Il faut toujours un certain courage pour se lancer dans un roman de Oates, accepter le choc à venir, accepter d’être tiré de notre confort de lecteur. Lire Oates n’est pas confortable, elle entraîne le lecteur dans les noirceurs de l’âme humaine sans même nous offrir une identification possible à tel ou tel personnage, sans même nous laisser un petit espoir.
Dans Daddy Love, l’auteure américaine nous entraîne dans la pire noirceur où l’innocence d’un enfant n’est pas même épargnée. Robbie, cinq ans, est enlevé sur le parking d’un centre commercial. Arraché à sa mère qui tente tout pour arrêter le kidnappeur, l’enfant va vivre l’enfer pendant six ans aux côtés de Chet Cash, pasteur itinérant, intégré et reconnu au sein de sa communauté. Oates s’attaque aux fausses apparences. Tous les personnages de ce roman sont des Janus : ils ont deux visages, voire deux noms, comme Robbie qui deviendra Gideon Cash durant sa captivité.