« Trois fois la fin du monde » Sophie DIVRY – #RL2018

Pour avoir aidé son frère lors d’un braquage, Joseph Kamal est emprisonné. Novice dans le milieu carcéral, il n’en connait pas les codes, cherche des protections, mais se fait utiliser et se retrouve dans le pire quartier de la prison. Il y vit l’enfer, jusqu’au jour où une explosion nucléaire lui donne l’occasion de s’échapper. D’un autre type, cette explosion a épargné ceux qui sont immunisés, c’est justement le cas de Joseph. Les villes et villages sont dépeuplés, la population survivante a été amenée ailleurs, plus loin. Seul, Joseph va s’installer dans un ferme et se recréer un univers, va redécouvrir le rythme des saisons, le travail physique, la débrouille pour survivre, la douceur des animaux.

Composé de trois parties (Le prisonnier, La Catastrophe et le Solitaire), ce roman nous entraîne, tout d’abord, dans un monde de violence extrême dans lequel le langage est rude, cru. Joseph, en prison, se laisse gagner par la haine. L’atmosphère carcéral est suffocante autant pour le personnage que pour le lecteur. Comme lui on aspire à s’extraire de cet enfer. Puis vient la catastrophe, l’ambiance n’en est pas tellement plus respirable et la description de ces maisons abandonnées, encore pleine des objets de leurs habitants, de ces magasins gorgés de nourriture, de ces rues vides m’ont rappelé mes pires cauchemars.

Autant vous dire que durant les deux premiers chapitres, la tentation de l’abandon a été forte. Une méchante impression d’être oppressée à chaque fois que je reprenais ma lecture ne me portait pas à continuer plus avant. Mais vient le dernier chapitre, et là je respire mieux, Joseph commence à s’organiser, quand il se construit petit à petit une vie plus en accord avec lui-même, quand on sent la douceur du soleil couchant, la tendresse d’un chaton, le roman devient plus respirable. On revient à des choses simples : se nourrir, se chauffer, travailler la terre, prévoir des plantations… Joseph se défait de la haine,et la solitude lui pèse de plus en plus, une solitude que ni le chaton, ni le mouton, ne parviennent réellement à combler.

Ce roman reprend les codes des récits post-apocalypse (qui ne sont pas trop ma tasse de thé), la violence laisse la place à un monde nouveau, à une autre façon de penser la vie, de considérer les rapports humains. La solitude de Joseph que l’auteur décrit m’a particulièrement bousculée. Comment imaginer un monde sans les autres, sans l’échange, sans la parole, sans entendre d’autres voix. Sa quête d’une télé ou d’une radio dit assez la profondeur de sa solitude.

L’homme est un être sociable ; la nature l’a fait pour vivre avec ses semblables

écrivit Aristote. Sophie Divry le démontre à la fin de son roman, mais il aura fallu les chapitres précédents pour bien le comprendre.

Roman lu grâce à l’opération Les Matchs de la Rentrée Littéraire (#MRL2018) avec Rakuten (#Priceminster) et à ma marraine Sylire 😀 !

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16 Commentaires

  1. Tu sembles un peu mitigée mais en même temps séduite. Un livre déroutant mais qui m’a plu pour cette raison.

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    • La lecture fut rude, je te l’avoue ! J’ai mis un temps fou à le lire alors qu’il est franchement court, mais j’avais du mal à m’y plonger. J’ai beaucoup aimé la dernière partie, beaucoup moins les deux premières.

      Réponse
  2. aifelle

     /  octobre 28, 2018

    Je pense faire mon billet demain. Je suis un peu mitigée, mais je n’ai pas eu de difficulté à le lire. En deux jours c’était fait.

    Réponse
  3. Il m’intéresserait bien ce roman. De mon côté, le MRL18 est islandais avec le roman Asta…Une découverte plutôt intéressante !

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  4. avis mitigé pour moi aussi!

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  5. Lu et aimé mais surtout pour la partie sur le retour a la nature, sa reconstruction 😋

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  6. J’avoue qu’il m’intrigue de plus en plus ce roman…!

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  7. J’ai aimé presque sans bémol… évidemment, la partie en prison m’a assommée complètement, mais elle crée un contraste des plus intéressants avec la solitude qui suit.

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  8. J’ai un mauvais souvenir de ma lecture de « QUand le diable sortit de la salle de bain » du coup, je ne suis pas trop tentée par celui-ci, même si je suis intriguée.

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  9. Ellettres

     /  novembre 12, 2018

    Ce roman me tente, ayant déjà lu « Quand le diable sortit de la salle de bain » de l’auteure. J’ai bien noté que les deux premiers chapitres étaient hard mais il semble y avoir un jeu sur les registres d’écriture qui sont intéressants. Et les récits post-apocalyptiques donnent toujours matière à réfléchir je trouve 🙂

    Réponse

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