« La Purge » Arthur NESNIDAL – #RL2018

C’est son sujet qui m’a donné envie de lire ce roman : « un étudiant décrit le quotidien d’une année d’hypokhâgne ». J’aime les romans qui parlent de l’école, du lycée, de la fac. Mais très vite, des amies sur les réseaux sociaux m’ont fait douter avant même le début de ma lecture. Et ce doute s’est confirmé dès les premières pages tournées !

« La Purge » est un premier roman d’un jeune homme de 22 ans comme la 4e de couv. prend soin de nous le dire, sans que l’on sache trop pourquoi d’ailleurs. Est-ce une façon de l’excuser ? Parce que franchement, ce roman porte bien son titre. Sans faire de mauvais jeu de mots (que d’autres ont dû faire avant moi, j’en suis sûre), lire ce roman est une véritable purge. Malgré tout, j’ai tenu bon jusqu’à la dernière page.

L’auteur, malheureusement, ne sert pas son sujet. Les professeurs, les étudiants, jusqu’au lycée lui-même sont caricaturés, on ne trouve que des êtres abjectes, des portraits noirs. L’excès de noirceur, l’hyperbole, conduit à douter. J’entends l’exigence excessive, l’humiliation de certains professeurs, mais même Zola, dans ses romans les plus noirs, ouvre des fenêtres vers l’espoir. Ici tout est négatif, rien ne survit, même pas la littérature. Contrairement à ce que nous vend la quatrième de couverte, je n’ai pas eu l’impression de lire « le quotidien » d’un étudiant, mais plutôt des descriptions sans fin, alambiquées, dans lesquelles on se perd, noyé dans une prose qui s’écoute écrire.

Dans cette écriture ampoulée, boursouflée, certes on ressent des accents zoliens (oh le beau registre épique !), hugoliens (le lyrisme, c’est sûr ça en jette !), mais si Zola et Hugo écrivaient ainsi (enfin en mieux) c’était pour coller à leur époque. Et il est bien dommage qu’un auteur de 22 ans écrive encore ainsi au XXIe siècle. Le jeune homme a des lettres, ça se sent, trop même, ça manque de digestion. Chaque époque doit trouver son écriture. Les romantiques voulaient écrire autrement pour mieux représenter leur époque. Le style de l’auteur ici finalement contredit même son propos en faisant de sa prose une écriture qui se veut élitiste. Reprocher aux professeurs de khâgne d’être pédants et écrire de façon pédante, me semble contradictoire. Et c’est, je crois, le principal reproche que je ferai à ce roman.

On pourra dire que ce sont les défauts d’un premier roman, certes. On attendra donc un prochain roman, pour confirmer ou infirmer.

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8 Commentaires

  1. Je suis tout à fait d’accord avec ton avis ! Je me suis jetée dessus, en pensant y trouver de la dénonciation, certes, du quotidien, un message… Mais je n’ai rien eu de tout ceci à part trop de dénonciations sans argument ni message, une écriture ampoulée qui n’est pas pour tout le monde et un texte qui au final ne sert pas son propos… Dommage…

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  2. J’ai encore des palpitations de colère rien que d’y penser !!!!!

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  3. Ellettres

     /  novembre 12, 2018

    Je me méfie des premiers romans d’auteurs trop jeunes (même s’il y a d’heureuses exceptions). Mais alors si en plus l’auteur sonne faux dans son approche et son écriture, cela devient carrément rédhibitoire ! Il y en a qui devraient remiser leur manuscrit quelques années au fond d’un tiroir avant de le faire publier…

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