« La morte amoureuse » Théophile GAUTIER

gautier la morte amoureuseLa Morte amoureuse est une nouvelle fantastique et romantique de Théophile Gautier, l’homme au gilet rouge de la bataille d’Hernani. Une fois n’est pas coutume, j’ai lu cette nouvelle sur ma liseuse.

Romuald, soixantenaire, prêtre de campagne, fait le récit de sa jeunesse et d’une rencontre étrange et mystérieuse avec une femme, Clairemonde, célèbre courtisane.

Lors de son ordination, le jeune Romuald croise le regard d’une jeune fille blonde et tombe sous son charme. Cette vision instille le doute dans la décision de Romuald à adopter la vocation religieuse. Perturbé par cette apparition qui semble  le supplier, il prononce pourtant ses voeux dans un état extatique. Depuis cette apparition, l’image de cette femme le hante et tend à le détourner de sa vocation. Mais Romuald va voir sa vie totalement bouleversée : la nuit, il suit Clarimonde pour vivre une vie luxueuse de jeune homme oisif et amoureux, le jour, il redevient le petit prêtre de campagne. Tous les évènement vécus le jour et la nuit restent gravés dans sa mémoire et le jeune prêtre, au matin, se sent perdu, désorienté.

Comme son titre le laisse supposer, cette morte amoureuse n’est autre d’un vampire. Cette nouvelle écrite en 1836 est une des permières histoires de vampire. Gautier choisit une orientation religieuse. A plusieurs reprises Clarimonde est perçue comme une créature du diable. Le frère Sérapion qui rend souvent visite à Romuald dans sa cure, le met en garde contre les tentations sataniques qu’incarne Clarimonde. D’autant que que l’on donnerait à cette jeune fille blonde à la peau diaphane le bon dieu sans confession.

J’ai relu cette nouvelle avec un plaisir renouvelé, plaisir de retrouver Gautier et de replonger à la fois dans le romantisme et le fantastique, une vraie redécouverte. Les thèmes romantiques sont bien présents avec notamment l’ouverture des tombes et toujours ce doute sur la mort effective des personnes. L’aspect religieux, du fait du personnage du prêtre est bien sûr important, les références au diable, mais aussi les interrogations du prêtres, ses doutes. On peut y lire aussi dans cette double vie nocturne, les hésitations du jeune homme sur sa vocation et ses aspirations à l’amour. L’amour contrarié renvoie au romantisme mais dans cette nouvelle fantastique l’obstacle naît de l’étrangeté de Clarimonde et de son état de vampire. Comme dans le petit roman de Le Fanu, Carmilla, le vampire est une femme et attire une jeune personne innocente, mais contrairement à Gautier, chez Le Fanu la jeune personne innocente était une femme et non un homme. L’interdit, voire le sacrilège pour l’époque, est homosexuel chez Le Fanu et bien présent aussi chez Gautier puisque dévoyer un prêtre est bien aussi un sacrilège.

Finalement l’image du vampire au XIXe siècle, alors que l’on est encore loin de la naissance de la psychanalyse, a quelque chose de freudien avant l’heure. Pulsion homosexuelle chez Le Fanu et doute de vocation chez Gautier.

Les éléments du mythe du vampire sont présents mais moins appuyés que chez Le Fanu : Clarimonde reprend tout à coup des couleurs en suçant une blessure involontaire de Romuald, le cimetière et l’ouverture de la tombe, comme je le disais plus haut, et  le corps de Clarimonde qui apparaît intact bien qu’enfermé dans un cercueil depuis plusieurs jours.

Enfin l’érotisme se perçoit surtout par l’aspect exotique qui entoure Clarimonde : l’ameublement de son château ou ses serviteurs noirs et bien évidemment par la grande beauté et le statut de courtisane de Clarimonde. Le monde nocturne est aux antipodes du monde diurne : le premier est fait de luxe et de plaisirs, le second est à l’image des sacerdoces, terne, triste, dans une campagne sans attraits.

La relecture passionnante donc.

Nouvelle lue dans le cadre du Challenge Romantique, du Challenge Mysel, du Challenge un Classique par mois et du Challenge XIXe siècle.

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Ma liseuse kobo

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21 Commentaires

  1. J’adore cette nouvelle. Tiens… il faudrait que je la relise!

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  2. J’ai lu cette nouvelle il y a tellement longtemps que je ne m’en souviens plus, il faudrait que je me replonge dans Gauthier mais j’ai du mal à relire alors que j’ai tant à lire

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  3. Je ne saurais dire combien de fois je l’ai lue, cette nouvelle. Et avec l’ancien programme, on pouvait l’étudier en seconde, c’était biiiiien !

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  4. J’adore aussi cette nouvelle, et aussi ton article 🙂

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  5. j’ai un peu de mal avec le romantisme, je l’avoue.

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  6. j’ai l’impression de l’avoir lu, mais je ne m’en rappelle pas arf ! Liseuse !!!

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  7. Jamais lu mais ça a l’air très très bien… Une idée pour le challenge d’Halloween peut-être ?!! Bonne semaine George et bonne rentrée ! (j’ai l’intention de me repencher plus sérieusement sur notre challenge PAL noire, j’aimerais arriver à au moins 2 livres de cette fameuse PAL noire par mois, et toi tu en es où ?)

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  8. Je ne l’ai jamais lu mais ton avis me donne envie. Je note .

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  9. Ellettres

     /  septembre 9, 2014

    Merci pour ce compte-rendu qui me donne vraiment envie de lire cette nouvelle de Gautier (j’ai l’impression qu’il aime bien les jeunes mortes, belles et qui ont l’air de vivre, car il y en a une aussi dans Le roman de la momie… mais je ne me souviens pas bien de l’histoire ! A relire aussi sans doute !)

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  10. Les Nouvelles ne sont pas un genre littéraire que j’aime beaucoup, mais celle-ci me tente assez. J’aime bien les histoires de vampire. Je la note !

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  11. Tiens une nouvelle que je n’ai pas lue! Tu ne m’avais pas signalé cette participation au challenge romantique! J’ajoute le lien. Merci!

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  12. J’ai relu les  » Récits fantastiques » de Gautier, il y a quelques années, et j’en avais publié un article sur mon blog. « La morte amoureuse », « Aria Marcella » et « Avatar » sont parmi mes nouvelles préférées !

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  13. J’en est besoin pour avant Lundi 7 novembre !

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à vous....