« L’Américaine » de Catherine BARDON

Je prends enfin le temps de rédiger ma chronique sur ce gros pavé qui fut le fil rouge de mon mois de mars. Publié aux éditions Les EscalesL’Américaine est la suite des Déracinés que beaucoup d’entre vous ont sans doute lu. Ce ne fut pas mon cas, mais cela n’a en rien influencé ma lecture, puisque ce second tome est essentiellement centrée sur Ruth et que les allusions au tome précédent sont suffisamment claires pour que la lecture se déroule sans que l’on soit perdu.

Nous sommes en 1961, Ruth quitte la république dominicaine pour New-York, à la fois pour suivre des études de journalisme et un stage au Times. Sur le bateau, elle rencontre Arturo, qui deviendra un ami fidèle. Issue d’une famille d’origine juive autrichienne ayant fui l’Autriche devant la montée du nazisme, Ruth est très attachée à son pays mais également très sensible à l’histoire de sa famille. A New-York, elle est hébergée par sa tante. Ce roman se propose également de donner un aperçu des Etats-Unis dans les années soixante.

L’Américaine est une sorte de fresque dans laquelle on suit pas à pas la jeune Ruth, mais sans pour autant délaisser totalement la République dominicaine où vit sa mère et qui subit des émeutes politiques. Ruth prend petit à petit ses marques, se monte une garde-robe digne d’une New-Yorkaise, fréquente la fac (pas assez à mon goût), fait son stage (enfin le suppose-t-on parce qu’on ne l’y voit pas souvent), mais surtout fait des rencontres, se pose beaucoup de questions sur ses origines et sur sa place dans le monde.

Çà et là, les événements clés de cette période sont évoqués : le discours de Martin Luther King, auquel elle assiste ; la mort de Marilyn ; les concerts des Beatles ; le début du Vietnam et des Hippies… Mais ces événements sont simplement évoqués, parfois en à peine trois lignes, si bien qu’ils peuvent apparaître comme énigmatiques.

Les passages concernant sa mère en République dominicaine sont sans doute ceux que j’ai préférés, tout comme l’évocation des souvenirs d’enfance de Ruth à Sosua, petit paradis de l’enfance. Mais ces passages sont malheureusement dans les marges de l’histoire de Ruth. Autant la personnalité de sa mère m’a intéressée, autant j’ai trouvé Ruth un peu inconsistante. Mon principal problème est le manque d’engagement, voire seulement de conscience politique ou même de réaction ou réflexions chez une jeune fille qui est censée faire des études de journalisme et un stage au Times et alors même que des événements majeurs se déroulent aux Etats-Unis. L’évocation des événements historiques, comme le discours de Martin Luther King, sont évoqués en dehors de la subjectivité du personnage et de tout ce qu’elle pourrait ressentir vis à vis de la cause défendue par le pasteur. Ruth est simplement émue par l’effet de foule…

Si je réfléchis bien, je me dis finalement que j’ai un petit problème avec ce personnage principal. J’ai été beaucoup plus attiré par le personnage d’Arturo, que je trouve plus attachant, plus complexe aussi. En lisant la 4e de couv. j’imaginais une jeune fille plus indépendante, plus forte, plus engagée aussi, une figure féminine moderne comme je les aime et j’avoue avoir été déçue. J’aurais adoré la voir évoluer au Times, qu’on me raconte, me décrivent les salles de rédaction, leur effervescence; mais aussi qu’on la voit davantage à l’université. Alors certes on l’y voit un peu au début, mais plus du coup au fil des pages. Même son choix, vers la fin du roman (choix que je ne vous dirai pas pour pas spoiler le roman), m’a laissé dubitative.

En dehors de ces réserves, et même si ma lecture a été interrompue à deux reprises, ce roman présente bien évidemment des qualités sinon je ne l’aurais pas terminé. J’ai aimé, comme je le disais plus haut, les ouvertures vers la République dominicaine, le lien d’amitié fort entre Ruth et Arturo, une certaine ambiance new-yorkaise bien rendue et, même si Ruth ne fut pas celle que j’attendais, ses interrogations sur ses origines et sur le lieu dans lequel elle pourrait enfin être elle-même furent intéressants.

Cet avis mitigé n’enlève cependant rien à l’envie de découvrir le premier tome qui est dorénavant dans ma PAL.

 

 

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18 Commentaires

  1. Au vu de ce que tu dis, et bien que je ne l’aie pas lu, j’imagine que tu préférerais Les déracinés… C’est vrai que Ruth se projette davantage dans son pays d’origine qu’aux Etats-Unis, ce qui peut expliquer cette frustration que tu as ressentie vis à vis de la peinture de ce pays.

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  2. Je n’ai pas lu le 1er tome non plus, je ne l’ai même pas dans ma pal, par contre celui-ci m’attend et j’espère l’apprécier plus que toi

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  3. Bon j’ai acheté les déracinés aujourd’hui ! J’espère que ça me plaira 😊. Je note tes bémols sur la suite.

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  4. Alors tu va adorer le personnage d’Almah dans Les déracinés. Pour le coup c’est une femme forte et déterminée, une figure de Sosua.

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  5. Je lirai Les déracinés en poche dans un premier temps, pour découvrir la plume de l’auteure…. Elle était hier à Montaigu, nous en avons parlé avec Antigone (nous avions toutes les deux envie de la découvrir….. Elle a craqué moi non…… enfin pas pour celui là mais pour d’autres :-))

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  6. aifelle

     /  avril 7, 2019

    Je n’ai rien lu de cette auteure et tu me donnes plutôt envie de me tourner vers « les déracinés ». Je vais attendre l’avis d’Antigone puisqu’elle l’a acheté hier 😉

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  7. Je n’ai pas encore attaqué L’Américaine mais j’ai trouvé Les Déracinés vraiment passionnants sur le contexte et l’épisode historique (avec un souffle romanesque qui ne gâche rien) ; j’ai un peu peur d’être moins accrochée par la suite mais nous verrons cela prochainement.

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    • J’ai l’impression que Les Déracinés me plaira davantage… affaire à suivre, je le lirai sans doute cet été. Hâte de connaître ton avis sur L’Américaine !

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  8. Je n’ai pas encore lu « Les déracinés » qui fait l’unanimité chez les membres de mon club de lecture qui l’ont lu. Je vais faire passer l’info qu’il existe une suite.

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  9. Ce n’est pas gentil ce que je vais dire mais j’ai eu un avis mitigé à chaque livre lu de chez Les Escales. Du coup, je me méfie toujours des livres de cette maison d’édition qui pourtant ont toujours des couvertures sublimes. Je vais donc passé mon tour !

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