« On ne peut pas lutter contre le système » J. Heska

Grâce au blog, on fait parfois de belle rencontre avec des auteurs. Il y a un an, j’étais contactée par J. Heska pour lire et chroniquer son premier roman : Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir. Dernièrement, J. Heska m’a fait parvenir son second roman au sujet très différent du premier.

Nous sommes dans un futur proche, une société d’agroalimentaire et de biologie, HONOLA développe des OGM capables de révolutionner l’agriculture. Mais une ONG veille au grain, et soupçonne des magouilles financières et capitalistes. Trois jeunes gens, Clara, Louise et Hakim, décident d’enquêter, aidés de leur responsable, bien convaincus que cette société dissimule un véritable scandale sanitaire.

J. Heska plonge donc son lecteur dans un roman trépidant, mené de main de maître, ne laissant aucun répits à son lecteur qu’il trimballe de Londres, à Bruxelles en passant par l’Ouganda ou Bangkok. On ne peut pas dire que le monde de la finance et les rouages des entreprises capitalistes soient mon élément de prédilection, mais J. Heska a le don pour rendre tout cela compréhensible grâce à plusieurs systèmes narratifs : récit, reportage télé, mails et j’en passe, ainsi qu’un va et vient entre passé et présent. La date clef, autour de laquelle tourne tout le roman, est l’ouverture du GEAD, double du Grenelle de l’Environnement. Roman d’espionnage, roman sur la finance et les ONG, roman policier, thriller, il fonctionne parfaitement et le lecteur se laisse mener par le bout du nez.

Moins drôle que le premier, Heska n’en a cependant pas perdu son sens de l’humour, et les noms d’emprunt des personnages m’ont souvent bien fait rire : ainsi croise-t-on Marty McFly ou Emmet Brown. Grande fan de Retour vers le futur, ce genre d’allusions a su faire mouche. Nous retrouvons aussi le chat Gribouille, sorte de mascotte de Heska.

Bien que situé dans un futur proche, par ce roman Heska dresse une portrait assez noire de notre société basée sur la finance et la spéculation. Prenant appui sur des faits réels, il pousse à l’extrême le système sans vraiment s’éloigner de la réalité puisque la chute de Lehman Brothers ou la lutte des altermondialistes servent de modèles. Mais le scénario assombrit cette réalité pour offrir une chute surprenante au roman qui remet en cause le titre même du roman.

Le lecteur est à la fois aux côtés des responsables de la société HONOLA et aux côtés des membres de l’ONG. Les personnages ont une épaisseur, une densité qui les rend d’autant plus intéressants qu’ils sont souvent doubles, contradictoires voire totalement antipathiques comme Safia, surnommée la Nazi, jeune femme arriviste et cruelle.

Sans doute plus abouti que le premier, ce roman m’a beaucoup plu et surprise car le sujet avait de quoi m’effrayer, mais il faut réellement dépasser nos a priori car, j’ai beau cherché, je n’ai rien à dire de négatif sur ce roman et cela n’a rien à voir avec le fait que ce roman me soit parvenu par le biais de son auteur. Il est toujours délicat d’accepter de lire et de chroniquer un roman qui nous est parvenu par cette voie, la peur de ne pas aimer est toujours là tapi dans un coin de notre tête avec en plus l’angoisse du billet à venir. C’est donc avec encore plus de plaisir que je vous recommande ce roman disponible également sur Kindle pour quelques euros dérisoires, mais que vous trouverez aussi dans toutes les bonnes librairies indépendantes en version papier sur la boutique personnelle de J. Heska en suivant le lien ! (Avis aux libraires !!)

J. Heska a également créé une page FB autour de son roman et à laquelle vous pouvez adhérer pour en savoir plus.

Merci à J.Heska pour m’avoir fait frémir et rire !

Roman lu dans le cadre du Challenge ABC Babelio pour la lettre H et du Challenge Thriller.

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38 Commentaires

  1. thecoffeetimesabine

     /  Mai 20, 2012

    Le contexte futuriste, c’est ce qui m’avait dérangé dans son précédent livre. Je pense donc que je ne lirai pas celui-ci. Dommage, car à part ça, j’avais bien aimé son style … Mais je déteste tout ce qui est futuriste (livres, films …).

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    • Ce n’est pas réellement futuriste, il y a juste une petite allusion dans le roman qui nous fait penser que l’on est quelques années après 2013, c’est tout !

      Réponse
      • thecoffeetimesabine

         /  Mai 20, 2012

        OK, alors je tenterai si je le trouve en Bibliothèque.

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  2. Bonjour George, et merci pour ce billet très sympathique. Ravi que le roman vous ait plu 🙂 Il est effectivement beaucoup plus sombre que le premier, c’était une volonté de ma part de m’éloigner du modèle « Pourquoi les gentils » afin de surprendre un peu.

    D’ailleurs, si les lecteurs du billet ont des questions, qu’ils n’hésitent pas, je serais ravi d’y répondre !

    J’en profite d’ailleurs pour confirmer ce que dit George à ThecoffetimeSabine : le roman se passe effectivement quelques années dans le futur (même si aucune date n’est donnée, le seul moyen de calculer est parce que je parle du G8 de Gêne, bravo George 😉 ), mais point de pisto laser, de voiture volante, d’ordinateur ultra-puissant, de téléphone parlant (quoique grâce à notre ami Steve Jobs on n’en est pas loin) ou autre : on est bel et bien dans notre monde actuel. Comme je disais, le seul moyen de s’en rendre compte est de calculer les dates, et avec quelques indices géopolitiques 😉

    De même, j’en profite aussi pour rectifier une info : le livre papier n’est pour le moment pas dispo en librairie, mais il l’est sur ma boutique en ligne, ici : http://www.jheska.fr/pages/La_boutique-5200298.html 😉

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    • Monsieur l’auteur bienvenue 😉 !
      Désolée pour la bévue concernant les librairies, mais c’est une aberration !!! est-ce que l’on peut espérer trouver votre livre dans les librairies bientôt ?

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      • Je suis en pourparlers avec ses corsaires d’Amazon, de la Fnac et la guilde des libraires afin d faire valoir mes droits ! Mais j’ai le dessous pour le moment… (pas facile, quand on a pas de structures éditoriales 😉 )

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  3. un peu comme Rufin ?
    je suis TRES tentée !!!!
    je note !

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  4. Je l’attends sous peu, Monsieur J. Heska m’ayant proposé de le recevoir également. Après ton avis positif sur son premier titre, je ne pouvais que tenter.

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    • J’espère qu’il te plaira aussi, en tout cas je suis contente que le billet sur le premier t’ait donné envie de lire celui-là !

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    • Hello petite fleur ! Zut, je viens de retrouver votre mail dans mon spam (je m’étonnais en effet au vu de votre commentaire de ne pas avoir eu de réponse de mon côté). Je répare l’erreur immédiatement !

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    • Ayé, je viens tout juste de le finir. Eh bien, je suis rassurée, j’ai bien aimé 🙂 J’ai passé un agréable moment avec tous ces personnages. Billet prévu pour demain et je fais un lien vers ton entretien avec l’auteur. Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre le 3e roman puisqu’il est en préparation…

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  5. Tu me tentes !!

    Réponse
  6. Honte à moi, j’avais reçu son premier roman que je n’ai toujours pas lu car il est quelque part dans l’une de mes caisses (laquelle ? C’est bien là le problème)…

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    • Rhoooooo ! mais un livre est patient, donc tu pourras toujours le lire quand tu auras remis la main dessus (attention l’auteur hante cette page 😉 )

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    • Mais c’est un scandale ! 😉 Je m’insurge 🙂
      C’est marrant, je ne me souvenais plus pour l’avoir envoyé. Si vous ça vous intéresse de découvrir le second, il faudra faire plus vite, car il n’y a que des livres voyageurs cette fois 😉

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      • Bonne nouvelle, je déménage dans 3 semaines donc je pense pouvoir ENFIN (après un peu moins d’un an) ouvrir mes caisses bientôt et découvrir votre roman ! J’aurai du retard à rattraper car dans mon souvenir, vous n’étiez pas le seul enfermé dans un carton…hum…je ne vais donc pas abuser de votre gentillesse 😉

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  7. Je profite d’un petit saut pour pirater cette conversation où l’Auteur est apparu à de nombreuses reprises car je suis tombée, non par hasard, sur cet article de George, alléchée par le titre … Et le billet ne peut que me donner envie de le découvrir ! D’autant plus que Mr Heska n’a pas l’air de dévorer ses lecteurs pour leurs avis … 🙂

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    • jheska

       /  Mai 21, 2012

      C’est parce que l’avis est positif 😉 Dans le cas contraire, je me serais drapé dans ma dignité et affirmé que George n’avait rien compris « à la magnifique quintessence de mon art poussé dans les retranchements du paroxysme de la société décadente du XXIème siècle » 😉

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      • Est-ce trop tard pour que je prenne le risque de recevoir votre regard courroucé ? ou peut-on envisager que je découvre votre second roman, “magnifique quintessence de [votre] art poussé dans les retranchements du paroxysme de la société décadente du XXIème siècle” ? 😀

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      • jheska

         /  Mai 21, 2012

        🙂
        Avec plaisir, j’accepte toutes les demandes de SP venant des blogueurs qui acceptent de chroniquer mon livre. Merci beaucoup !
        Pour rester cohérent avec mon interview ;-), je propose deux solutions : soit un SP papier sous forme de livre voyageur (c’est dans ce cadre que George a participé, voir ici pour plus de détails : http://www.jheska.fr/pages/Projet_Hermes_II_le_retour_du_livre_voyageur_-7521115.html), soit un SP e-book (format kindle, ipad ou autre) que j’envoie par mail.
        Et comme indiqué, il n’y a aucun engagement à avoir de votre côté autre que celui de faire une chronique : vous êtes totalement libre de votre plume, même si vous détestez le livre au point de vouloir vous jeter par la fenêtre afin d’abréger cette souffrance insoutenable 😉

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  8. Hé hé tu as quand même dû trembler en faisant ton billet en sachant que l’auteur était aussi proche de ses lecteurs !!! J’avais aimé le billet de « l’homme » en son temps sur le précédent livre ! Il m’intrigue !!!

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  9. Contrairement à toi, le thème m’intéresse beaucoup ! Super cette découverte, je note !

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  10. Ah oui, je me souviens avoir fait une lecture commune avec toi sur le premier roman de cet auteur … Mais il ne m’a pas recontactée, il faut dire que je le comprends, vu l’accueil mitigé que j’avais eu pour le premier.
    Toujours plus judicieux d’avoir des critiques positives. 😀

    Réponse
    • jheska

       /  Mai 23, 2012

      Et ben même pas 😉 J’ai prévu de recontacter tous les blogueurs qui ont chroniqué « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir » que la critique soit positive ou négative. Mais comme je ne fais plus de SP pour les livres papier (uniquement des livres voyageurs) et que j’ai cru comprendre que vous n’aviez pas de liseuse pour les e-book, j’attends un peu que ma liste initiale se raccourcisse avant de lancer une nouvelle salve ;-).

      Un peu de patience, et vous pourrez l’avoir entre les mains pour le décortiquer. J’ai un très bon souvenir de votre avis (car bien argumenté, même s’il n’allait pas forcément dans le sens du livre ;-)) et la petite discussion qui avait suivi dans les commentaires avait été très intéressante. Je suis donc tout à fait disposé à retirer l’expérience 🙂

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    • Je pense que tu me connais suffisamment bien pour savoir que mes avis ne sont pas « judicieux », et que si je n’avais pas aimé le roman précédent ou celui-ci je l’aurais dit et expliqué !

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  11. George : Oui, je me doute ! 😉

    Sinon, bravo à l’auteur, alors de se confronter aux avis quels qu’ils soient.

    Petite anecdote récente :
    Comme toujours, avant de recevoir un SP, je demande si je pourrai dire la vérité dans mon billet, eh bien une maison d’éditions m’a clairement répondu que non, si j’avais pour habitude de publier tous mes billets négatifs comme positifs, elle préférait ne rien m’envoyer.
    D’où mon bravo au début du message, M. Heska.

    C’est rare qu’un auteur accepte les critiques d’un blogueur, ce pauvre qui n’est même pas un pro et qui se permet de critiquer. 😉

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    • Alors là je suis sciée par ce que je lis ! Si on me soumettait une telle contrainte, je n’accepterais jamais un bouquin de cette maison d’édition ! Incroyable !

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  1. Livre à découvrir : « On ne peut pas lutter contre le système » | M.I.A - Le Blog

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