« Et rester vivant » Jean-Philippe BLONDEL

Hier il s’est passé ce qui ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. J’ai ouvert un roman et je ne me suis pas arrêtée de lire jusqu’à la dernière phrase. D’une traite. J’en suis sortie dans un état étrange, l’impression d’avoir pleurer intérieurement, d’en avoir les yeux rougis, et pourtant non, je n’ai pas pleuré, j’ai même ri. Le plus difficile va être de vous en parler le mieux possible. Et avant tout de vous expliquer la présence de cette vidéo.

Lloyd Cole and the Commotions est un groupe qui a bercé mon adolescence, notamment grâce à un ami de mon frère (dont j’avoue j’étais secrètement amoureuse!) qui m’avait fait une petite cassette, pour cette voix dont Blondel parle si bien dans son roman, et…. oui je l’avoue… pour ce physique de Dieu vivant ! Or, il y a quelques mois, j’ai aperçu une vidéo de Lloyd Cole sur le mur FB de Jean-Philippe Blondel, j’ai laissé un petit commentaire de groupie, et Jean-Philippe Blondel a eu la gentillesse de m’envoyer un message pour me dire que cette chanson, Rich, tournait en boucle car il écrivait un roman et que ce futur roman avait quelque chose à voir avec Lloyd Cole et cette chanson en particulier. Depuis j’attendais la sortie de ce roman avec impatience.

Mon blog étant très influent (dois-je signaler qu’il s’agit d’un trait d’humour?), j’ai eu le bonheur de recevoir ce roman en avant-première (oui car il vous faudra attendre septembre pour vous le procurer!). Je l’ai posé délicatement à côté de l’ordi, en attente. Et puis hier, je suis allée écouter en postcast, un entretien de Blondel sur France Culture datant du 9 de ce mois-ci. Et là j’ai compris que je ne pouvais pas le laisser comme ça en attente, ce roman. Alors je l’ai ouvert….

Dans ce roman, Jean-Philippe Blondel a choisi de raconter une période fondatrice de sa vie. A quatre ans d’intervalles, il va perdre sa mère, son frère et son père, dans deux accidents de voiture consécutifs, et devenir orphelin à 22 ans. Évènements invraisemblables, que tout écrivain n’aurait jamais osé intégrer dans un roman : « ça n’arrive jamais, ce genre de choses. Même dans les romans. Il y a une limite à l’indécence quand même. » (p.27), et que Blondel raconte, justement, comme pour prouver que la vie est bien plus compliquée qu’un roman. Pour tenter de se sortir de la torpeur du choc, le narrateur/auteur emmène ses deux amis, Samuel et Laure, en Californie. Le but ultime, pour le narrateur, est de pousser jusqu’à Morro Bay, dont, justement, Lloyd Cole parle dans sa chanson. Au volant d’une Thunderbird, ils vont traverser l’état Californien, rencontrer des personnages qui vont petit à petit les amener sur la bonne route. Car, histoire de compliquer la situation, avant la nouvelle de la mort du père, Laure et le narrateur devaient se séparer, et Laure semblait décider à préférer les bras de Samuel. Mais l’amitié a été plus forte que l’imbroglio sentimental. Toutefois dire tout cela, ce n’est pas dire grand chose, c’est juste vous situer l’intrigue. Car l’intérêt du roman va au-delà.

Sans jamais tomber dans un pathos condescendant, Blondel nous entraîne avant tout dans les pensées du narrateur. Aux scènes de la vie californienne, viennent s’intégrer des souvenirs de ses parents, de son frère, du passé et d’un avenir qui n’existe plus. Petit à petit on fait connaissance avec cette famille qui ne va se réduire qu’à un seul être, perdu, désorienté, ivre de liberté, mais bien embarrassé de cette liberté. J’ai  suivi ces déambulations géographique et mentale avec passion, sans doute parce que, tout cela, l’impression de voir la vie en gris, le sentiment absurde des catastrophes, je connais un peu (peut-être beaucoup), et que trouver dans les mots d’un autre ceux que l’on cherchait pour soi, c’est toujours un miracle. J’ai pensé aux miens perdus, à mon adolescence, à mes enfants et à leur avenir, j’ai pensé à mon homme, orphelin lui aussi,j’ai pensé que j’avais atteint l’âge où mon père est mort, j’ai eu comme une montée de souvenirs et en même temps une sorte de bien être de faire le chemin avec ce roman, avec Lloyd Cole dans les oreilles. Certains romans aident à vivre, et ce roman-là est de ceux-ci, pour moi. Car en plus de me plonger dans ma propre conscience, ce roman est parvenu à me faire rire, et j’ai oscillé entre l’émotion et le rire, un peu comme dans la vie.

La voiture, objet sans doute central dans ce roman, est à la fois une métaphore de la vie mais aussi de la mort. Car si elle provoque la mort de la famille, et elle est aussi celle qui remet le narrateur sur la route. Et quand le narrateur saisit le volant, on sait qu’il est sorti d’affaire… ou presque. Oui presque, parce qu’il a fallu plusieurs années avant d’en arriver à ce roman.

Je devrais écrire un mail à Lloyd Cole. Je commencerais par « Tu vois, Lloyd, un jour, j’y suis allé, à Morro Bay ». Un jour, j’en suis revenue aussi. Et après, la vie a repris ses droits. (p.242)

Et je viens d’apprendre par Jean-Philippe Blondel himself, que le mail… a bien été envoyé et qu’il est LA ! Pour ceux qui seront tentés par la lecture de ce roman, vous trouverez ICI le premier mail envoyé à Lloyd !

Dirigée par Herisson

STAR 2 par Liyah

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45 Commentaires

  1. Salim

     /  janvier 5, 2012

    Hello, suis tombé sur votre blog en faisant défiler des photos de  » celui qui a bercé mon adolescence « , je veux parler de Loyd Cole, et voici que j’ apprends qu’ un roman ( Blondel, je cours de ce pas m’ informer à son sujet lol ) , de surcroît d’ actualité ( enfin … à l’ heure ou j’ écris … ) serait en corrélation avec l’ idole de mes 20 ans ?!?
    Est-ce possible ?
    Pourrais-je en savoir davantage ?
    Euh … je reformule … quoi Lloyd Cole, un boukin de Blondel, et le tout dans le cadre d’ un blog de Littérature où j’ aperçois la non moins divine George Sand !!! …
    Je veux en savoir plusss ! lol
    Thank you !
    ( PS-  » On the SummerRain We Will Begin Again … Again  » )
    🙂

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  2. j’avais découvert JPBlondel avec le baby-sitter , depuis j’attendais de retrouver une aussi belle émotion, pas déçue ! grace à votre blog , j’ai la confirmation que c’est bine une histoire vécue et c’est d’autant plus touchant
    de clic en clic : nous avons des lectures communes et j’ai aimé vos billets .et envié votre rencontre :o)
    je me permet de vous citer vers Claudie GALLAY ( j’ai pu bavarder avec elle dans une médiathéque , c’est un moment vraiment très riche) et aussi Anna RAGDE une finlandaise , 2 auteurs dont je suis fan ( en ce mement !)

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  3. J’adore les livres de Jean-Philippe Blondel, et je suis précisément en train de lire celui-ci.
    J’aime beaucoup tout ce que tu en dis.
    Pour moi, ce récit autobiographique explique beaucoup (si ce n’est tous) des thèmes que j’ai trouvés dans ses autres livres. C’est donc un plaisir à lire !

    Très bon été à toi !

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à vous....