Sur les pas de George Sand : Nohant (épisode 1)

Quelques jours après ma lecture du roman d’Ella Balaert, mon mari et moi avons pris la route de Nohant pour un petit séjour en amoureux. Trois jours en Berry, sur les pas de George Sand. Je n’étais plus retournée à Nohant, depuis au moins dix ans. Après trois heures de route, contre 26 au temps de Sand, nous avons commencé notre visite par la Mare au Diable. Au bout d’une allée cavalière, la mare au diable nous est apparue boueuse et assez décevante même si semble toujours planer l’ombre du roman de Sand.

Au temps de Sand, la mare était beaucoup plus grande comme le montre le dessin de Maurice Sand (fils de George), mais par la suite elle fut coupée en deux. Aujourd’hui, la mare est souvent quasi à sec, c’est une mare naturelle qui dépend des précipitations. Pour conjurer les mauvais esprits, et selon ce qui est dit dans le roman, il faut jeter dans la mare, de la main gauche trois pierres et de la main droite faire un signe de croix. Dans ce pays de légendes, mieux vaut suivre les recommandations.

Après un bon repas et une bonne nuit dans une chambre d’hôte à Vic, à quelques tous petits kilomètres de chez Sand, nous partions, sous une pluie battante, vers Nohant. Depuis ma dernière visite, une grande librairie a ouvert, et une exposition des marionnettes de Maurice est accessible. La maison n’a pas changé, et c’est toujours, pour moi, une grande émotion que de passer le portail bleu.

Nous étions une dizaine de personnes lors de la visite. Malheureusement je n’ai pas eu l’autorisation de faire des photos, les règles se sont un peu durcies semble-t-il. Mais quel bonheur de parcourir les couloirs et les pièces de cette maison où Sand a vécu, de se dire que là, ou là se sont croisés Chopin, Delacroix, Flaubert, Balzac ou Dumas. Dans la salle à manger une table fictive est dressée qui rassemble ces noms célèbres, et on se plait à imaginer leurs conversations. Dans le salon, les portraits de famille recouvrent les murs, ceux de Sand, bien sûr, mais aussi de son père, de ses enfants et petits enfants. J’ai repensé au roman d’Ella Balaert, qui rend si bien compte de leurs occupations lors de longues soirées. Les pièces se succèdent, et il règne une atmosphère un peu magique, et l’étrange sensation que, peut-être, au détour d’un couloir, Sand va surgir. J’aurais aimé plus de détails, d’anecdotes de la part de la guide, mais pour moi, c’était surtout un bonheur d’être là, entre ses murs : sa cuisine, sa chambre, les portes capitonnées de la chambre de Chopin, le placard de Sand ou son bureau avec ses grands placards dans lesquels elle rangeait sa documentation.

Après notre visite nous sommes bien évidemment allés au petit cimetière familial. C’est un lieu assombri par un grand sapin au centre. Les tombes les plus anciennes sont simplement recouvertes de lierre, comme rendues à la nature, les croix sont penchées, et il règne une atmosphère presque gothique.

Sur la première photo : à gauche la tombe de Maurice Dupin, père de Sand, et à droite celle de sa grand-mère. Sur la deuxième photo, à gauche la tombe de Jeanne (Nini), la petite fille chérie de Sand morte à l’âge de 5 ans, et à droite celle de Solange Sand, fille de Sand. Toute la famille est réunie ici, dans ce petit carré de nature auquel on accède par une simple petite porte en bois peint. La tombe de Sand, monumentale, se repère immédiatement, au centre, sous le grand sapin :

J’imagine toujours le moment de son enterrement : Flaubert en larmes, Maurice totalement abattu et Hugo faisant son oraison funèbre. J’imagine le drame que cette mort a dû provoquer aussi dans ce tout petit village, et il semblait voir tout autour réuni aussi les paysans et les villageois attristés par la mort de cette grande dame.

Nous avons enfin fait un tour dans le parc, trempés par une pluie persistante, mais il me fallait quelques photos pour immortaliser cette visite.

La maison de face (le point noir c’est moi!) et la maison de dos donnant sur le parc et les deux grands cèdres plantés lors de la naissance de Maurice et de Solange. On aperçoit la haute fenêtre de l’atelier de Maurice, qui, hélas, ne se visite pas, tout comme celui de Delacroix qui, depuis, a été transformé en appartement (dire qu’il y a des gens qui vivent dans l’ancien atelier de Delacroix !!!).

Pour nous réchauffer, nous nous sommes réfugiés à librairie, je vous passe mon hystérie en découvrant la réédition de plusieurs romans de Sand pour beaucoup introuvable. De quoi remplir mon sac de voyage.

Demain je vous raconterai nos visites sur les pas des romans de George Sand.

Billet écrit dans le cadre du Challenge George Sand et du Challenge Romantique.

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48 Commentaires

  1. Je partage totalement ton enthousiasme pour la librairie qui s’est ouverte à Nohant : elle est remplie d’ouvrages – et d’objets – très judicieusement choisis. C’est un vrai plaisir d’y faire un tour. La dernière fois je crois que j’en ai rapporté la BD illustrant « Mauprat »…mais que de choses tentantes !
    Sinon pour la Mare au Diable, encore d’accord avec toi, l’endroit est plus que décevant. Le charme est rompu.

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    • Je n’ai pas vu la BD sur « Mauprat » ! ce qui est merveilleux est de trouver la réédition de plusieurs romans introuvables ! tu as remarqué que j’ai craqué sur tous les marque-page dispo et autres babioles.

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  2. C’était donc là que tu avais « disparue » ces derniers jours!! De bons moments à ce que l’on peut voir.
    Bises

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  3. Je l’ai vue cette maison mais il y a trop longtemps! Aussi la visite que tu nous fais faire est très agréable.

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  4. quievreux anne

     /  avril 30, 2015

    C’est bon de s’y retrouver; petite précision: le « sapin » est un if.

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à vous....