Clara est une artiste. Elle sculpte de petits animaux fragiles, aériens. Mais Clara vient d’être abandonnée par Barnabé, acteur qui en a assez des spectacles de marionnettes qu’il mettait en scène avec Clara dans les écoles parisiennes. Il veut être dans la lumière des projecteurs. La jeune femme, très vite, ne supporte plus Paris, son bruit, sa foule. Discrète, secrète, elle parle peu, elle est la silencieuse. Elle s’installe dans une grande maison, à une heure et demi de Paris, en pleine campagne, décidée à n’y passer qu’une année, pour voir. Tout le monde s’étonne, dit qu’elle va vite s’ennuyer. Mais Clara se sent bien ainsi solitaire, au calme. Elle sculpte, se promène, observe la nature, côtoie quelques personnes : un voisin algérien, un artisan, un original, une pharmacienne, puis, après l’adoption d’un petit chat tout blanc, Plume, un vétérinaire.
Sa vie s’organise au fil des saisons. Elle réfléchit sur ce silence qui la caractérise, sur sa sculpture, lit les écrits de Giacometti, repense à la phrase de rupture qu’a prononcée Barnabé, sur ce manque de poids qui semble la définir. L’arrivée de Plume va rompre sa solitude. Elle s’attache viscéralement et jalousement à ce petit chat blanc. Il trompe un peu sa solitude, mais ne résout pas cependant le manque essentiel.
Ce qui est très étonnant dans ce roman, c’est l’impression que rien ne s’y passe, et pourtant j’ai été prise par le charme de cette écriture à la première personne. Même si cette jeune femme est, de caractère, assez éloignée de moi, j’ai aimé l’entendre parler, raconter ses journées, ses rencontres, sur un mode très simple, sans sensiblerie, ou introspection outrée. Au contraire, on est dans le diffus, dans une sorte d’apesanteur et de réappropriation de soi, de ses sentiments, de ses envies, mais aussi dans une réflexion sur ce que l’on est et ce que l’on veut vraiment sans plus tenir compte des avis des personnes qui nous entourent.
Mais ce roman c’est aussi toute une chronique sur la vie de village, sur la vie à la campagne : l’ennui, le départ des habitants, le manque d’occupation, de commerce, de vie sociale. C’est du moins ce que l’on fait remarquer à Clara, mais c’est aussi ce qu’elle cherchait, donc, contrairement à l’avis des citadins, et surtout des Parisiens (la pire espèce de citadins), elle ne semble percevoir que les bons côtés. Il ne faudrait pas croire que ce retour à la nature soit un retour hippie, non et Dieu merci. Car finalement, Clara constate que le lien social existe et qu’il est certainement plus sincère, plus profond qu’en ville où il a tendance à se dissoudre dans le bruit et les apparences.
Un roman donc qui procure un grand bonheur de lecture qui m’a presque surprise, auquel je ne m’attendais pas vraiment et qui m’a fait du bien, comme reposée. Un livre simple et beau qui mérite qu’on en parle.
Roman lu dans le cadre du challenge Animaux du monde, du challenge Amoureux saison 3 (cat. Amours Contemporaines) et Challenge Premier roman.
Merci aux Éditions Philippe Rey.
insatiablecharlotte
/ avril 18, 2013Heureuse de voir que ce livre a eu le même effet apaisant sur toi! UNe vraie douceur!
les Livres de George
/ avril 19, 2013C’est vrai que je l’avais passé sur ton blog aussi !
evilys2angel
/ avril 18, 2013Ton billet même, a ce côté apaisant quand tu en parles… J’aime ces histoires de retour aux sources, de recherche de soi-même… Cet état de paix intérieur qui revient dans le calme après le cahot… Cette rupture lui a été bénéfique finalement à cette héroïne… A moins que ce ne soit peu développé en fin de compte?… Un de plus de noté 😉
les Livres de George
/ avril 19, 2013Je pense qu’il pourra te plaire. Cette rupture en effet lui a permis de faire le point sur ses réelles envies et de s’affirmer davantage.
lilousoleil
/ avril 18, 2013Houl que c’est tentant… Ton écriture est toute douceur. On ressent une paix, un besoin de calme; une envie de prendre son temps pour vivre et regarder les autres … Je crois que je n’attendrai pas pour le procurer. Il a l’aire de faire un bien fou…
avec le sourire
les Livres de George
/ avril 19, 2013Oui c’est une lecture très agréable, qui coule toute seule. J’espère qu’il te plaira !
Martine
/ avril 18, 2013Je confirme. Ce roman est un puits de douceur…
les Livres de George
/ avril 19, 2013Toi aussi il t’a plu !!
anne7500
/ avril 18, 2013Je suis très tentée !
les Livres de George
/ avril 19, 2013C’est vraiment un beau livre !
Madame
/ avril 18, 2013Un livre que je devrais lire en ce moment! Pour souffler et respirer le bon air… Merci pour ce billet qui m’a transporté à la campagne.
les Livres de George
/ avril 19, 2013Je t’ai envoyé un mail au sujet de ce livre 😉 !
zazy
/ avril 18, 2013Question vie à la campagne, tu prêches une convertie !!! Je suis curieuse de lire ce livre
les Livres de George
/ avril 19, 2013Je crois que je suis une citadine dans l’âme et j’aime le charme de la campagne aussi, je ne suis pas sûre que je pourrais y vivre à l’année.
denis
/ avril 22, 2013un très bon livre donc
Anis
/ avril 23, 2013Il y a toute une génération qui est issue de la culture urbaine. je veins de la campagne et n’ai cessé de la fuir.
Geoffrey D
/ avril 23, 2013A la campagne, on s’embarrasse moins du bagage social et on se lie plus facilement avec tout un chacun. Ce livre intrigue visiblement…
CH THUIR
/ novembre 14, 2013Ariane Schréder vient d’obtenir le prix FOLIRE 2013, qui le sera remis le 29 novembre 2013 à Thuir par le parrain de cette édition Michel Drucker. Le Prix Littéraire FOLIRE, créé en 2011 est le fruit d’un partenariat original entre le Centre Hospitalier de Thuir (Etablissement Public de Santé Mentale) et le Centre Méditerranéen de Littérature. Il a pour spécificité d’être attribué à un écrivain par des patients. Le Prix Littéraire FOLIRE a pour objectif de permettre aux personnes souffrant de troubles psychiques de couronner la qualité littéraire d’un récit ou d’un roman d’un jeune auteur francophone.
les Livres de George
/ novembre 14, 2013Merci pour ces précisions sur ce prix qui a su récompenser un très bon roman.
Maryse
/ décembre 3, 2013Ce roman est merveilleux, mais apaisant, je ne sais pas. Il « remue » aussi sous des dehors « de rien ». Chaque personnage a des souffrances bien à lui et chacun les supporte xomme il le peut, à sa façon propre. Ce livre m’a enchantée et fait mal à la fois.
aifelle
/ janvier 15, 2014Je suis tout-à-fait de ton avis, c’est une lecture dont je ne me suis pas expliquée exactement le charme, mais il en a un ; peut-être le regard que Clara porte sur les choses et les gens qui l’entourent et qui est beau, malgré son chagrin. Et un rapport à la nature très bien décrit. Une auteure que je suivrai.
les Livres de George
/ janvier 15, 2014Il a un charme bien particulier, je suis curieuse aussi de lire ce qu’elle va écrire après.