!

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  3. Je l’avais beaucoup aimé lorsque je l’avais lu une première fois il y a quelques années. Ton billet me donne envie de le relire aujourd’hui avec un nouveau regard.

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  4. Une œuvre que j’aime beaucoup et que je fais lire à mes élèves chaque année. J’ai visité Clairvaux l’an dernier. Cela fait froid dans le dos !!

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  5. Je connais très mal l’oeuvre de Victor Hugo que je n’ai encore jamais lu d’ailleurs, ce titre est intéressant par son sujet !

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  6. Un petit livre que je n’ai toujours pas lu! Et tu sais que ton billet entre aussi dans le cadre du challenge romantique qui continue son petit chemin et est illimité?

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  7. Un titre que je ne connaissais absolument pas. Je le note ! Et je confirme pour l’homme qui rit, c’est top !

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  8. Ton billet donne envie, mais je suis malheureusement fâchée avec Hugo.

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    • Ah bon ? pourquoi ?

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      • Je ne sais pas. Ca m’embête parce que j’aime bien l’homme. J’ai étudié Les misérables au lycée et L’homme qui rit à la fac et j’ai détesté les deux. Je devrais peut-être essayer ses pièces de théâtre. Balzac a écrit des textes assez méchants et sans doute plein de mauvaise foi mais très drôles à leur sujet.

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  9. J’aime beaucoup mais je crois que je préfère le dernier jour d’un condamné.

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  10. eimelle

     /  février 18, 2014

    Je ne connais pas non plus, j’ai eu une phase où j’ai lu pas mal d’Hugo, mais pas celui-là, je note alors!

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  11. Je ne connaissais pas ce titre mais je note, le sujet m’a l’air très intéressant

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  12. Ah! tu ne m’as pas répondu. J’ai noté ton billet dans le bilan bi-mensuel du challenge romantique. Du coup, j’espère que ça ne te dérange pas. je vois que tu as décidé de lire des romans de VH et moi je cherche quelqu’un qui m’accompagne dans ma relecture des Travailleurs de la mer mais pas avant mai-juin. Tu serais d’accord pour une LC? Je vais annoncer cette LC dans le bilan.

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    • Non non, c’est parfait pour Claude Gueux, je vais rajouter le lien du challenge ! Pour les Travailleurs de la mer je ne l’ai pas dans ma PAL, donc je préfère déjà lire ceux que j’ai !

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  13. melusine1701

     /  mars 5, 2014

    J’ai beaucoup aimé ce petit livre.

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à vous....