Herminie est une courte nouvelle, parue une première fois en 1845 sous le titre Une Amazone, puis une seconde fois en Belgique en 1858 sous le titre actuelle.
Edouard Didier jeune homme élégant et sachant profiter de sa jeunesse, s’installe dans un petit appartement. Comme tout jeune homme de son époque, il côtoie quelques femmes faciles, fréquente les bals de l’Opéra. En face de son appartement, au-delà de la cour intérieure, vit une jeune femme brune, aux yeux bleus. Un soir au bal de l’Opéra, il se fait accoster par une femme déguisée en Domino, qui lui avoue son amour, mais exige de lui une soumission exemplaire, le contraignant au silence et à la fidélité exclusive.
Dans un avant-propos très court, Dumas explique : un des plus grands malheurs de la vérité, c’est d’être invraisemblable. (p.15). Cette nouvelle aux accents romantiques de la deuxième période, joue sur les motifs de la passion amoureuse, et de la femme fatale. Herminie intrigue, et Edouard est plus attiré par ce mystère que par la femme elle-même. Amour dangereux qui isole l’homme dans sa passion, amour dont le châtiment sera terrible.
Le premier titre de cette nouvelle rend bien compte de ce qu’est Herminie : jeune fille élevée par un père militaire déçu de n’avoir pas eu de fils, qui apprit à monter à cheval et à se servir de pistolets comme un diable, elle n’a rien de la douceur et de la compréhension féminine et en cela se distingue de l’autre figure féminine de la nouvelle, Marie. Il n’y a pas dans la façon de traiter cette histoire, d’effusion de sentiments, si Edouard est intrigué et charmé, Dumas, souvent ironique face à son héros, montre bien que le jeune homme n’est pas amoureux, alors qu’Herminie aime pour la première fois, mais de façon froide et calculé, comme ayant dressé un plan de bataille. Est-ce à dire que son éducation de garçon a gommé en elle les sentiments propres à son sexe face à l’amour ?
Cette nouvelle bien ficelée, dont on devine cependant les évènements avant qu’ils ne surviennent, se lit avec intérêt, ne serait-ce parce qu’elle m’a permise de renouer avec la langue du XIXème, et l’ambiance de cette époque. Le personnage d’Herminie est aussi intéressant, puisque la jeune femme incarne une certaine liberté due à son statut d’orpheline riche, mais aussi parce qu’elle préfigure ces femmes fatales de la fin du XIXème, même si, contrairement à ses descendantes, l’homme ne meurt pas de trop aimer mais bien de ne pas aimer assez.
Comme Marie est le pendant d’Herminie, Edmond est le pendant d’Edouard, ne serait-ce que par la proximité de leur prénom. Mais si l’un réussit en amour et socialement, le pauvre Edmond est ce que l’on appellerait aujourd’hui un looser, échouant en tout. Peu de personnages donc, mais des figures qui, mises ensemble, permettent de donner à la nouvelle une densité passionnante.
Lu dans le cadre du Challenge Alexandre Dumas
Merci aux Editions Galaade, Il était une fois la femme, pour cette découverte.
Asphodèle
/ octobre 13, 2011Tu as dû t’amuser au moins ! Mieux vaut un bon vieux classique qu’une nouveauté alléchante mais…frelatée, pfff ! En lisant ton billet, je me dis que ce que Dumas trouvait « invraisemblable » était en devenir dans les moeurs de l’époque ! pourquoi ce serait toujours la femme qui serait faible, hein ? On se demande ! 😉 Excellent ton jeudi pour dévorer d’une traite quelques pages supplémentaires, je me prends au jeu… (je cherche mes liens par contre !)
les Livres de George
/ octobre 13, 2011Contente que ça te plaise, et puis ça permet de baisser la PAL 😉 ! j’attends tes liens !
Delphinesbooks
/ octobre 13, 2011Je réalise que le livre dont j’ai parlé aujourd’hui aurait pu entrer dans ta catégorie, sauf que je l’ai lu hier en fait !!
les Livres de George
/ octobre 13, 2011peut-être la semaine prochaine 😉 !
Giny
/ octobre 13, 2011Ton article donne envie de mieux connaître cette Herminie. Comme j’aime beaucoup Dumas, je vais le noter dans ma liste.
les Livres de George
/ octobre 13, 2011Et tu verras l’éditions est très sympa !
Asphodèle
/ octobre 13, 2011Je te laisse le lien de : Le chien qui a vu Dieu de Dino Buzatti (Folio >Jeunesse-82 pages).
http://leslecturesdasphodele.wordpress.com/2011/10/06/le-chien-qui-a-vu-dieu-de-dino-buzzati et je vais chercher le 3 ème, ce doit être aussi un jeunesse ! Tu as pris celui d’aujourd’hui ? ou_ on te le laisse systématiquement sur le billet « un jeudi, un livre » ?
les Livres de George
/ octobre 13, 2011Tu peux laisser les liens sous le billet chaque semaine ! sinon la récap est en page tout en haut de la page d’accueil !
Lolotte Bazar
/ octobre 13, 2011Je n’aimes pas trop les nouvelles mais là, tu me tentes …
les Livres de George
/ octobre 13, 2011Celle-ci m’a bien plu, et puis j’aime tellement le XIXème ….
Evilysangel
/ octobre 13, 2011Honte à moi! Je n’ai jamais lu de Dumas!… Même pas « Les trois mousquetaires »… hihi Je ne savais pas qu’il avait écrit des nouvelles non plus…
les Livres de George
/ octobre 13, 2011Il a écrit énormément, c’est fou et comme souvent on n’en connait pas la moitié 😉 !
valou
/ octobre 13, 2011tu n’es pas la seule rassures toi 😉 !
Tiphanie
/ octobre 13, 2011Il me semble que je l’avais repéré chez Will 🙂
les Livres de George
/ octobre 14, 2011Je ne sais pas ! ce sont les éditions Galaade qui me l’avaient envoyé, il y a un bout de temps !
valou
/ octobre 13, 2011Intéresante nouvelle en effet, peut-être arriveras-tu à me lancer dans du Dumas en me lançant des billets aussi alléchants…mais bon laisse moi passer ce mois, avec mes livres de chez Babelio et Price, et ensuite je me consacre aux autres romans, dont Wilkie Collins et Wynd 😉 qu’il me tarde de débuter …
les Livres de George
/ octobre 14, 2011Tu as déjà beaucoup à faire ma pauvre Valou… mais comme je participe au challenge Dumas tu risque en effet d’en voir passer 😉
valou076
/ octobre 14, 2011ce n’est pas un problème, je suis tellement contente d’avoir ces sorties littéraires chez moi que ça ne me gêne pas de cumuler, cumuler…
les Livres de George
/ octobre 14, 2011c’est marrant moi non plus ça ne me gêne pas de cumuler, cumuler, cumuler etc.
Syl.
/ octobre 14, 2011Jamais lu et une grande envie de le faire maintenant…
les Livres de George
/ octobre 14, 2011ça fait toujours du bien une petite plongée dans le XIXème 🙂
Sharon
/ octobre 14, 2011Le XIXe siècle, je suis en plein dedans avec mes 4e. Je me demande si une des mes classes est normale. Je leur ai donné L’étrange cas du docteur Jekyll et de myster Hyde et ils sont ravis, ils ont commencé à le lire et ils aiment bien.
les Livres de George
/ octobre 14, 2011mais ce sont des perles tes élèves 😉 !!
Jean-Philippe
/ octobre 16, 2011Dans cette nouvelle ce qui me plait le plus, c’est la première traversée de planche d’Édouard. La plume de Dumas y est légère et pleine de sous-entendus. On ne peut que sourire.
Merci encore pour cette excellente analyse. 🙂
les Livres de George
/ octobre 17, 2011j’ai beaucoup aimé l’ironie de Dumas envers son personnage !
Merci pour ton passage !
Mia
/ octobre 17, 2011Salut, je voulais savoir si tu poursuivrais « Un jeudi, un livre » et si je pouvais participer de mon côté, dis moi si ce « petit partenariat » te tente, bises !
Céline
/ octobre 31, 2011Rho tu me tentes … Je suis en train de faire la peau de mon google reader : après 1000 articles parcourus où je ne note rien dans ma LAL, il faut que j’arrive sur ton blog pour en ajouter 4 ! Vile tentatrice 😉
les Livres de George
/ novembre 1, 2011Je pense que tu devrais aimer cette nouvelle de Dumas… quels sont les 3 autres ?
Astrid
/ décembre 13, 2011Alexandre Dumas ne m’attire pas du tout mais peut-être un jour…
les Livres de George
/ décembre 14, 2011rhooo c’est bien pourtant Alexandre Dumas !!!!
Astrid
/ décembre 14, 2011J’ai tellement d’autres livres à lire avant et qui m’intéressent plus que je ne sais pas si je lirai un jour Dumas (en plus « parait-il » il avait un nègre).
Ankya
/ novembre 19, 2013Astrid, je me permets de répondre à ton message 🙂 Oui il avait un « nègre », mais c’était monnaie courante à l’époque si j’ai bien compris. J’ai eu l’occasion de lire les mémoires de la Princesse de Metternich (femme de l’ambassadeur d’Autriche à l’époque de Dumas) et dedans elle parle d’un dîner durant lequel Dumas a inventé une histoire avec plein de rebondissements (genre les trois mousquetaires). Il n’écrivait pas tout de sa main, certes, mais ses idées sont bien de lui. (quoi j’essaie de te faire apprécier Dumas ? heuuu… je suis démasquée 🙂 ) Hahaha, cela étant, comme tu le dis, il y a tant de livres à lire, autant déjà commencer par ceux que l’on est plus sûrs d’aimer !
Ankya
/ novembre 19, 2013Il y a tant à découvrir chez Dumas 🙂
Ankya
/ novembre 19, 2013Ou l’art de déterrer de vieux billets… (le challenge continue en 2014 au fait ^^)