« La Fabrique du monde » Sophie VAN DER LINDEN – Rentrée Littéraire 2013.

van der linden la frabrique du mondeLa Fabrique du monde de Sophie Van der Linden est un roman sélectionné cette année par les magasins Cultura dans le cadre d’une opération lancée il y a onze ans : Talents à découvrir, et qui, comme son titre l’indique, tend à mettre en avant des romans de la Rentrée Littéraire peu connus ou dont on parle peu. Je vous reparlerai plus longuement et plus dans le détail de cette opération, devant me rendre à la remise des prix en présence des auteurs jeudi midi.

Meï est une jeune fille, chinoise, ouvrière textile dans une usine de confection à la chaîne. Pendant des heures, diurnes, mais aussi parfois nocturnes, elle coud, attachée à sa machine et sévèrement surveillée par un contrôleur revêche et implacable. La fatigue lui ayant fait commettre quelques erreurs entrainant un léger retard, elle se voit privée de sa paye et ne pourra donc pas rejoindre sa famille pour les fêtes du nouvel an. La voilà donc contrainte de rester seule à l’usine, où elle loge, pendant trois longs jours. Mais ces trois jours vont être bien plus courts et intenses que prévus.

La Fabrique du monde est le premier roman de Sophie Van der Linden, spécialiste de littérature jeunesse. Le choix du personnage adolescent semblait donc s’imposer. Meï est une jeune fille brisée par sa vie en usine. Sophie Van der Linden décrit simplement la déshumanisation du travail à la chaîne et les conditions de travail épouvantable en Chine : le manque de sommeil, des bols de nouilles avalées debout à la va vite pour reprendre rapidement le travail, les gestes répétitifs, la paye dérisoire, l’abrutissement. Mais Meï est différente. Sa grand-mère lui a appris l’amour de la lecture et lui a confié un roman qu’elle lit et relit sans cesse quand elle n’est pas trop fatiguée.

Son esprit aspire à s’évader de ces murs gris, de cette cour d’usine triste. Elle rêve de forêt, d’évasion, de liberté.

Durant les trois jours de « vacances », elle se retrouve seule dans le dortoir. Le contrôleur revêche a été remplacé par une jeune homme qui, lui aussi, doit passer les fêtes dans l’usine désertée. Cette double solitude va les rassembler et Meï va s’éveiller à l’amour sensuel.

Sophie Van der Linden retrace à la fois l’éveil et les désillusions d’une jeunesse brimée et étouffée, elle dit l’horreur d’un travail déshumanisant, rabaissant les hommes à des extensions de machine, sans ouverture d’esprit, sans rêve. Meï sera broyée aussi bien mentalement que physiquement.

Le style simple, parfois un peu trop dans le factuel, décrit cependant assez bien la routine du travail. Il permet aussi une plongée dans une société chinoise dans laquelle les conditions de travail sont perçues de l’intérieur pour mieux en montrer son aspect inhumain. La seconde partie du roman centrée sur l’éveil des sens et des sentiments est d’autant plus puissante qu’elle succède à la première où ces jeunes filles sont décrites abruties par leur travail.

Un premier roman sensible et terrible sur la jeunesse chinoise à notre époque.

Merci à l’équipe Cultura de Bègles pour cette découverte.

Roman lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013 et du Challenge Amoureux Saison 3 (cat. Amours contemporaines).

challenge 1% littéraire 2013Challenge Amoureux saison 3

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28 Commentaires

  1. On m’en avait déjà parlé, mais il a vraiment l’air super chouette ce livre!

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  2. un résumé intéressant, j’ai vu cette sélection ce matin chez My little discoveries, il y a des titres très très enthousiasmants, qui font que je vous envie…un peu 😉

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  3. Ton billet me fait envie, ce livre a néanmoins l’air dur, le sujet n’est pas facile. Une nouvelle lecture à découvrir

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  4. Ton billet m’a donné envie de le lire ! Je l’ajoute à ma liste de livres à lire 😉

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  5. J’ai très envie de lire ce roman! Et ta critique me donne encore plus envie…mais pour le moment, ma bibliothèque ne compte pas le prendre, dommage…

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  6. Marjolaine

     /  septembre 25, 2013

    Ca à l’air bien ! J’aime bien les romans « sociologiques » qui permettent de réfléchir à des situations actuelles

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  7. Ca me fait penser à Germinal… autre temps mais mêmes souffrances.

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  8. Cela me semble bien intéressant !

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  9. C’est amusant de voir l’ordre des lectures 🙂 J’avais mis celui-ci dans les derniers mais ton billet me donne très envie !!
    Là j’ai la flemme mais demain j’écrirai sur celui que j’ai lu.

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  10. Celui-ci me tente bien, je le lirai sans doute dans les premiers de la sélection! Profite bien de la remise des prix demain! 😉

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  11. Trop misérabiliste pour moi. et trop cliché aussi . J’en ai beaucoup lu sur le sujet déjà et tout évolue si vite dans ce pays que pour moi aussi ça me fait trop penser à du Zola!

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    • Ce n’est ni misérabiliste ni cliché, je te l’assure ! peut-être est-ce mon résumé qui te le fait croire, mais il n’y a vraiment aucun pathos et on est loin de Zola dans le traitement ! C’est la vision d’une jeune fille, une situation vécue donc vue de l’intérieur avec toutes les aspirations de la jeunesse.

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  12. Un livre que je n’avais pas remarqué lors de la sortie littéraire et qui maintenant me fait de l’oeil. Merci pour ton avis.

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  13. Je suis son blog depuis le début, son roman est donc sur mon étagère 🙂

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  14. feedbackbaby

     /  octobre 29, 2013

    Bon, eh bien je sais lequel lire après « Voir du pays » : ce sera plus léger (même si le décor est robotisé). Bise 😉

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à vous....