« La vie à deux » Dorothy Parker

parker la vie à deuxCe recueil de nouvelles (recueil que j’avais pris pour un roman) est dans ma PAL depuis août 2010, oui bientôt 3 ans, autant vous dire que je suis bien contente de l’en faire enfin sortir. Ce livre est l’exemple de ces ouvrages que j’achète un peu par hasard, parce que je trouve la couverture très belle et que le sujet me parle. Cette lecture fut donc une réelle découverte, et une découverte très heureuse.

Pourtant, quand je l’ai ouvert et ai découvert qu’il s’agissait de nouvelles, mon enthousiasme a été un peu freiné. Je ne suis pas une grande fan des nouvelles, vous le savez, mais, dès la première nouvelle, j’ai senti que j’allais aimer ce livre.

Dorothy Parker est née et morte aux Etats-Unis (1893-1967), auteure et scénariste (elle a collaboré aux scénario d’Une étoile est née ou encore à des films d’Otto Preminger et d’Alfred Hitchcok), elle fut aussi chroniqueuse littéraire au New-Yorker.

Dans ce recueil, Dorothy Parker prend pour thème le couple et fixe surtout son regard sur les femmes. Elle dresse un portrait des États-Unis dans les années 60, se baladant dans divers niveaux sociaux, de l’employée de maison noire à la bourgeoise new-yorkaise fréquentant les club et buvant du whisky. Fait exceptionnel, toutes ces nouvelles m’ont plu, ce qui est vraiment un exploit. Il y a une unité, une façon de saisir les personnages, une maîtrise des dialogues (sans doute son expérience de scénariste y est pour quelque chose), une façon de planter un décor qui sont vraiment saisissantes. Pourtant toutes ces vies que nous croisons au fil des nouvelles sont souvent assez caustiques, voire tristes. Les femmes sont décrites souvent dépendantes des hommes, de leur violence, victimes de leurs infidélités, abandonnées, mais ce sont des femmes auxquelles on s’attache et qui s’ancrent dans cette époque particulière des années 60 où les femmes sont encore des faire-valoir et en même temps des femmes en quête d’indépendance. La vie de couple est souvent morne, l’apparence, la bonne tenue devant la bonne société sont essentielles, il faut donner le change, ne pas laisser voir les failles : l’alcoolisme, l’avortement, l’adoption sont traités, mais aussi les fausses amitiés, les héritages, le racisme dans ces années 60 où la ségrégation est encore bien présente… Mais ce qu’il y a de fabuleux c’est le style employé et comme ces sujets sont traités. Dorothy Parker a une plume qui va dans le vif en étant férocement ironique. Elle met à jour les travers de la société américaine à travers les rapports homme/femme. Son point de vue féminin n’entraîne pas des portraits manichéens où les femmes auraient le bon rôle et les hommes le mauvais. Non, elle montre les femmes dans leur complexité.

Plusieurs nouvelles sont des dialogues entre deux personnages ou des monologues, des pensées qui se bousculent après une rupture, par exemple. Parfois même, Dorothée Parker ne donne accès qu’aux répliques d’un seul personnage. Le téléphone a un rôle particulier, comme un nouvel outil qui vient s’immiscer dans le vie de couple et permet le mensonge, comme dans cette nouvelle où l’homme, à Détroit, prétexte une mauvaise communication pour ne pas répondre aux questions de sa maîtresse l’attendant à New-York, ou cet autre homme qui répond sans cesse au téléphone lors d’un rendez-vous galant.

En lisant, on repense aux films des années 60, en noir et blanc, le style très cinématographique rend ces nouvelles très visuelles et on retrouve cette légèreté des comédies américaines. Bien que ces histoires soient souvent dramatiques, on en retient surtout le ton caustique. Dorothy Parker parle de l’impossible communication entre les êtres, que ce soit dans le couple ou entre amies.

Une belle découverte donc que ce recueil qui me donne envie de lire d’autres livres de cette auteure.

Recueil lu dans le cadre du Challenge Amoureux Saison 3 (cat. Amours historiques).

Challenge Amoureux saison 3

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34 Commentaires

  1. J’ai lu ce livre cet été et j’avais beaucoup aimé le style acide de l’auteur dans tous les portraits de femmes ou d’hommes qu’elle dresse.

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  2. Ton article donne très envie de le lire. La condition de la femme à cette époque a effectivement l’air très intéressante.

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  3. Comme toi je ne goûte pas les nouvelles mais Dorothy Parker est une auteure que j’ai envie de lire depuis longtemps mais elle n’a écrit que des nouvelles apparemment, ton billet donne envie en tout cas !

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  4. cartonsdemma

     /  Mai 1, 2013

    J’ai également un peu de mal avec les nouvelles mais les thèmes abordés ici pourraient me plaire.

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    • Dès que le sujet d’un livre porte sur les femmes, je suis preneuse et celui-ci est très intéressant en plus très ancré dans une époque, ce qui est passionnant.

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  5. Difficile de ne pas le lire après un tel commentaire ! Merci. Je l’ajoute sur mes tablettes !

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  6. Je note, ça tombe bien je dois passer en librairie samedi XD

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  7. Il était grand temps que tu le sortes celui-ci! 😉 En tous les cas, ton billet enthousiaste ne peut que m’inciter à le noter! Je ne suis pas non plus une grande fan des nouvelles, mais on y trouve parfois de jolies perles : Dorothy Parker a l’air d’être une experte en la matière…

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    • Oui effectivement, et j’en suis très fière, enfin des livres de ma PAL qui sortent des étagères 😉 ! C’est vraiment une très belle découverte, je te le conseille !

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  8. Ce recueil de nouvelles est dans ma PAL depuis septembre (je l’avais acheté dans une brocante aussi pour sa très belles couverture)
    Et ce que tu en dis me donne très envie de l’en ressortir prochainement.

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  9. Ton billet me donne très envie de lire ce recueil. Le sujet m’intéresse cela rappelle un peu le livre adapté avec Kate Winslet et Leonardo Di Caprio. Je ne sais plus le nom. En tout cas le thème est similaire.

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  10. Ce recueil est dans ma wish-list depuis une éternité !

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  11. Margotte

     /  Mai 1, 2013

    Cela me fait penser à la série Mad Men ainsi qu’au roman  » Rien n’est trop beau! »

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  12. je la lirai l’an prochain dans le cadre de ma thématique 2014 sur les écrivains américains « précurseurs
    je lirai peut-être ces nouvelles (comme toi j’ai des réticences sur ce mode littéraire)

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  13. iloucat

     /  Mai 1, 2013

    J’ai justement acheté hier en passant chez Gilbert Jeune à Paris un livre de Dorothy Parker :Comme une Valse.Cet article est une bonne motivation pour le parcourir au plus vite.

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  14. J’aime beaucoup ce qu’a écrit D.Parker. Elle a assez peu écrit finalement et c’est vraiment dommage! Même ses nouvelles me plaisent, c’est dire! .

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  15. ça me donne envie de le lire, la façon dont tu en parles (et en plus moi j’aime bien les nouvelles, ou en tout cas, j’ai aimées celles que j’ai lues ces dernières années…)

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  16. J’ai très envie de la lire moi aussi.
    Bon,je sais que tu l’as déjà fait mais ce truc t’attend chez moi :
    http://www.litterama.fr/article-liebster-award-2013-117506647.html

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  17. J’aime beaucoup l’ironie et l’acidité de Dorothy Parker. Je n’ai pas encore lu ce recueil mais si tu as aimé toute sles nouvelles c’est très bon signe !

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à vous....