
Lola ne parle plus depuis ses 10 ans. Subitement , un matin, elle a arrêté de parler, comme ça d’un coup et malgré les nombreux rendez-vous médicaux, rien d’anormal n’a été constaté. Alors ses parents et ses deux frères, les terribles, Tic et Tac, comme on les surnomme, l’ont accepté et ont fait avec. C’est pendant le premier confinement, que Lola découvre la cuisine, s’y intéresse et décide, pour sa Seconde, d’intégrer le lycée professionnel Suzanne Bonneval. Sa brigade est composée de 6 élèves, elle comprise, mais très vite Lola sait qu’ente elle et Louna, ca ne va pas passer. Heureusement il y a le beau Mattéo, le gentil Georges, Medhi qui joue au mec de banlieue. alors qu’il n’y vit pas et puis Louise. Enfin, il y a leur prof de cuisine : Galina Ketling, surnommée Le Bosco, terme désignant un maître d’équipage sur des voiliers. Très vite, Lola montre de grands talents de cuisinière. Mais une sélection au jeu de téléréalité Sur le grill spécial apprentis va révéler les rivalités dont Lola va être la victime.
J’avais très envie de découvrir ce roman, sa 4ème de couv. m’a séduite mais m’a un peu trompée aussi car finalement le concours ne démarre vraiment que dans la dernière partie du roman. Je m’attendais à ce que ce thème soit présent d’entrée comme dans ce roman que j’avais beaucoup aimé : La Meilleure d’entre nous de Sarah Vaughan chez Préludes, qui n’était pas un roman destiné aux adolescents mais qui reposait sur ce même thème. Bref.
Le concours est cependant présent et entraîne le ressort principal de l’intrigue. L’auteur s’est d’ailleurs amusé avec le chef Yvan Keredec, sorte de double fictionnel de Philippe Etchebest. On peut voir une autre référence entre le destin du père de Lucie et celui du chef Bernard Loiseau. Le thème de la cuisine est bien traité et n’est pas qu’un prétexte : j’ai trouvé intéressant que Hervé Jubert ancre son roman dans un lycée professionnel et valorise ainsi cette filière montrant des adolescents investis. On y vante les produits et les plats du terroir et de saison. D’ailleurs chaque lycée sélectionné s’ancre dans une région, celle du lycée Bonneval est le Périgord. Le lecteur découvre ainsi des plats régionaux.
Concernant les personnages : j’ai apprécié la cheffe, Le Bosco, personnage d’abord présentée comme une cheffe exigeante voire redoutable, mais qui se montre finalement, avec sa pédagogie un peu particulière, et sous sa rigueur un peu extrême, une professeur remarquable.
La petite Lola est aussi très attachante. Et on apprendra sur la fin les raisons de son mutisme. On la suit tout au long de cette année scolaire pleine de rebondissements, une année où elle va sortir quelque peu de sa bulle, va découvrir les premiers émois amoureux, l’amitié. En cela le roman se présente aussi comme un roman d’apprentissage.
Si tout cela m’a plu, j’ai moins été emballée par une intrigue annexe : les épisodes avec la Chinoise Noa qui m’ont paru quelque peu improbables. Si cela permet quelques rebondissements, j’ai trouvé qu’ils rompaient un aspect réaliste du roman qui me plaisait. Il y avait sans doute plus vraisemblable et plus pertinent mais c’est peut-être mon regard d’adulte qui parle. Pour finir sur les aspects moins positifs, j’avoue n’avoir pas bien compris les interventions d’un narrateur que j’ai du mal à définir. Est-ce l’auteur ? Ou est-ce un personnage qui se révèlerait plus long dans le roman ? Finalement je n’ai pas eu une réponse très nette, même si je penche pour l’auteur. En fait, je trouve que ces interventions ne servent à rien et effectivement l’auteur n’en fait rien de concret.
Mais ne restons pas sur une note négative, car dans l’ensemble, ce roman se lit avec plaisir et rapidement et je suis sûre qu’il peut séduire de nombreux adolescents. Tous les passages sur la vie au lycée et sur le concours sont vraiment réussis, et j’ai beaucoup aimé aussi les personnages de Lucie et de sa mère, mais je ne peux pas vous en dire plus sans top révéler l’intrigue.