« Max et les poissons » Sophie ADRIANSEN (Roman Jeunesse)

Adriansen MaxMax est bon élève, il vient d’ailleurs de recevoir un prix d’excellence : un joli poisson qu’il rapporte chez  lui avec précaution dans un sac en plastique. Le 16 juillet, il va avoir 8 ans et se dit que ce serait l’occasion de donner un copain à Auguste, son poisson, parce qu’on s’amuse mieux à deux dans un bol. Max vit à Paris, en 1942, et si le 16 juillet est la date de son anniversaire, c’est aussi une date qui pour nous renvoie à un événement indicible : la rafle du Vél’ d’Hiv’.

Sophie Adriansen choisit de raconter cet événement du point de vue innocent de ce petit garçon, à travers ses yeux, sa conscience. On pense à La vie de belle de Roberto Benigni, on pense à Anne Franck, au début de son journal qui commence aussi par le jour de son anniversaire. Les poissons pour Max, c’est un peu comme le journal pour Anne Frank, le lien avec la vie d’avant l’horreur. Comme Anne abandonnera son cher journal dans l’annexe, Max n’aura pas le temps d’emporter Auguste, mais il trouvera d’autres poissons sur sa route. Car Max est juif, il ne sait pas vraiment ce que cela signifie, et si son étoile jaune peut lui donner l’impression d’être un shérif, il comprend pourtant qu’elle lui porte malheur.

 Sophie Adriansen, entre innocence et horreur, parvient à raconter ce que furent ces deux jours terribles. Max, petit garçon joueur, espérant toujours son gâteau d’anniversaire, pensant rentrer vite chez lui pour avoir ses cadeaux, sent plus qu’il ne comprend ce qu’il vit, il le sent à l’air inquiet de sa mère, il le sent, comme un animal, par instinct. Mais à huit ans, quand on a toujours connu la guerre ou presque, la vie, même si elle parait un peu bizarre, reste la vie d’un enfant : il retrouve ses copains, aime jouer aux billes, etc. L’horreur paraît alors encore plus violente. Le monde des adultes est incompréhensible : pourquoi ce sont des Français qui les arrêtent et pas des Allemands puisque ce sont eux les méchants ? Pourquoi recontrôler leur identité, puisque cela a déjà été fait et pourquoi les emmener dans ce grand stade ?

Destiné aux enfants à partir de 9 ans, ce roman permet aux enfants d’aujourd’hui de découvrir la répression des juifs pendant la seconde guerre mondiale en se mettant à la place d’un des leurs. Pédagogique, Sophie Adriansen évoque le couvre-feu, les tickets de rationnement et une annexe donne des informations pour mieux comprendre, pour aller au-delà du texte, donne un éclairage historique aux éléments romanesques. Mais peut-être plus encore que d’éclairer le passé, ce roman pourrait permettre d’éclairer le présent, malheureusement, faire comprendre pourquoi les écoles juives à côté de chez soi sont gardées par des CRS et si ce ne sont plus les Allemands qui sont menaçants, leur dire que les juifs, eux, sont toujours menacés.

 Enfin, j’aimerais finir ce billet pour parler des très belles illustrations de Tom Haugomat qui reflètent tellement bien l’innocence, la délicatesse du texte.

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7 Commentaires

  1. Je ne connaissais pas ce roman mais il a l’air très intéressant, je le note ! Merci pour la découverte et bon week-end !

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  2. Je le note. Merci pour cette chronique qui m’a donné envie de découvrir ce livre.

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  3. Oui, c’est un magnifique livre, très juste !

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  4. Ce genre de lecture est toujours utile, maintenant plus que jamais… Merci de la découverte

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  5. Je crois que je ne vais pas pouvoir passer à côté…!

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  6. Je viens de le noter pour l’avoir à la bibliothèque de mon village.

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  7. très jolie livre qui se lit très vite. Je pense que ce livre va inciter les enfants à se poser tout pleins de questions 🙂

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à vous....