« Derrière la porte » Sarah WATERS

Sarah Waters est une auteure anglaise que j’ai découverte il y a maintenant sept ans avec le roman Du bout des doigts. J’avais eu un véritable coup de foudre pour ce roman, son ambiance et son intrigue, et j’avais bien l’intention de poursuivre la découverte de son oeuvre. Mais, vous savez ce que c’est… Il m’aura donc fallu ces sept années pour me relancer dans un de ses romans acheté il y a déjà trois ans (et en regardant ma PAL, je me rends compte qu’elle en recèle encore deux autres : Affinités et L’Indésirable). Derrière la porte, il faut le dire, fait plus de 700 pages et c’est le genre de pavé que j’aime me réserver pour l’été.

L’intrigue se déroule à Londres en 1922 (je ne sais pas ce qu’il se passe en ce moment je ne lis que des romans qui se situent en période de guerre ou d’après guerre). Frances et sa mère vivent seules dans leur grande maison, devenue encore plus grande depuis la mort du père et des deux fils à la guerre. A cause de placements mal gérés par le père défunt, les finances sont au plus bas et les deux femmes ont décidé de louer une partie de leur maison à un jeune couple, les Barber. Après les préparatifs, les réaménagements, Lilian et Leonard emménagent enfin. Les sentiments des femmes sont partagés : bien que se félicitant de nouvelles entrées d’argent, leur quotidien est cependant bousculé : les bruits provenant de l’étage, le fait de croiser Lilian ou Leonard dans les escaliers, la cuisine ou le jardin. Les avis sur le couple diffèrent aussi : la vieille femme trouve Leonard charmant quand Frances le trouve un peu trop sans gêne ; Frances trouve Lilian sympathique alors que sa mère montre quelques réticences. Petit à petit, Frances, dont la chambre jouxte l’appartement des Barber, va se mettre à écouter les bruits de ses locataires et une amitié va se nouer entre les deux jeunes femmes, une amitié qui va prendre bien vite des accents amoureux.

Comme dans Du bout des doigts il est ici question d’amour saphique, mais ce n’est pas, loin de là, le principal intérêt de ce roman.  Sarah Waters montre de façon très subtile et progressive, la montée de la passion entre les deux femmes aux caractères très différents : Frances, plus âgée, s’est refermée sur elle-même, consacrant son temps à l’entretien de la maison ; elle ne se préoccupe pas de son allure et prend soin de sa mère. La vie de la mère et de la fille est faite de routine, de solitude, de tasses de thé. Lilian, quant à elle, est belle, attire les regards, excentrique par ses vêtements colorés et sa passion pour une décoration mêlant les bibelots les plus divers et les plus improbables. La rencontre de ces deux femmes va provoquer en chacune d’elles une révélation : soudain Frances se remet à ressentir, se sent vivante, tandis que Lilian, mariée trop jeune et trop vite, semble découvrir l’amour. Mais le meurtre de Leonard va venir bousculer cet amour clandestin.

Derrière la porte commence comme un roman d’amour et bascule dans le roman policier. Mais ce qui marque surtout cette lecture est la fine analyse psychologique que Sarah Waters installe tout au long du roman. Le lecteur voit tout et ressent tout à travers le regard de Frances. Son passé se révèle, ses déceptions, ses amours interdites, la douleur d’avoir perdu ses frères, son ressentiment envers son père, son abnégation envers sa mère. C’est une femme meurtrie et corsetée par cette société d’après guerre.

Si le début est lent, mettant en place la montée érotique du désir entre les deux femmes, la seconde partie est pleine de rebondissements et nous entraîne à tourner les pages de plus en plus vite. Sarah Waters dresse le portrait de deux femmes différentes et que tout semble opposer, mais qui, par leur amour, vont être entraînées dans un drame dévastateur.

Si vous n’avez jamais lu Sarah Waters, il faut vous y mettre !

Roman lu dans le cadre du challenge British Heroines du forum Whoopsy Daisy.

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6 Commentaires

  1. Comme toi j’avais vraiment bien aimé Du bout des doigts. Derrière la porte est dans ma PAL, il faut vraiment que je me lance !

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  2. J’ai lu un de ses romans, mais vu ma PAL débordante, je n’en ai pas lu d’autres.

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  3. Il est dans ma pal depuis sa parution en grand format et pourtant j’aime beaucoup Sarah Waters !

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  4. Une auteure d’en je ne loupe aucun titre.
    A chaque fois la lecture de ses romans est une nouvelle découverte de son talent.
    Il faut la faire découvrir, c’est vraiment une auteure britannique contemporaine majeure.
    Merci pour ce beau billet George

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à vous....