« L’Embranchement de Mugby » Charles Dickens (Mois Anglais #2)

dickens MugbyC’est ainsi qu’à l’embranchement de Mugbyn à trois heures du matin passées, par un temps épouvantable, le voyageur s’en alla où le poussaient les intempéries (p.13).

A trois heures du matin, dans la pluie et le froid, un passager décide de descendre du train à l’embranchement de Mugby, noeud ferroviaire au sud de Birmingham. Son billet  porte pourtant une autre destination,  mais l’homme a décidé soudain de laisser derrière lui une vie qu’il n’a pas choisie et dont il veut s’extraire. Mugby apparaît comme le lieu idéal avec ses sept destinations possible. Mais laquelle choisir ? Et faut-il vraiment choisir une destination ?

Cette nouvelle de Dickens fait partie du recueil La Maison de l’Apre-vent  et figure dans le recueil plus vaste des Contes de Noël et autres publié dans La Pléiade. Et en effet, Barbox, ainsi nommé, a bien des points communs avec Mr Scrooge, même si le personnage de cette nouvelle semble moins grognon et plus conscient des changements qu’il doit opérer dans sa vie. Responsable d’un cabinet d’avocats et de courtier en change, il a endossé un rôle qui ne lui convient plus. Désabusé par une trahison de sa fiancée et de son meilleur ami, il s’est noyé dans une vie sombre et triste. Barbox est donc réellement au carrefour de sa vie, magnifiquement illustré par cet embranchement ferroviaire.

Écrite en 1866, un an après un accident de train que vécut Dickens en revenant de France, cette nouvelle nous plonge dans l’univers du train en pleine révolution industrielle. Le train est vecteur du voyage, d’ailleurs, de nouveaux départs et de rencontres. Nous faisons la connaissance des divers employés : le bagagiste du début de la nouvelle, le fameux Lalampe, mais aussi l’aiguilleur ou les femmes du buffet de la gare. A Mugby, les voyageurs croisent leur destin.

Barbox, l’homme au billet pour Nulle Part, erre plusieurs jours et fait la connaissance de Phébé, jeune femme alitée depuis l’enfance. Entre eux se noue une forte amitié qui est un premier élément du changement qui va s’opérer chez notre personnage.

Dickens livre ici une réflexion sur le destin et la prédestination. Les deux premiers chapitres sont centrés sur Barbox, et les deux derniers sont des histoires qui semblent lui avoir été racontées : la première, quelque peu loufoque, met en scène les serveuses revêches du Buffet la gare et le dernier insère des éléments surnaturels chers à l’auteur. Comme dans les contes de Noël, Dickens rappelle que l’on peut changer son destin si on le décide, mais aussi si l’on est aidé par quelques âmes pures et désintéressées. Ce sera le cas pour Barbox aidée par Phébé et par le petite Poly.

Si les deux premiers chapitres m’ont beaucoup plu, les deux derniers, plus détachés de l’intrigue, apparaissent comme des nouvelles annexes sur le thème du train et m’ont demandé plus d’efforts, car il fallut faire connaissance avec d’autres personnages, mais aussi parce que j’étais un peu triste de quitter si tôt Barbox, Phébé et Poly.

J’ai particulièrement aimé cette métaphore de l’embranchement de Mugby comme lieu des possibles et l’idée que nous avons toujours le choix de prendre une autre voie pour faire de notre vie ce que nous avons envie qu’elle soit et ne pas avoir à dire, comme Barbox au début de la nouvelle : j’ai été toute ma vie ce qui ne me plaît pas (p.19).

Une belle lecture donc, malgré ma petite réticence sur l’adjonction des deux derniers chapitres.

Nouvelle lue dans le cadre du Mois Anglais juin 2014, du Challenge XIXe, du Challenge Victorien. et du Challenge un Classique par mois.

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Et dans le cadre du Plan ORSEC 2014.

PAL Orsec 2014

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11 Commentaires

  1. Cela fait des années que je n’ai pas lu du Dickens! Tu me donnes envie mais en ce moment j’ai des difficultés à lire quoique une nouvelle c est tout à fait possible!

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  2. Cette collection Folio a 2 € est vraiment tentante. A part Un chant de Noël je n’ai rien lu de Dickens mais j’ai Oliver Twist qui m’attend dans ma PAL. Je note ce titre aussi !

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    • Tu sais que j’aime beaucoup cette collection, elle donne accès à de courts textes qui permettent de découvrir des auteurs ! Oliver est aussi dans ma PAL et d’autres gros romans de Dickens aussi, je ne m’y suis pas encore attaquée.

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  3. Je ne l’ai pas encore lu mais je l’ai dans un recueil de récits de Noël. Je suis contente de voir que tu as aimé, ça me donne envie de le lire.

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  4. Je l’ai déjà lu, j’en suis certaine ! Mais je ne m’en souviens pas…. il faudra que je m’y replonge ! Quand tu en as parlé, je pensais que c’était l’histoire des fantômes et d’un accident de train…

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  5. Malgré ton léger bémol, je le commanderai sans doute, surtout dans cette édition peu coûteuse : une aubaine! 🙂

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  6. soieditenpassant

     /  juin 9, 2014

    La dernière, c’est « Le signaleur » ou « L’aiguilleur » ( je l’ai sous ces deux titres dans deux recueils différents) ? J’adore cette nouvelle !
    Je note « L’embranchement de Mugby » 🙂

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  7. Tiens… jamais lu les nouvelles de dickens… why not! Mais bon… si en plus c’est avec La maison d’Apre-Vent (j’aime d’amour ce roman!)

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à vous....