Lettre à mon blog.

Cher ami,

Je voulais avant tout te souhaiter un bon anniversaire. Quatre ans ! Difficile de dire si tu es encore jeune ou si, comme les chiens et les chats, ton âge est déjà avancé. Quelle est la temporalité des blogs ? A partir de quel âge, un blog est-il vieux, radotant, chevrotant ? As-tu toujours l’innocence des enfants du même âge ? Ou commences-tu à t’engluer dans la routine, comme une vie de couple qui n’aurait pas su se renouveler ? Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour répondre. Moi, je te connais de l’intérieur. Je sais tes doutes, tes joies, tes tristesses, tes déceptions, tes enthousiasmes. Je connais tes secrets, tes non-dits, je te connais de l’intérieur.

Au fil des années, au fil de ces quatre années en ta compagnie, je t’ai vu évoluer : de petit blog timide et un peu maladroit, tu as petit à petit pris ton indépendance, tu t’es trouvé des amis, des complices, tu t’es étoffé. D’oisillon fragile, il me semble qu’aujourd’hui, tu sais voler de tes propres ailes. Parfois même il semble que tu m’échappes. Comme un enfant devenu adolescent, tu es parfois bravache, mais tu reviens au bercail pour te faire pardonner. Je connais tes emportements, les bons comme les mauvais, je connais tes passions. Tu es à la fois moi et à la fois un peu différent. Reflet, représentation de ce que je suis, d’une part de ce que je suis car tu ne me contiens pas entièrement, j’ai gardé ma part de secrets. Si je te connais de l’intérieur, toi, quelle image renvoies-tu de moi ?

Compagnon fidèle, tu es comme ces amis imaginaires que s’inventent les enfants dans leur solitude. Parce qu’un jour de désœuvrement, j’ai découvert plusieurs de tes amis, des amis que toi-même tu ne connaissais pas encore, j’ai eu l’idée de te créer. Comme Pygmalion recherchait la statue parfaite, j’ai tenté de te faire émerger d’un bloc de pierre brute. J’ai relevé mes manches, j’ai appris les rudiments de ton langage et je me suis laissée porter par ma passion. Chaque livre lu est venu donner un peu de relief, le bloc de pierre a, petit à petit, perdu de sa rudesse. Une forme s’est profilée. Le résultat est loin de ce que fut Galatée et ce n’est pas la perfection que je recherche. Tu me conviens dans tes imperfections et tes défauts.

Grâce à toi, de lecture en lecture, de lien en lien, de billet en billet, de rencontre en rencontre, je me suis redécouverte. Chaque matin, nous prenons le café ensemble, comme de vieux amis. Nous nous racontons. On t’a prêté des intentions, on a douté de toi, on t’a encouragé, on t’a félicité, on t’a remercié, certains ont déserté. C’est la vie, des hommes comme des blogs. Comme des amis, nous avons ri ensemble, nous avons tempêté ensemble, nous avons vibré, pleuré. Parfois même nous nous sommes disputés, puis réconciliés. Car je reviens toujours vers toi, même si parfois tu es trop exclusif, trop exigeant, trop bouffeur de temps. C’est un lien étrange qui nous raccorde. Nous nous nourrissons mutuellement, mais nous évitons de nous vampiriser, du moins j’essaie. Ami imaginaire, d’autres disent virtuel, tu m’as pourtant permis de reprendre le contact avec la réalité. J’ai vu émerger de derrière d’autres blogs, des personnes réelles, j’ai mis des visages sur des pseudos. Tu es une passerelle entre un monde intime, solitaire et le monde réel. Parfois les deux se mêlent et je prends conscience de ton pouvoir.

Mais tu es surtout une passerelle vers cet autre monde imaginaire qui est celui des livres. Sans les livres, tu ne serais plus. Finalement nous sommes un trio : les livres, toi et moi. Ce sont eux qui nous portent, qui nous rassemblent, qui nous nourrissent. Ils sont notre principal sujet de conversation, un sujet inépuisable, sans cesse renouvelé et qui nous promet une bien longue amitié.

Ah j’allais oublier de parler de notre mentor, celle qui nous hante, qui est sans doute à l’origine de tout : George Sand. Figure tutélaire, son ombre plane sur toi. Elle est un peu de ton identité et de la mienne, comment pouvais-je l’oublier ?

Quatre ans, c’est à la fois beaucoup et si peu, souhaitons-nous encore plusieurs années de complicité.

George.

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132 Commentaires

  1. Happy Bloganniversaire !

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  2. Magnifique lettre. Très émouvante.
    Merci George!
    Et bon bloganniversaire!

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  3. Une très belle déclaration d’amour aux accents d’un  » Je t’aime moi non plus  »
    Longue vie à tous les deux !

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  4. une belle continuation, George, c’est ce que je souhaite pour ton bloganniversaire!

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  5. valmleslivres

     /  avril 22, 2013

    Avec beaucoup de retard, je te souhaite un joyeux bloganniversaire.

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  6. valmleslivres

     /  avril 22, 2013

    Ne trouvant pas le lien « contact »‘,je me permets de te répondre ici pour le challenge Ecoutons un livre, tu es la bienvenue, même sans suivre le thème du mois qui n’est pas obligatoire.

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  7. Excellent anniversaire et longue longue vie. Existera-t-il un jour des blogs centenaires ? Bon je sais ce serait de la science-fiction.

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  8. Si bien dit …. Joyeux Anniversaire , 4 ans déjà voir 5 ans oui !

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  9. A reblogué ceci sur El7fe Eternal.

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  10. En retard mais je souhaite un excellent anniversaire à ton blog que je suis depuis presque le début je pense ! Et je te souhaite encore beaucoup de plaisir en sa compagnie.

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  11. novelenn

     /  avril 30, 2013

    Happy BlogDay ! 🙂
    Bel hommage à ce blog !

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  12. metaphorebookaddict

     /  Mai 1, 2013

    Félicitation! Un blog aimé! Joli lettre 🙂 As tu vu qu’un livre vient de sortir avec comme décor la maison de George Sand à Nohant. Je vais en faire un billet bientot: Madame George, Noëlle Châtelet

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  13. En effet, le temps passe et notre rapport aux autres évolue, que les liens soient réels, virtuels ou imaginaires, tant qu’ils sont des liens, ils unissent!

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