Suite à cette merveilleuse émission sur Daniel Pennac dont je vous ai parlée, je n’ai pas pu résister au plaisir de lire Chagrin d’école. J’ai retrouvé l’ambiance, le ton, les remarques amusantes, la façon très particulière qu’a Pennac d’évoquer son métier de prof de français.
Pennac aborde l’école sous l’angle du cancre… angle intéressant et original qui lui permet de revenir sur son propre parcours à la fois de cancre et de prof de cancres ! Aussi ce texte est à la fois un texte autobiographique et un essai sur l’école. Mais l’originalité de Pennac tient aussi à son propre style.
Plusieurs passages de Chagrin d’école m’ont renvoyée à l’émission de France 5, on retrouve les mêmes anecdotes et le même esprit. Mais le texte va plus loin. Véritable étude du cancre, ce livre m’a enthousiasmée parce qu’il va à l’encontre de tout ce que l’on peut entendre sur la question, et tente surtout de trouver des solutions. Sans tomber dans la démagogie, Pennac nous fait part de son expérience, de ses réussites, mais aussi de ses échecs qui sont de véritables douleurs d’enseignant… incontestablement ce livre nous donne envie d’enseigner, comme Marèse donne envie de faire des bébés !
J’ai ri, j’ai eu la larme à l’oeil, bref j’ai vécu ce texte, et cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps! Comme le précédent, j’ai trimbalé celui-là partout, provoquant des sourires amusés de voyageurs dans le RER en m’observant lire et rire (quelle belle rime !)
Je ne peux résister au plaisir de vous livrer un petit extrait :
Le comble étant que, dans les classes de banlieue où les professeurs m’invitent, une des toutes premières questions que me posent les élèves regarde la crudité de mon langage. […] On s’en « branle » à l’oral, on s’en « bat les couilles » à longueur de récré, on « nique ta mère » à tire-larigot, mais trouver le mot « couille » ou les verbes « branler » et « niquer » noir sur blanc, dans un livre, quand leur place ordinaire est sur les murs des toilettes, alors ça…!
Pennac n’est pas dupe de lui-même. Quand parfois son texte semble trop idyllique, frôle la démagogie, surgit le Pennac cancre d’autrefois, sa mauvaise conscience, et s’engage alors un dialogue entre le Pennac rédigeant son livre et le Pennac cancre du temps de son enfance, le Pennac qui peine à lire, qui a peur de se tromper, qui se fait virer de ses écoles…
Plusieurs réflexions m’ont intérressée, notamment cette défense de l’internat qui permet au cancre de ne plus mentir à ses parents, qui n’a plus peur de trouver des excuses pour cause de devoirs non faits… la peur, voilà le sentiment principal du cancre, sentiment à la source de tout…
J’ai trouvé intéressant aussi ce qu’il dit sur le par cœur. Apprendre des textes par cœur pour s’approprier véritablement le texte, pour bien le comprendre, pour faire sien Rousseau, Montesquieu, mais aussi Woody Allen… J’avais une prof de stylistique qui citait de mémoire des textes entiers, elle venait sans aucun livre, et illustrait son cour de citations qui émergeaient de sa mémoire. Cela me fascinait… Il faudrait donc s’y mettre !
Enfin vous l’aurez compris c’est un livre à lire et sans doute à relire !


NOTE : 9/10
