« Les Heures silencieuses » de Gaëlle Josse

C’est un billet élogieux de Chaplum qui m’avait donné très envie de lire ce roman. Par chance elle en a fait un livre voyageur, et après quelques détours, il est parvenu jusqu’à moi. Grâce à un aller-retour en RER, j’ai pu lire ce roman en un jour, ce qui m’a vraiment plu car la voix de la narratrice, Magdalena, est restée vivante en moi durant cette journée.

Nous sommes en 1667. Magdalena est l’épouse de Pieter Van Beyeren, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft. Fille aînée, elle a, avant son mariage, travaillé avec son père dans le commerce des épices. Elle en a compris le fonctionnement, s’est passionnée pour ce métier, a rêvé aux destinations des bateaux, a guetté leur retour ou a pleuré ceux qui ne sont jamais rentrés. Bien que particulièrement douée, en se mariant, elle doit abandonner cette occupation à son mari, tout en, au début, lui ayant fait part de son expérience. Mais la place d’une femme est à la maison, son rôle devient alors essentiellement celui d’une femme au foyer qui s’occupent de ses enfants.

Ce roman est un journal intime, le journal de Magdalena dans lequel elle raconte sa vie passée, mais aussi présente, dans lequel elle revient sur ses enfants morts en bas âge, sur son désespoir de mère, sur son renoncement à ce métier qu’elle aimait, sur sa difficulté à endosser un rôle qui ne lui convient pas. Dans le silence de sa maison, elle écrit pour exister, pour faire revivre un passé douloureux, et supporter un présent qui l’enferme vivante.

Au-delà du destin de cette femme, Gaëlle Josse nous décrit le commerce colonial, les épices, l’émergence du thé auquel l’Europe commence à s’intéresser, elle nous raconte les équipages, les voyages risqués, les rêves et les craintes qu’ils suscitent. Elle nous plonge dans un XVIIème siècle qu’elle sait rendre vivant et passionnant.

Le tableau d’Emmanuel De Witte, peintre hollandais du XVIIème, qui figure en couverture, sert sans doute de point de départ à ce roman. Comme une transcription d’art réussi, Magdalena est cette femme peinte de dos, car à n’être plus désirée, ai-je encore un visage ? Se demandera-t-elle.

Un beau roman, une écriture sensible et juste qui dit un destin, une époque, et rappelle ce que fut la vie des femmes dans les siècles passés, des emmurées vivantes.

Merci à Manu pour ce LV.

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36 Commentaires

  1. Je suis pas très fan des livres au contexte historique ancien.. À voir, si il est vraiment bien pourquoi pas..

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  2. Je suis ravie qu’il t’ait plu mais je n’en doutais pas 🙂
    Je réponds à ton mail dans la soirée.

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  3. J’ai acheté son premier, j’ai hâte de découvrir son style ! 😀

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  4. Je l’ai lu récemment. Gaëlle Josse a une très belle écriture. Je vais lire son second roman dès que possible.

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  5. Il m’intéresse beaucoup ! J’aime cette époque même si pour les femmes, ce n’était pas l’idéal… Je le note !^^

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  6. Je suis bien contente qu’il t’ait plu car je l’ai en ce moment avec moi.

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  7. Que voici un livre qui me plairait. Tout à fait mon genre, je le note dans ma liste.

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  8. Tiens, je l’ai eu tout à l’heure entre les mains à la librairie…et je l’ai reposé (pourquoi ? Parce que j’avais déjà une belle pile sur les bras ! ^^) Mais il finira sur mes étagères, ce livre me tente depuis un petit moment.

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  9. blogclara

     /  Mai 16, 2012

    J’avais adoré!!!!Un très beau premier roman!

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  10. Il me tente bien celui-ci, je le note ! Au cas où un jour à Boulinier … 🙂

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  11. Il me tente depuis longtemps et puis là, il vient juste de sortir en poche, alors je ne vais pas résister plus longtemps à mon avis… Ma PAL ne devrait pas faire la tronche puisqu’il est assez court… (alors, tu ne t’es pas inscrite pour le RAT finalement ??)

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  12. Joli billet ! J’avais beaucoup aimé aussi – plus que son dernier (que je viens de terminer).

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  13. le tableau est superbe…Un livre qui pourrait me plaire, je note…bonne soirée

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  14. Je le note. Je l’ai vu dans les rayons de ma BM.

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  15. Je le note. Merci 🙂

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  16. Il a l’air émouvant, je retiens !

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  17. Et encore il est, selon moi, un ton en dessous de Nos vies désacordées qui est un chef d’oeuvre!!!

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  18. c’est en passant par Babélio que je trouve ta critique sur ce roman…il a l’air magnifique…je me rends compte que le rôle de la femme, donné par la société, est un sujet récurrent dans tes dernières lectures…le féminisme entame une nouvelle avancée !
    en t=attendant ce roman a l’air très intéressant…

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    • C’est vrai que très souvent je suis attirée par des romans qui traitent du rôle et de la place de la femme, je ne le fais pas toujours exprès, il y a sans doute une part d’inconscient dans mes choix.
      Le roman de Gaëlle Josse, je ne peux que te le conseiller c’est un très beau roman !

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  19. je viens d’en terminer la lecture, j’ai aimé cette femme que son père aurait aimé garçon et en a finalement adopté les rêves…

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  20. Bonjour,
    J’ai profité de sa sortie en poche pour le lire, et j’ai aimé ce côté intimiste.
    Le point de départ du roman est un procédé très efficace, de donner vie à la silhouette d’un tableau, donner la parole à une femme qui serait restée anonyme.
    La phrase que vous citez a été ma préférée du récit : à n’être plus désirée, ai-je encore un visage ?
    Je suis votre blog depuis longtemps mais n’avais jamais commenté, il est dans mes favoris 😉

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    • Bonsoir Amélie, merci pour votre commentaire et merci de suivre mon blog 😀 !
      Ce roman de Gaëlle Josse m’avait également beaucoup plu, la forme du journal notamment que j’affectionne et ce monde du commerce maritime à une telle époque. Cette femme encore, délaissée, méconnue.
      Je suis ravie qu’il vous ait plu et vous remercie d’être venue me le dire.
      A bientôt, j’espère.

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à vous....