« L’Echange des princesses » de Chantal THOMAS

Thomas échange princessesChantal Thomas (qu’il ne faut pas confondre avec la créatrice de dessous chic du même nom) est romancière et situe généralement l’intrigue de ses romans historiques au XVIIIème siècle. J’ai découvert son oeuvre, il y a quelques temps déjà (en 2009), en lisant Les Adieux à la reineL’auteur m’avait réellement transportée à Versailles à la veille de la Révolution Française, en juillet 1789, et depuis j’ai suivi les parutions de ses romans, et c’est ainsi que j’ai fini par acheter Le testament d’Olympe, paru en 2013 et donc L’échange des princesses qui vient de paraître en poche.

Nous sommes en 1721, au temps de la Régence. Le futur Louis XV est encore un enfant, on pense à le marier pour s’assurer un héritier à la France, le fils de Louis XIV qui meurt en 1712, lui ayant laissé la place. Le Régent imagine alors un mariage avec l’Espagne. Un plan est mis en place : marier Louis avec l’Infant d’Espagne, Marie-Anne, âgée de 3 ans et, dans le même temps marier Mlle de Montpensier, une des filles du Régent alors âgée d’une dizaine d’années, avec le futur héritier du trône d’Espagne, le futur Louis 1er, guère plus âgé. La première quitte Madrid pour Paris, le seconde quitte Paris pour Madrid, c’est l’échange des princesses.

Chantal Thomas raconte cet épisode, je pense, peu connu de l’Histoire en accordant, en parallèle, un chapitre à chaque princesse. Ce qui frappe, étonne et terrifie, est la jeunesse extrême de ces couples formés pour raison d’Etat par des adultes présentés comme, à la fois tout puissants et rongés par des vices liés à ce même pouvoir. Les princesses ne sont plus considérées que comme des objets que l’on troque et seule Mme de Ventadour, d’abord gouvernante adorée de Louis XV puis de Marie-Anne, présente des sentiments humains et affectueux pour cette enfant.

Le premier attrait de ce roman est bien sûr historique. Il présente cette époque transitoire entre la mort de Louis XIV et l’arrivée au trône de Louis XV. De 1721 à 1725, on suit le destin de ces futurs rois et reines, des enfants que l’on traite, non seulement comme des adultes mais auxquels on veut inculquer une posture royale. Chantal Thomas souligne le manque d’amour qui entoure les jeunes princesses. Leurs parents se séparent d’elles sans aucun état d’âme, et une fois échangées, l’attention qu’on leur porte n’est mue que par la position qu’elles incarnent. Le destin de Marie-Anne est sans doute le plus touchant : cette enfant qui s’entoure d’une multitude de poupées, ne comprend pas ou très vaguement ce qu’elle vit. Les poupées deviennent même un rempart contre sa réalité, mais figure aussi ce qu’elle est, un mannequin que l’on transporte d’un pays à un autre. Car ces jeunes enfants que l’on destine à un avenir exceptionnel, ne sont finalement que des marionnettes aux mains des adultes.

 Si, comme dans Les Adieux à la reine, le roman est historique, ce roman-ci présente une différence de taille puisque le récit n’est pas relayé par un des personnages. L’écriture est donc historique, voire factuelle, mais pas froide. Chantal Thomas s’appuie sur des documents historiques, cite les lettres réelles, s’appuie donc sur un bagage historique réel pour construire son roman. Ces documents donnent une valeur ajoutée, un témoignage venu de cette époque qui vient éclairer le roman et nous faire prendre conscience peut-être plus encore de la dimension de cet épisode.

Si le roman est essentiellement centré sur les princesses, les futurs rois ont aussi leur part. Le futur Louis 1er est peut-être moins représenté. Mais le futur Louis XV est décrit bien seul, jaloux de Marie-Anne qui accapare sa gouvernante chérie, devant faire face aux responsabilités qu’on lui destine.

Certains pourront regretter le ton trop « historique », pour ma part cela ne m’a pas gênée sans doute parce qu’à travers ce roman je voulais connaître cette période historique et que, donc, un style plus romanesque m’aurait au contraire peut-être un peu déçue.

Roman lu dans le cadre  du challenge Le mélange des genres, du Plan Orsec 2015 et d’une lecture approximative avec Titine.

challenge mélange des genresplan orsec 2015

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24 Commentaires

  1. eimelle

     /  février 20, 2015

    un livre que j’avais trouvé très intéressant également!

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  2. Je ne connaissais pas les autres titres de cette auteur mais celui-là je l’ai noté dans ma WL depuis quelques mois et j’espère bien le lire un jour.

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  3. J’ai beaucoup aimé Le testament d’Olympe, pas du tout Les adieux à la reine, il ne me reste que celui-ci à lire, le sujet m’intéresse beaucoup et j’espère qu’il me plaira

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  4. Un livre qui est dans ma PAL et tu me rappelles pourquoi. Je pense que le côté historico-factuel devrait me plaire plutôt que me rebuter donc maintenant j’ai hâte de le découvrir !

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  5. musy88

     /  février 20, 2015

    c’est en lisant « marie antoinette » de Zweig que j’ai mieux découvert ces aspects de l’Histoire : des enfants, ados porteurs d’un destin politique qu’ils n’ont pas choisis et qu’ils subissent!

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  6. J’ai bientôt fini !!! Je regrette surtout la langue de « Les adieux à la reine » que je ne retrouve pas dans ce ton si factuel. Je suis beaucoup plus mitigée que toi, je trouve qu’il a trop de détails, je m’y noie !

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    • C’est vrai que si on s’attend à retrouver le ton des Adieux on risque d’être déçu, mais l’intérêt historique a été très fort et m’a permis de remettre mes (pauvres) connaissances historiques un peu en ordre ! j’ai hâte de lire ton avis 😀 co-lectrice !

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      • Je vais le mettre en ligne mercredi ! Je trouve également qu’elle n’a pas su choisir entre essai historique et roman. C’est bien dommage car l’évènement évoqué était passionnant et tellement romanesque.

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  7. J’aime bien lire un livre historique de temps en temps, celui-ci est tentant.

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  8. estellecalim

     /  février 21, 2015

    J’ai aimé ce roman au départ et puis les citations à répétition m’ont lassé. Je me suis sentie trop éloigné de l’histoire par ce procédé.

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  9. Je n’aime pas trop Chantal Thomas (dont l’écriture m’intéresse peu), mais sur un sujet assez proche je te conseille Claude Pujade-Renault, La Nuit la neige :
    http://chezmarketmarcel.blogspot.fr/2012/06/une-femme-qui-tient-lorsquun-homme.html

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  10. Il est dans ma PAL, je le lirai certainement cette année.
    Je confirme le conseil de Nathalie au sujet de La nuit, la neige, de Claude Pujade-Renault. C’est un livre magnifique, qui met en scène une autre reine, au destin terrible, elle-aussi.

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  11. Laure Micmelo

     /  février 22, 2015

    Je garde un très bon souvenir de ce livre, le côté historique justement, m’avait bien plu également.

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  12. Laurence (Lolotte)

     /  février 23, 2015

    Je l’ai écouté en version audio, j’ai bien aimé mais sans plus !

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  13. sous les galets

     /  février 26, 2015

    Pour moi ça a été une sacrée déception ce livre, on nous l’avait vendu comme le roman de la rentrée de septembre 2013, et franchement, je m’attendais à mieux. j’ai trouvé les personnages très moyennement réussis, voire complètement caricaturaux (la petite est vraiment trop précoce, et la grande vraiment trop dévergondée…), j’ai regretté que ça manque d’âme et de rythme (mais n’est pas Druon ou Chandernagor qui veut). En revanche, je trouve qu’elle avait vraiment réussi la chute dramatique de la dernière partie. Mais pour moi, ce n’est pas un très bon roman historique.

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  14. Un excellent souvenir de lecture : effectivement, les poupées de Marie-Anne m’ont beaucoup marquée de même que cette « utilisation » diplomatique des jeunes princes.

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  15. Beaucoup aimé ce livre. Je l’ai trouvé très instructif.

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  16. Je suis tentée par cette lecture et découvrir la plume de Chantal Thomas. Une lecture qui doit être fort intéressante.

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à vous....