« 1Q84, Livre 1, Avril-Juin » Haruki Murakami

1Q84 est le troisième livre de Murakami que j’ai lus après le très beau Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil et le recueil de nouvelles Après le tremblement de terre. D’autres siègent dans ma PAL en attente. 1Q84 a déjà fait couler beaucoup d’encre, et je crains de n’être pas très originale dans mon billet.

Le roman alterne un chapitre pour chaque personnage principal : Aomamé et Tengo, la première est prof de taï chi et élimine les hommes violents envers les femmes, le second est prof de mathématiques mais aussi écrivain pas encore publié. Deux personnages, deux destins en parallèle.

Les romans de Murakami oscillent souvent entre réalité et imaginaire, on ne peut pas parler véritablement de fantastique, juste une intrusion de l’imaginaire qui transcende alors la réalité. Il faut donc se laisser porter, accepter l’étrange, l’incongru et la beauté malgré une réalité contingente, violente et sexuelle.

Ce roman est une magistrale mise en abyme à plusieurs niveaux. La référence au roman 1984 est bien évidemment claire comme de l’eau de roche, d’autant que Murakami le cite explicitement dans son roman, mais si Orwell a fait de son roman un roman futuriste, puisqu’écrit en 1948, Murakami, quant à lui, réécrit le passé en faisant basculer le monde dans un univers parallèle qui s’immisce petit à petit, par touches, l’air de rien alors même que, le lecteur sent le renversement.

Mise en abyme donc, intertextualité évidente, mais aussi mise en abyme à l’intérieur même de son roman. En effet Tengo va devoir réécrire le roman d’une jeune fille étrange, roman onirique dont certains éléments vont venir contaminer le monde d’Aomamé. Mais Murakami va encore plus loin, puisque, Tengo va également rédiger son propre roman en réemployant certains éléments communs au roman de la jeune fille et au monde d’Aomamé. Roman dans le roman dans le roman, prouesse narrative qui n’est pas redondante et qui attise la curiosité. Car ce livre n’est que le premier tome d’une trilogie, il pose donc les bases de l’intrigue.

Ce premier tome est une belle promesse pour les tomes à venir, même si je trouve dommage que le tome 3 ne soit pas encore disponible (sortie prévue en mars 2012). Les personnages ont une densité, et un intérêt qui font que je me suis attachée à eux et qu’il me tarde d’entamer (mais il faut avant que je l’achète) le tome 2. Le style de Murakami que l’on perçoit dans la traduction est poétique, suggestif et s’il ne se passe finalement pas de coups de théâtre révolutionnaires, j’ai été embarquée dans ce monde étrange dont j’ai bien envie de percer le mystère.

En dehors de la construction même du roman, la croisade d’Aomamé et de la vieille dame qui l’engage pour se débarrasser des hommes violents, présente un intérêt en plus à l’intrigue, qui frôle alors le polar. Le roman évoque donc la violence faite aux femmes d’une façon intéressante sans tomber dans la sensiblerie ou l’apitoiement puisque Aomamé est une femme libre, et forte, sorte de justicière japonaise qui manie le pic à glace bien mieux que Sharon Stone.

Lu dans le cadre du Challenge Dystopique, du Challenge Romans sous influences, du Challenge 1%, du Défi Mia et du Star 3.

Merci à Rémi

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64 Commentaires

  1. Désolée, je reviens t’embêter :p Pourquoi as-tu fait rentrer ce roman dans le challenge dystopique ? Pour moi ce n’est pas du tout de la dystopie. Le roman d’Orwell en est certainement (je ne l’ai pas lu mais je sais de quoi ça parle) mais pour celui-ci je ne suis point d’accord :p

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    • Pour moi il s’agit d’un dystopie dans ce premier tome, avec les Little People qui semblent bien menaçants et semblent vouloir établir un monde où règnent la violence (viol, meurtre…), et l’image de cette secte qui présente une communauté autour d’un chef tout puissant ! peut-être que les tomes suivants démontreront le contraire !

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  2. Prune

     /  novembre 7, 2011

    @George, Mélo a aussi laissé un commentaire chez moi pour signaler que 1Q84 n’avait rien d’une dystopie. qu’en penses-tu ?

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    • j’ai répondu à Mélo un peu plus bas ! certes les deux lunes donnent un aspect poétique, mais les Little People semblent être menaçants et cruels, le monde imaginaire auquel ils appartiennent semble proche d’une dystopie, mais peut-être que le tome 2 dira le contraire ! et puis la référence au roman d’Orwell me porte aussi à croire qu’il s’agit d’une dystopie !

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      • Pour moi ce tome 1 n’est pas un genre dystopique 🙂
        Même si on y parle de secte avec un gourou et les little people, la société dans laquelle vivent les personnages est la nôtre en 1984 et le genre est pour moi contemporain/fantastique seulement.
        A la limite, on peut dire que la communauté sectaire est dystopique mais ce n’est pas l’ensemble du roman. Et encore, apparemment chacun est libre de rester dans la secte ou d’en partir si j’ai bien compris.

        Bref, ça ne vous dérange pas que je lance un sondage sur ma page facebook pour avoir l’avis des autres personnes qui l’ont lu ?

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        • C’est une bonne idée de poser la question sur Facebook ! en réfléchissant, il m’est revenu aussi que dans le monde d’Aomamé la police est équipé d’armes, il y a donc un système répressif important qui correspond aux dystopies ! mais je suis curieuse de savoir ce que les autres en pensent ! j’ai soulevé un lièvre donc !

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  3. Mais chez nous aussi la police est équipée d’armes ^^ Aucun système répressif plus que notre société à nous 😀

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  4. Je ne m’y connais pas en armes 😀 mais je pense que nous avons le même genre d’armes policières en France !!
    Et puis même si les armes et les uniformes ont changé (dans ttes les sociétés on en change ^^), il n’y a rien qui m’a fait pensé à une dystopie et à système répressif poussé ou à une société totalitaire ! Na :p

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    • Peut-être mais dans le roman avant le basculement dans 1Q84, ils n’étaient pas armés ! pas totalitaire, là je suis d’accord, mais il faut aussi prendre en compte les Little People et la secte qui incarne une société pas franchement exaltante !

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  5. Si ils étaient armés avant le basculement dans 1Q84, les armes ont simplement évolué. Du moins c’est ce que j’ai compris et les armes évoluent dans tous les pays.
    Les Little People et la secte ne sont pas suffisants pour moi pour faire rentrer ce roman dans le genre dystopique. 🙂

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  6. Un avis sur ma page de quelqu’un qui est catégorique…
    http://www.facebook.com/pages/Les-mots-de-M%C3%A9lo/120888517941600

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  7. Je suis contente que tu sois aussi emballée car ce roman suscite la polémique en ce moment !

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    • Ah bon ? Quelle est la polémique ?
      Tiens Manu puisque tu es là, tu trouves qu’il rentre dans le challenge dystopique, toi ?:p

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    • De quelle polémique parles-tu ?
      En tout cas oui j’ai beaucoup aimé et j’attends Noël pour avoir le Tome 2 !

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      • Ben la polémique bien/pas bien.
        Euh, pour le challenge dystopique, je ne crois pas être la bonne personne vu mon manque de connaissance dans ce domaine. Désolé les filles 😉

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        • C’est un univers assez particulier donc je peux comprendre que certains n’aient pas été séduits ! Pour la dystopie pour moi ce premier tome y repond, un peu comme le roman d’Ishiguro « Auprès de moi toujours » !

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  8. Je n’ai lu qu’un titre de cet auteur et cela m’a laissé un souvenir mitigé (pour ne pas dire carrément embrouillé ! mdr !). Du coup, j’ai un peu peur de son oeuvre mais là, c’est une trilogie qui me tente bien … mais dans le doute, ce sera un emprunt à la biblio plus tard, quand les fans s’en seront repus et que le tome 3 sera sorti !

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à vous....