Yaël vient d’être quittée par son mari, qui lui a préféré une petite jeunette. Yaël est écrivain et professeur d’économie à l’université, elle commence alors un journal intime dans lequel elle va raconter les affres de la séparation, l’amour pour son fils, sa jalousie, ses rencontres, ses lectures, ses tentatives pour écrire un nouveau roman, et ses interrogations sur la quarantaine. Durant toute une année, elle écrit donc à la fois le quotidien, de petits faits parfois presque insignifiants, ou des drames que vivent ses amis, des réflexions, ses joies, ses espérances et aussi, bien sûr, son désespoir. Ce journal se révèle être un exutoire, et partant, une bouée de sauvetage.
Étrange coïncidence, mais voici le quatrième livre que je lis ces derniers temps et qui aborde le « problème » de l’âge, et notamment de la quarantaine, chez les femmes (Un si bel avenir ; Arlington Park ou encore Nous étions faits pour être heureux). Vous me direz que les livres que l’on choisit de lire n’arrivent jamais par hasard, et que, certainement, ces choix doivent correspondre à une interrogation personnelle, consciente ou inconsciente, et vous n’aurez sans doute pas tort.
N’y allons pas par quatre chemins, ce roman n’a pas eu l’effet escompté. Si la forme du journal intime m’est chère, je me suis cependant souvent ennuyée à la lecture de celui de Yaël, à quelques rares exceptions près. Cet ennui est né, essentiellement, de l’impression de ne rien lire de vraiment nouveau sous le soleil, on ne compte plus, que ce soit en littérature ou dans les films, les histoires évoquant ce genre de situation. Bien sûr tout cliché peut être effacé par un style et un traitement qui lui permettrait un certain renouveau. Mais, peut-être cela était-il voulu par Marianne Rubinstein, l’écriture m’a semblé plate et je trouve cela d’autant plus dommage que la diariste est censée être écrivain. Yaël écrit souvent qu’elle aimerait écrire mais ne sait pas quoi écrire et là est en fait le nœud du problème. Que l’écrivain se pose des questions sur son écriture est souvent intéressant, et c’est la raison pour laquelle je me plais à lire les journaux d’écrivains, mais ici, les réflexions ne sont jamais poussées jusqu’au bout. Yaël cherche chez d’autres écrivains (Virginia Woolf, Roland Barthes ou Marcel Proust) des réponses dans leurs œuvres, mais elle ne fait, bien souvent, que recopier des passages de leurs œuvres ou raconter des faits biographiques sans que sa propre réflexion soit réellement menée à maturité.
Dans son journal, Yaël aborde le divorce et ses conséquences, des considérations sur l’économie (la crise tout ça!), le cancer, la quarantaine des femmes, l’écriture, la maltraitance des femmes, l’adolescence à travers le personnage d’Olga . Effectivement il y a dans tous ces thèmes finalement un lien, mais j’ai trouvé qu’ils étaient abordés vaguement, traités à la va vite, morcelés. Il n’est pas exclu que ce sentiment soit dû aussi à la forme même du roman en journal. Chaque jour (puisque ce journal est écrit quasi au jour le jour) apporte un fait, une réflexion, une remarque, dans des paragraphes assez courts qui souvent m’ont laissée sur ma faim.
Alors oui, ce journal c’est la renaissance d’une femme de quarante ans après un divorce, mais, par exemple, son interrogation sur la quarantaine ne va guère plus loin que ce que l’on peut en lire dans un magasine féminin. Et surtout, cette interrogation surgit un peu comme un cheveu sur la soupe. Soudain Yaël interroge ses amies : C’est quoi, pour toi, la quarantaine ? Cette question surgit soudain au milieu du roman, revient trois ou quatre fois, puis on passe à autre chose.
Je ne dis pas cependant que ce roman n’a pas suscité chez moi quelques réflexions personnelles, et a sans doute ravivé en moi l’envie de reprendre mon propre journal. Si ce désir est né depuis que j’ai soufflé mes 40 bougies, il est évident qu’il ne s’agit pas là d’une simple coïncidence. Certaines remarques m’ont d’ailleurs fortement marquée :
Selon la marquise (sa psy), la quarantaine est aussi l’âge où l’on appréhende autrement la vieillesse et la mort : l’une comme l’autre ne nous laisse plus dénier leur existence, s’invitent dans le paysage, imposent leur présence, sont le devenir avec lequel on va apprendre à vivre. (pp.158/159)
Concernant le titre assez énigmatique, l’auteur s’en « explique » page 77, dans un contexte non littéraire ou poétique mais économique : Où il apparaît que l’adage « Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » se vérifie toujours : vient un moment où les prix cessent de monter et où les bulles finissent par éclater. Métaphore qui, dans le contexte du roman, qui d’après moi, aurait tendance à signifier que la douleur finit un jour par cesser, mais aussi qu’il faut, à un certain moment de sa vie, ne plus espérer l’impossible, et se contenter de ce qui est accessible.
Roman lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée Littéraire et du Challenge Petit Bac (cat. Végétaux).
Merci aux Éditions Albin Michel.
Jean-Philippe
/ septembre 10, 2012Merci George, pour cette présentation tout en finesse !
Comme tu parles de coïncidence, j’en ai une autre à te proposer : le titre de mon dernier article que je viens juste de poster : L’argent qui poussait dans les arbres ( http://goo.gl/GpXmI ) et le plus incroyable, c’est que dedans, je reviens sur un épisode de ma vie à presque 40 ans. 😉
(Si le lien te gêne, n’hésite pas à l’enlever.)
les Livres de George
/ septembre 10, 2012Décidément ce passage à la quarantaine est un vrai tournant !
Syl.
/ septembre 10, 201240 est un âge charnière… mais 50 aussi !!!
Bonne semaine George…
les Livres de George
/ septembre 10, 2012Je n’en doute pas, mais, si tu veux bien, je vais d’abord me dépatouiller avec mes 40 😉
Elleli
/ septembre 10, 2012J’aime cette petite phrase : « ne plus espérer l’impossible et se contenter de ce qui est accessible ». C’est la fin des illusions ou peut être le début de la sagesse…
les Livres de George
/ septembre 10, 2012J’espère le début de la sagesse.
irreguliere
/ septembre 10, 2012Il est noté dans ma liste d’envies… je verrai bien !
les Livres de George
/ septembre 10, 2012D’après les avis lus sur Babelio, je suis la moins enthousiaste, donc il y a plus de chance qu’il te plaise qu’il ne te déplaise.
stephanie plaisir de lire
/ septembre 10, 2012Je partage sensiblement ton avis sur là forme avec l’écriture morcelée et sur le deballage littéraire sans vrai fond.
les Livres de George
/ septembre 10, 2012Ah ça me rassure, je viens de lire ton avis ! Il y a un « truc » qui manque, je trouve, pour moi un manque d’approfondissement, on reste un peu trop surface des thèmes traités.
akinaceline
/ septembre 10, 2012De ce que tu dis, j’ai l’impression que ce roman n’arrive pas à choisir son sujet.
En tout cas, je passe …
les Livres de George
/ septembre 10, 2012C’est un peu ça, trop choses et finalement rien n’est traité à fond, c’est dommage.
kathel
/ septembre 10, 2012Je suis d’accord avec toi, rien de très emballant dans ce roman, et cette impression de déjà-lu ne m’a pas lâchée !
les Livres de George
/ septembre 11, 2012C’est dommage, le genre du journal aurait pu être plus intéressant.
Giny
/ septembre 10, 2012Pas de chance en ce moment dans tes lectures… Et pas vraiment de découverte majeure dans cette rentrée littéraire… J’espère que le prochain sera le bon !
les Livres de George
/ septembre 11, 2012Oui c’est vrai que en ce moment je ne suis pas trop à la fête, mais je sens le vent tourner 😉 !
mimiipinson
/ septembre 11, 2012Exceptionnellement, je suis allée à la « pèche » pour récupérer ton lien…..Comme demandé dans le sujet du challenge , merci de me donner, aussi, ton lien de billet, si tu veux qu’il soit comptabilisé !!!!
les Livres de George
/ septembre 11, 2012Mimi il me semble avoir laisse un com chez Hérisson avec toutes les indications! Je ne comprends pas bien ton commentaire. D’ailleurs en cliquant sur le lien du challenge en bas de mon billet tu tombes sur le blog de hérisson et , dans les com, sur le mien avec le titre , l’auteur, le lien, la catégorie et mon appréciation. Il doit donc y avoir un malentendu.
mimiipinson
/ septembre 11, 2012Non, il est demandé de me mettre les liens sur mon blog et celui de Herisson ( les 2 mon capitaine )( à la page qui suit http://leblogdemimipinson.blogspot.com/2012/07/la-rentree-litteraire-2012.html?showComment=1346907579338#c2467640365491954901…
cela m’évite d’aller à la pèche chez Herisson, et donc cela me fait gagner un temps précieux!
Merci
les Livres de George
/ septembre 11, 2012J’ai dû passer à côté de l’info, j’en étais restée qu’il fallait laisser un com soit chez l’une soit chez l’autre ! Bon je note le lien pour le prochain.
blogclara
/ septembre 11, 2012Dans ma PAL et lecture pour très bientôt, donc je reviendrai lire plus tard ton avis!
les Livres de George
/ septembre 11, 2012J’espère qu’il te plaira un peu plus!
Leiloona
/ septembre 11, 2012Lu mais pas encore chroniqué, j’en ressors comme toi … Déçue.
les Livres de George
/ septembre 11, 2012Ah ça me rassure 😉 !
valou
/ septembre 12, 2012ça devient lassant cette crise de la quarantaine dans la littérature, à croire que l’inspiration manque !
Violette
/ septembre 12, 2012Selon la marquise, j’ai 40 ans! :O
zazy
/ septembre 17, 2012Je ne me souviens pas d’avoir eu une crise de la quarantaine , mais vers 35 ans, si !!!!
j’ai noté ce livre, tu en parles très très bien
les Livres de George
/ septembre 18, 2012A la trentaine j’avais les enfants tout petits donc pas trop le temps de penser à déprimer !!
Merci !