J’entends parler d’Irène Némirovsky depuis de nombreuses années, et il a fallu la suggestion de Violette, du Club des Lectrices, pour que j’ai enfin l’occasion de la lire.
Irène Némirosky a été déportée et est morte à Auschwitz en 1942. Elle avait déjà écrit et publié plusieurs romans avant sa déportation, dont Jézabel paru en 1936. Plusieurs de ses oeuvres, dont le célèbre Suite française, sont parus à titre posthume depuis les années 2000.
Jézabel est le portrait d’une femme, Gladys Eysenach, femme d’une grande beauté. Le roman s’ouvre sur son procès. Elle est accusée d’avoir tué un jeune homme d’une vingtaine d’années, Bernard Martin. Pendant toute la première partie, nous suivons le procès de cette femme dont on se sait encore presque rien et qui nous est présentée à travers les témoignages des différents témoins venus à la barre. La deuxième partie est un long flash back revenant sur son histoire et sur les causes et circonstance de ce crime.
Gladys est obsédée par la jeunesse et par la beauté. Elle a une définition très précise de la féminité qui se résume à être belle, élégante et à être aimée. Très vite, elle va cacher son âge et va finir par contrôler toutes les personnes autour d’elles : sa fille, mais aussi les différents hommes qui vont partager sa vie.
Gladys est une femme égoïste, manipulatrice, dissimulatrice qui a un besoin immense de plaire, d’être remarquée. L’usage du temps sur elle, la pousse de plus en plus dans le mensonge et la manipulation, l’entraînant à des actes et à des décisions épouvantables pour préserver le secret de son âge.
Le titre est bien sûr à expliquer, car Gladys est une Jézabel moderne. C’est une femme méchante et rusée. D’après mes recherches, elle manipula son mari pour exterminer toutes les prophètes et hommes du Dieu d’Israël. Elle ne reconnaissait que sa propre religion, montrant ainsi une grande intolérance. Elle finit dévorer par les chiens.
Léon Comerre, Jézabel dévorée par les chiens, 1878
Nul doute, qu’Irène Némirovsky en intitulant son roman Jézabel, place Gladys sous l’égide de cette femme, reconnue comme la femme la plus méchante de la Bible. Vouant un culte irraisonné à la beauté et à la jeunesse, elle va peser sur le destin des personnes qui la côtoient.
Ceci dit, qu’en est-il du roman ?
Ce n’est pas une grande révélation, je l’avoue. Tout d’abord parce que j’ai trouvé beaucoup de répétitions et quelques longueurs, venant certainement du fait que ce personnage, anti-héros par excellence, n’a entraîné presque aucune empathie chez moi. J’ai eu du mal à concevoir cet excès, voire cette folie, pour le culte de la jeunesse et de la beauté, pour ce caractère égoïste et froid. J’ai également trouvé que ce roman datait un peu et, en cela, il m’a fait penser à Belle de Jour de Kessel. Toutefois, le traitement est intéressant ici et la première partie sur le procès m’a beaucoup plu et je crois que j’aurais mieux aimé que Némirovsky en fasse l’objet de tout le roman. J’ai trouvé le flash-back narratif plus conventionnel.
Je ne suis pas parvenue réellement à savoir si Némirovsky ressentait elle-même une certaine empathie pour son personnage. Gladys incarne la beauté du diable, elle est une femme fatale au contact de laquelle on se brûle et sa fille, Marie-Thérèse est sans doute sa plus innocente victime.
Quoiqu’il en soit, Irène Némirovsky fait une analyse très juste de la psychologie de Gladys. Elle montre parfaitement le passage du temps, les angoisses de Gladys, sa folie, ses outrances, et l’écriture est juste et belle. Ce n’est donc pas, pour moi, un grand roman, mais il n’entache pas mon envie de lire d’autres roman de Némirovsky. Peut-être serai-je plus séduite par La Suite française.
Roman lu dans le cadre du Club des lectrices et du challenge Justice.
Asphodèle
/ décembre 14, 2012J’avais assez envie de commencer par « Le Bal » plutôt que Suite française mais qui sait ? Ce n’est pas à l’ordre du jour ! 😆
les Livres de George
/ décembre 14, 2012J’ai beaucoup entendu de « Le bal » aussi, je le lirai sans doute, mais je dois déjà lire « une suite française » pour le Prix des Lectrices !
Delphinesbooks
/ décembre 14, 2012Tu as très bien résumé mon avis. Je n’ai pas écrit mon billet car comme toi, la seconde partie (au contraire du procès tout comme toi) m’a presque ennuyée et que je n’ai pas vraiment su qu’en penser. Et puis la bourgeoisie..
les Livres de George
/ décembre 14, 2012Ah tu me rassures, j’avais peur d’être la rabat joie 😉 ! Vivement qu’on en parle ensemble dimanche !
Bianca
/ décembre 14, 2012Je n’ai jamais lu cette auteure mais je ne commencerais pas par ce livre je pense qu’il va m’ennuyer aussi
les Livres de George
/ décembre 14, 2012Je vais continuer ma découverte avec « Suite française » !
evilys2angel
/ décembre 14, 2012J’ai lu « Suite Française », il y a bien longtemps, et j’en garde un bon souvenir. Par contre, je ne me sens pas du tout attirée par « Jézabel ». J’ai vraiment besoin de pouvoir éprouver un minimum d’empathie pour le personnage central d’un livre… Sinon j’ai du mal à avancer dans les pages 😉
les Livres de George
/ décembre 14, 2012Ce fut en effet pour problème + des répétitions, mais j’ai toujours très envie de lire « Suite française » !
Marie
/ décembre 14, 2012J’avais beaucoup aimé Suite française aussi. Je trimballe depuis plusieurs semaines Chaleur du sang dans mon sac, mais je n’en ai lu que la préface, dans laquelle Jézabel est justement évoqué. Les quelques lignes à son sujet ne m’avaient pas trop donné envie de le lire.
les Livres de George
/ décembre 15, 2012J’ai l’impression que ce type de personnage est assez fréquent dans ses romans.
Tchoucky
/ décembre 14, 2012J’encourage toutes celles qui hésitent à lire « Le Bal ». J’ai découvert Irène Némirovsky avec lui, et je pense que c’était un très bon livre pour commencer. Il a une unité, une simplicité et une profondeur qui touche profondément. Les mêmes thèmes y sont abordés, cependant.
les Livres de George
/ décembre 15, 2012Merci pour ton conseil, en effet ce roman est souvent cité et il est fort possible que je finisse par le lire aussi !
marion
/ décembre 14, 2012C’est un roman que j’ai à plusieurs reprises pris en librairie puis reposé avant d’arriver à la caisse. Il y’avait un petit quelque chose qui me gênait dans les pages que je feuilletais vite fait. Peut être comme tu le dis, le fait que l’on ne ressente que très peu d’empathie pour le personnage.
les Livres de George
/ décembre 15, 2012C’est aussi intéressant un personnage qui ne provoque pas d’empathie, mais c’est plus difficile. Ici le style soutient l’édifice.
Mango
/ décembre 15, 2012Je viens de terminer » Le Bal », premier roman de Némirovsky que je lis et je suis sous le charme! Tant de cruauté chez une mère et sa fille! Un style limpide. J’en ai fait un coup de cœur! Je veux vraiment continuer à lire cette romancière trop vite et trop scandaleusement disparue!
les Livres de George
/ décembre 15, 2012Décidément ce roman revient beaucoup dans les commentaires ! Dans « Jézabel » la relation mère/fille est aussi terrible.
liligalipette
/ décembre 15, 2012Pour ma part, j’ai adoré la déconstruction/reconstruction du personnage. On en parle demain ! 🙂
les Livres de George
/ décembre 15, 2012Je t’avoue que je ne perçois pas trop la reconstruction du personnage, pour moi on est plutôt dans une destruction. On verra ça demain.
zazy
/ décembre 15, 2012J’ai lu suite française à sa sortie, mais je crois qu’il faudrait que je le relise. Je mélange 2 auteurs et ça me dérange !!!
les Livres de George
/ décembre 17, 2012Tu confonds avec qui ?
Laurence (Lolotte)
/ décembre 16, 2012j’ai lu suite française il y a longtemps et j’en garde le souvenir d’un bon livre.
les Livres de George
/ décembre 17, 2012J’ai hâte de le lire, j’en entends tellement de bien !
Chaplum (@chaplum)
/ décembre 16, 2012Comme beaucoup, j’ai lu Le Bal que j’ai vraiment beaucoup aimé (mais pas fait de billet)
les Livres de George
/ décembre 17, 2012A force de voir « le bal » conseillé dans les commentaires, je l’ai commandé 😉 !
Yuko
/ décembre 17, 2012Un auteur que je découvre même si tu n’as pas l’air très enthousiaste…
les Livres de George
/ décembre 17, 2012Pas très enthousiaste sur ce roman-ci mais je pense que je le serai davantage sur d’autres !