« Mon chien Stupide » John FANTE

fante chien stupideJohn Fante est un nom que je croise depuis de longues années passées dans les librairies, mais je n’avais pas encore franchi le pas et c’est grâce au Club des Lectrices que je l’ai finalement franchi. Mon chien Stupide a donc été choisi pour illustrer le thème du mois de mai : l’humour.

Roman court d’à peine plus de 150 pages, il se situe en Californie dans une banlieue chic, Point Dume, où Henry J. Molise, auteur et scénariste, vit avec sa femme et ses quatre grands enfants, quand, un soir, il découvre sur sa pelouse une énorme boule de poils, entre ours et chien, un Akita. La bête imposante, d’abord amorphe, se révèle particulièrement affective envers les hommes, exhibant son sexe sans pudeur et provoquant ainsi une série de situations quelques peu burlesques. Autour de ce chien, gravitent donc les différents membres de la famille Molise et principalement le père, narrateur de l’histoire.

Henry J. Molise, sorte de double de l’auteur, est un homme désabusé, qui doute de son talent d’écrivain, ne supporte plus ses enfants qu’il ne semble pas avoir particulièrement désirés, qui est las de sa femme et ne rêve que de voir Rome, ville mythique et emblème de ses origines italiennes. L’arrivée de Stupide dans cette famille, où sexisme et racisme ont tendance à se côtoyer, va marquer le début du démantèlement de cette dernière.

L’humour n’est pas particulièrement marquant dans ce roman, et se situerait plutôt dans une ambiance décalée avec des personnages peu empathiques, la plupart loosers et paumés à commencer par le narrateur qui, tout en incarnant le patriarche italo-américain, n’a pas, du moins semble-t-il, un sens très développé de la famille. Bien plus nostalgique de sa relation affective avec un de ses précédents chiens, que de sa relation avec ses enfants ou sa femme, il donne l’image d’un homme égoïste et quelque peu aigri. Si on peut esquisser un sourire au début sur la proportion du chien à bander, la répétition de la scène a plutôt eu tendance à m’agacer.

Stupide cristallise finalement les tares de cette famille, mais va révéler également l’aspect affectif qui a tant de mal à émerger dans cette famille où le conflit est plus fréquent que les marques d’affection.

Car finalement ce que raconte ce roman est la prise de conscience du narrateur de la fin d’une époque qui s’incarne par le départ successif  de ses enfants de la maison paternelle. Lui qui a toujours vécu la présence de ses enfants comme un poids, finit par constater qu’il ne les connait pas vraiment et qu’il est peut-être même passé à côté de l’essentiel. Même Rome finira par lui paraître peu reluisante finalement. Au moment même où il pourrait enfin vivre son rêve et aller vivre plusieurs mois à Rome, il se rend compte qu’il est beaucoup plu attaché à sa famille qu’il ne le pensait.

Mon avis est assez partagé sur ce roman et sans doute aurait-il été négatif si je n’avais pas poussé ma lecture jusqu’au bout. L’aspect loufoque, un peu provoc de ses personnages ne sont pas les éléments qui m’ont séduite, j’aurais même tendance à dire, au contraire. Non que les loosers ne m’intéressent pas, mais j’avais l’impression de déjà lu, alors que sans doute John Fante est à l’origine de ce genre dans la littérature américaine, mais cela a tellement été repris depuis que ce soit en littérature ou dans les séries, que forcément il n’a plus le même impact aujourd’hui.

Le titre original est West of Rome et donc ne met pas l’accent sur le chien mais sur le rêve romain de Henry, ce qui me paraît bien plus intéressant et correspond d’avantage à la lecture que j’ai faite de ce roman. En effet, ce qui m’a plu c’est justement comment on peut rêver une vie en passant à côté de la sienne et je trouve que John Fante, à sa manière, le montre très bien, même si, comme je le disais, l’emballage m’a paru parfois un peu lourdingue.

Roman lu dans le cadre du Club des Lectrices, du Challenge Petit Bac 2014 (cat. Gros mot) et du Challenge US.

challenge petit bac 2014Challenge US

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34 Commentaires

  1. il y a une petite faute là : « qu’il est beaucoup plu attaché à sa famille qu’il ne le pensait. »

    Et j’ai vérifié car ça m’étonnait, mais le titre original est « My Dog Stupid » … Tu l’as trouvé où l’autre titre ?

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    • Je l’ai trouvé dans mon exemplaire mais apparemment après recherches il s’agit du titre du recueil dans lequel a été publié ce roman en 1986 !

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  2. J’ai été très déçue par cette lecture au point de ne plus avoir du tout envie de lire John Fante… Dommage 😦

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  3. Jamais lu Fante mais je ne pense pas que je choisirais ce titre pour partir à sa découverte…

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  4. J’ai aimé le côté fou mais j’ai préféré lire son premier livre sur sa famille. Je te le conseille…

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  5. Je sais que j’avais bien aimé; et puis là pétard, je suis incapable de me souvenir de cette histoire.

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  6. valmleslivres

     /  Mai 15, 2014

    J’ai lu un de ses romans et je pense le relire un jour mais j’avoue que celui-ci ne me tente pas.

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  7. Comme je te l’ai déjà dit, je suis une grande admiratrice de John Fante. J’aime son univers loufoque et décalé, ses personnages à la marge et barges. Et j’ai beaucoup d’affection pour celui-ci et contrairement à toi j’avais beaucoup tu en le lisant.

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    • Je t’avoue que l’aspect comique du livre n’est pas ce qui m’a le plus plu, mais quoiqu’il en soit j’ai envie d’en lire d’autres de lui, car je pense que je n’ai pas forcément commencé par le bon me concernant et puis si tu l’aimes tant que cela c’est qu’il a des qualités !

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  8. Dommage ces déceptions autour de Fante. Je lirai un autre livre de lui pour voir si je l’ai surestimé mais j’aime son univers

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  9. ça ne me tente pas du tout, j’ai lu il y a quelques années sur la route de Los Angeles et ça ne m’avait pas spécialement plu, du coup j’ai laissé tomber avec l’auteur.

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  10. Toujours pas envie de lire ce livre et tu confortes mon choix

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  11. Il est dans ma liste depuis une éternité (je crois que Pennac en parle à un moment dans Comme un roman…). A voir, un jour, peut-être…

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  12. Je n’en garde qu’un vague souvenir car c’est une lecture qui date, mais je ne l’avais pas aimé (c’est d’ailleurs un des rares livres que j’ai revendu)

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  13. Il ne m’attire pas vraiment

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  14. je connais ce nom mais je ne l’ai jamais lu…

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  15. Je n’ai pas encore rédigé ma chronique mais mon avis rejoint le tien !
    Je suis mitigée sur cette lecture, j’attendais plus de mordant et d’ironie, au final il y a quelques bons passages et d’autres plus ternes.

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  16. melusine1701

     /  Mai 19, 2014

    Ce roman m’attire beaucoup.

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  17. chaplum2

     /  Mai 21, 2014

    Autant je n’avais pas été séduite par Bandini, autant « Demande à la poussière » m’a plu. Je ne sais pas si ce titre me séduirait, donc je n’en fais pas une priorité.

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    • Lors du Club en effet « Demande à la poussière » qui a été lu par certaines d’entre nous est ressorti et je crois que c’est vers celui-ci que j’irai lors d’un deuxième essai !

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à vous....