
Chambre 2 est un roman qui est dans ma PAL depuis quelques années. J’avais du mal à le sortir à cause de son sujet qui me touche personnellement, mais parallèlement je savais qu’il allait me plaire, il me fallait juste le bon moment pour lui faire prendre l’air. Pourquoi me suis-je enfin décidée, je ne sais pas trop, juste que je me sentais prête.
Béatrice est auxiliaire de puériculture dans un hôpital au service maternité. Tous les jours, elles enchaînent les chambres par numéro et chaque chambre renferme une femme qui vient d’accoucher, mais chaque femme vit cette naissance différemment : la joie côtoie le drame. Alternativement, un chapitre sur deux, on découvre aussi le passé de Béatrice. Danseuse dans un groupe, elle était en plein accord avec son corps, dansant presque nue. Très vite s’établit un lien entre son passé et son présent, dans ce rôle qu’elle endosse, pour être normale, mais dans lequel elle se sent à l’étroit car elle ne peut s’empêcher d’être empathique avec les femmes qu’elle visite. Incapable de se lier avec ses collègues dont le discours est creux et parfois tellement loin de ce qu’elle ressent pour les patientes, elle n’ose cependant faire valoir son opinion.
Ce roman est sur la maternité, sur toutes les maternités : celles qui se passent bien mais surtout celles qui se passent mal, celles dont on parle si peu. Il y a la femme de la chambre 2 qui a perdu un de ses jumeaux et qui n’a depuis jamais quitté sa chambre d’hôpital, celle qui ne veut pas regarder son bébé de peur qu’il ne meurt comme le précédent … Chaque porte qu’elle pousse raconte l’histoire d’une naissance, mais aussi l’histoire une femmes face à la maternité.
Chambre 2 est un roman important, parce qu’on ne parle pas suffisamment des drames de la naissance et de ces femmes qui subissent ces drames, la perte de leur enfant, mais aussi de ces femmes atteintes dans leur corps. Car au-delà du drame de la perte d’un bébé, Julie Bonnie raconte ce paradoxe étrange de donner la mort en donnant la vie et des répercussions sur la mère. A travers ses visites souvent rapides, Béatrice perçoit la détresse, la dépression, la douleur de la perte dans cet univers froid qu’est l’hôpital. Si au début l’histoire de Béatrice m’a moins intéressée, j’y ai cependant été de plus en plus sensible au fil des pages et quand le lien s’est fait, j’ai trouvé fabuleux ce personnage de femme brisée, et qui se raccroche sans cesse aux souvenirs. Ces chapitres sur le passé de Béatrice apparaissent alors comme des bouffées d’air, même si la vie de Béatrice n’est pas exempte de drames.
C’est un beau roman malgré ce sujet douloureux, un roman qui révèle les vraies facettes de l’accouchement, qui écorche le mythe, un roman aussi sur le corps de la femme. Je le redoutais, il y a des passages qui m’ont fait l’effet d’un coup de poing, que j’ai ressenti au fond de mes entrailles, mais l’auteure use d’une plume qui jamais ne tombe dans le pathos, bien au contraire il y a quelque chose de poétique.
Roman lu dans le cadre du Challenge Lecture 2021 pour valider la catégorie 11 (Un roman qui comprend un nombre dans le titre). Retrouvez les catégories que j’ai validées pour ce challenge en suivant le lien.
Litterama (Les femmes en littérature)
/ janvier 20, 2021Je l’ai retrouvé également qui attend dans ma bibliothèque et je dois aller voir son adaptation au théâtre.
les Livres de George
/ janvier 31, 2021Je ne savais pas qu’il y avait une adaptation théâtrale… elle sera sans doute très intéressante.
noctenbule
/ janvier 21, 2021Un livre qui semble assez touchant.
les Livres de George
/ janvier 31, 2021Oui mais pas dans le pathos.
eimelle Toursetculture
/ janvier 22, 2021j’en garde un souvenir fort!
les Livres de George
/ janvier 31, 2021C’est un roman qui va aussi rester en moi longtemps.
missycornish
/ janvier 30, 2021Ah ça a l’air d’être un roman très émouvant. Je me souviens de ma grossesse, il y a deux ans et de la peur de perdre ma fille après avoir découvert qu’elle ne grandissait pas suffisamment vite dans mon ventre. Une copine avait perdu ses bébés alors qu’elle était enceinte en même temps que moi, j’avais été dévastée par cette nouvelle. Quel traumatisme cela doit être. Je ne peux l’imaginer.
les Livres de George
/ janvier 31, 2021Ce sont des drames dont on parle peu et qui pourtant sont bien plus fréquents qu’on ne le pense quand on commence à en parler autour de soi. C’est bien qu’il y ait des livres comme celui-là qui mettent les mots sur ces souffrances.