Samedi Sandien #6 : « Le Château de Pictordu » (1873)

Cette semaine je vais vous parler d’un conte que George Sand a écrit pour ses petites filles (Aurore née en 1866 et Gabrielle née en 1868, filles de Maurice Sand, son fils), et que vous trouverez sans peine (une fois n’est pas coutume) dans le recueil : Contes d’une grand-mère qui est édité en format poche. Je vous recommande l’édition en visuel, préparée par Mme Béatrice Didier, très grande spécialiste de George Sand. Les Contes d’une grand-mère ont été composés entre 1873 et 1876.

Ce conte traite avant tout de la conquête de soi, de la nécessité de « se trouver ».

Divisé en dix chapitres, ce conte présente Diane Flochardet, fille de M. FLochardet, nouvellement remarié après la mort de sa femme. Diane n’a pas connu sa mère, morte en couches. Un jour, pendant un voyage, leur voiture se renverse, la famille Flochardet passe la nuit au château de Pictordu. Château quasi en ruines. Durant la nuit, la petite Diane assiste à des faits étranges, et aperçoit une Dame Voilée. Diane est troublée par cette vision, et souhaite retrouver le visage de cette femme qu’elle assimile de plus en plus à sa mère. Le Dr Féron, ami de la famille, et féru d’art, décide de donner des cours de dessin et d’histoire de l’art, à la petite fille. Celle-ci, toujours à la recherche du visage de la Dame voilée, montre beaucoup de sensibilité et de dispositions, malgré les railleries de sa belle-mère, superficielle et coquette…

Je vous laisse lire la suite.

George Sand, par ses contes, témoigne de la passion qu’elle vouait à ses petites filles. Il faut dire que George Sand en grand-mère a subi de lourds chagrins. La mort de Jeanne (1849-1855), dite Nini, fille de Solange et de Clésinger, son mari, a été un déchirement, une peine immense et insurmontable pour George Sand. La mort de cette petite fille si merveilleuse, est la plus connue. Mais avant Jeanne, une autre petite fille était morte bébé, Jeanne-Gabrielle (1848). Malheureusement ces pertes ne furent pas les seules. Du côté de Maurice Sand et de sa femme Linda, on déplore la mort de Marc-Antoine à peine âgé d’un an, en 1864. Les morts infantiles sont encore très fréquentes au XIXème siècle, mais la douleur de perdre un enfant devait sans doute être la même que la nôtre aujourd’hui.

George Sand fut une grand-mère attentive, et soucieuse de l’éducation et de l’instruction de ses petites filles qui lui vouaient un véritablement culte.

Aurore Sand

Gabrielle Sand, enfant.

Mais revenons au Château de Pictordu.

Ce conte, donc, reprend les topos du conte traditionnel : un château mystérieux, des évènements merveilleux, un récit bref, une morale. Mais George Sand, comme toujours, va plus loin. Exploitant toujours les thèmes qui lui sont chers, elle tisse un récit dans lequel la petite Diane est une figure essentielle. La recherche du visage de la Dame Voilée, est une recherche de son origine, le besoin de savoir d’où l’on vient avant de pouvoir se faire sa propre place au sein de la famille. Parallèlement, George Sand raconte l’histoire d’une vocation artistique. Le personnage du Dr Féron est en cela intéressant. Comme souvent, George Sand, devant les faiblesses des pères biologiques, octroie à ses personnages des pères de substitution. Diane trouve donc dans le Dr Féron un pygmalion, qui saura la révéler en tant qu’artiste. Mais cette révélation ne peut passer que par la reconnaissance, par les autres, de son talent.

J’aime beaucoup ce conte pour tous les points que j’ai développés plus haut. La quête de soi à travers l’image de ses parents, l’éclosion d’une vocation sont passionnants.

Bien à vous…


 

 

 

 

( Billet programmé pendant mes vacances)

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12 Commentaires

  1. Tu me donnes envie de poser tous mes autres livres et de ne lire que Sand !!!
    Et bravo pour les billets programmés ! Tu restes un peu avec nous tout en étant ailleurs, chapeau !
    Bises

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  2. Bonjour George, Il me plaît beaucoup ce conte. Je vais aller voir si je peux le trouver dans la boutique de Nohant (le plaisir d’aller là-bas et de ramener un roman !).
    Aujourd’hui débute notre challenge de Liyah, je te souhaite un bon mois et beaucoup d’énergie…

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  3. Ah! Enfin un que je vais pouvoir trouver… En plus il me paraît vraiment fin et mignon ce conte. Les petites filles de George Sand étaient vraiment adorables dis donc!… C’est vraiment chouette à toi de nous avoir programmé un billet Sandien en étant au loin. J’aime de plus en plus ces découvertes de cette femme merveilleuse que tu nous proposes. Plus ça va et plus j’ai l’impression de mieux la connaître. Merci 🙂

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  4. je note… pour un cadeau à ma mère (et grand-mère)

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  5. Pour une fois je connais ce dont tu parles parce que c’est le seul livre de Georges Sand que j’ai lu, même si mon édition est très moche (Maxi Poche). Tu me donnes envie de relire ce conte parce que je ne m’en souviens plus du tout ….

    Sinon j’aime beaucoup ces samedi où tu nous parles avec talent d’une écrivain que je connais très peu, ça donne envie de s’y mettre (c’est peut-être le but ? :p).

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  6. Je pense que ses contes me plairont, ils ont l’air plus fins que les histoires de princesses qui se marient à la fin.

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  7. Quand j’ai lu ce conte la première fois, j’ai pensé qu’il serait trop long…Quand j’ai lu ce conte à des enfants en trois ou quatre épisodes, ils ont adoré ! La question des fées et du merveilleux était abordé et l’écriture de G Sand fit le reste !!! Un beau souvenir !
    Mais il y en a d’autres…

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  8. Il faut vraiment que je redécouvre cet auteur !

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  9. Je le commande je vais essayer de trouver l’édition dont tu parles, avec le visuel.

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  10. Demain je publie mon billet sur ce conte…lu il y a quelques mois mais pas encore rédigé jusqu’ici. Je mets un lien vers le tien!

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à vous....