Jeu d’écriture !

Madame Kevin organise un jeu qui devrait vous plaire et qui, me concernant, m’a enthousiasmée. A partir d’une photo, laissez voguer votre imagination et écrivez un petit texte. Ensuite laissez un commentaire sur le blog de Madame Kevin et votre texte viendra s’ajouter aux autres visibles sur un blog dédié à ce jeu

Voici ma participation,à partir de la photo suivante :

« Un jour d’automne à Paris »

Te souviens-tu de ce jour d’automne à Paris, quand nous déambulions le long de la Seine… le ciel était gris et froid et notre histoire suivait le mouvement des feuilles mortes… De ce jour, de cette grisaille, que nous reste-t-il finalement? le sentiment de la perte, de l’oubli, de tant de jours ensoleillés qui venaient mourir sur le bitume parisien un jour d’octobre.
Nous avons erré longtemps dans les rues, parlant peu, nous frôlant parfois comme nous le faisions à nos débuts, avec timidité et angoisse. Nos mains maladroitement se cherchaient encore, nos regards déjà se fuyaient.
Inconscients, nos pas nous menaient dans ces lieux qui avaient bercé notre amour. Comme un pèlerinage, une façon de boucler la boucle…. c’est comme cela que nous avons atterri au petit bistrot  de la place Saint-Michel, tu sais ,pas très loin de la Conciergerie. La terrasse était encore dressée… comme tu voulais fumer nous nous y sommes installés … les feuilles mortes recouvraient le trottoir et je ne pouvais m’empêcher de penser que ce jour serait le dernier …. je voulais tout retenir, tout mêler, passé et présent… nous nous étions si souvent retrouvés ici, en d’autres saisons plus riantes.
A la table du coin à gauche, nous nous y étions assis la toute première fois. Légèrement en retrait, elle avait l’avantage de protéger notre premier rendez-vous. J’avais mis ma petite robe noire, toute simple, mais je ne t’avais pas dit le temps infini que j’avais mis pour me décider… pantalon, jean, jupe, robe, haut manches courtes, manches longues, sans manche… j’étais arrivée en avance, mais cachée dans la librairie d’en face j’avais attendu de te voir arriver pour à mon tour venir m’installer. Nonchalamment, tu as posé ton paquet de clopes sur la table carrée… tes cheveux étaient balayés par le vent et te donnaient un air endormi… quand tu m’as vu ton sourire a jailli…
La table du centre, celle noyée au milieu des autres, s’est parfaitement prêtée aux plus beaux jours de notre amour. Fiers de nous, de ce que nous vivions, sûrs de l’avenir, conquérants, nous n’avions plus peur de nous montrer ensemble.  Petit à petit nous étions devenus des familiers des serveurs, nous connaissions leurs prénoms, nous nous permettions quelques largesses et quelques familiarités. Tout en nous témoignait du lien qui nous unissait. Nos jambes s’entremêlaient sous la table, nos chaises étaient côte à côte, comme jumelles.
Celle que nous avons choisie finalement, ce jour d’octobre, était solitaire, et triste. Les feuilles d’automne au pied des chaises annonçaient déjà l’hiver. Nos chaises n’étaient plus mêlées, elles se faisaient face, comme dans un duel. Le silence s’était installé entre nous, lourd et pesant, comme nous ne l’avions jamais connu. Nous ne reconnaissions plus les serveurs, c’était notre café et ce n’était plus vraiment le nôtre. Nos regards ne se rencontraient plus, nos mains ne se frôlaient plus, nous n’avions soudain plus rien à nous dire, ou des mots résolument définitifs. Nous nous séparions irrémédiablement, nos corps s’espaçaient… tu as reculé ta chaise pour étendre tes jambes… je te sentais mal à l’aise, gêné soudain.
C’est moi, qui ai mis fin à tout, à notre rendez-vous ultime et à notre histoire. Nous nous sommes levés, avons repoussé nos  chaises. Sur ce trottoir humide, une dernière fois tes lèvres ont frôlé mes joues. Tu es parti très vite, sans te retourner. Ton long manteau noir t’enveloppait et me cachait ton corps. Je suis restée encore quelques minutes debout devant ce café. Une bourrasque de vent a fait tournoyer les feuilles éparses autour de nos chaises. J’ai remonté le col de mon manteau, et je suis partie… j’ai quitté la place Saint-Michel, sa fontaine, le métro m’a engloutie…
Te souviens-tu de ce jour d’octobre où nous avons cessé de nous aimer ?
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8 Commentaires

  1. C’est une sacrée bonne idée. La longueur du texte peut être d’une dizaine, voire d’une vingtaine de lignes?

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    • leslivresdegeorgesandetmoi

       /  janvier 23, 2010

      Je pense que oui, il n’y a rien de précis concernant la longueur! alors tu te lances ?

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  2. Oui, je crois que je vais participer. C’est faisable d’ici le 2 février.

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    • leslivresdegeorgesandetmoi

       /  janvier 24, 2010

      C’est largement jouable !j’ai écrit le moins en trente minutes, portée par l’inspiration ! bon courage 😉

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  3. Et bien je vois que tu as participée… Tu es plus rapide que moi…

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  4. Merci, vraiment, de relayer sur ce blog qui met Pessoa en exergue et exprime si bien la passion de la littérature. Je confirme qu’il n’y a pas une contrainte de longueur.

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  5. Je file voir ça sur le dit-blog pour connaître les règles et je reviendrai lire ton texte ! 😀

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  6. Maintenant que j’ai publié mon texte je peux revenir lire le tien. Il est très agréable, se lit très facilement, ça coule tout seul, très sympa…

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