« La Princesse de Clèves » Madame de Lafayette (1678)

J’avais un vague souvenir de ce roman lu pendant mes années de fac de lettres, comme j’ai toujours un vague souvenir du film avec Marina Vladi et Jean Marais… les circonstances m’ont amenée à le relire. Faisant passer des oraux de bac blanc de français, je me mets à relire mes classiques, et j’avoue que c’est très agréable. Je les prends différemment, mes connaissances littéraires étant plus vastes qu’elles ne l’étaient il y a maintenant plus de 20 ans (et oui, le fuite du temps…), il me semble que je redécouvre ces romans.

On se souvient de la polémique sur ce roman, du badge créé l’an dernier au salon du Livre du Paris (et que par malchance je n’avais pu trouver), mais je repense aussi à Pennac répondant au lycéen cherchant à connaître l’intérêt de lire La Princesse de Clèves aujourd’hui. Y-t-il toujours un « intérêt » à lire un livre? C’est la question que je  me pose finalement. Pour moi, mais Maupassant l’a dit bien avant moi, la littérature ne sert à rien de concret, elle n’a pas d’utilité concrête et tant mieux… Lire La Princesse de Clèves c’est donc seulement lire une histoire exemplaire, et peut-être, mieux comprendre la tradition romanesque… parce que, comme le disent les historiens de la littérature, ce roman se présente comme le premier roman moderne de la littérature. Plongeant les personnages dans une réalité historique récente (le règne de Henri II), ce roman, dit d’analyse, suit les désordres amoureux de la jeune Princesse de Clèves tombée sous le charme du beau M. de Nemours… Alors c’est vrai, on est un peu perdu au début par tous ces noms de Rois et Reines, de Duc et autres Vidames, par ces récits dans le récit, par ces termes désuets de la Préciosité et de la Carte du Tendre, il nous faut quelques pages pour prendre nos marques, mais, et c’est sans doute la magie de ce roman, il m’a touchée, il m’a fait revivre des sentiments oubliés, des émois d’étudiante… plus de 320 ans plus tard, ce roman conserve sa force… on peut regretter quelques invraisemblances, que les contemporains de Madame de Lafayette lui reprochaient déjà, on peut trouver cela trop parfait (tous les personnages sont magnifiques, glorieux…), mais que nous dit finalement Madame de Lafayette (et en ce jour de Saint-Valentin, ça tombe bien….) que la passion est éphémère, car trop absolue, et qu’elle ne peut durer dans le mariage… qu’il faut un amour raisonnable mais durable plutôt que les feux de la passion… Constat pessimiste? je l’ai cru longtemps, mais aujourd’hui je ne le crois plus… Ce M. de Clèves est sans doute l’homme le plus digne d’amour du roman, et Madame de Clèves le découvre trop tard, malgré les avertissements de sa mère, malgré les récits dans le récit, seule sa propre expérience de la passion lui feront comprendre son erreur.

Un beau roman donc, à redécouvrir…

NOTE: 7,5/10

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38 Commentaires

  1. Je me suis enfin décidée à le lire, et j’ai beaucoup apprécié, je regrette même d’avoir attendu si longtemps pour le lire! Je reconnais aussi que le constat de départ que les couples mariés sont les seuls à ne pouvoir s’aimer avec passion est pessimiste mais finalement l’histoire est si belle qu’on en oublie ce constat.

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