Je savais que Victor Hugo avait eu des obsèques nationales, je savais qu’une foule immense, incroyable, avait suivi le cortège, j’avais même vu des images, donc quand j’ai découvert ce roman racontant précisément ses funérailles j’ai eu envie d’en savoir plus. Judith Perrigon se propose donc de décrire dans le détail et en s’appuyant sur des documents historiques, à la fois les derniers jours de Victor Hugo, les préparatifs des obsèques jusqu’au Panthéon (ou plutôt jusqu’à l’église Sainte Geneviève débarrassée de ses signes religieux pour complaire aux volontés de Victor Hugo d’un enterrement civil) et le jour J. L’aspect romanesque est peu développé, et c’est tant mieux, j’avais un peu peur d’une hagiographie du grand homme. Il n’en est rien, le style est clair et présente les faits comme ils se sont déroulés même si certains personnages sont inventés, ils incarnent les différents partis qui se sont affrontés durant ces quelques jours.
Le roman s’ouvre donc sur les derniers jours de vie de Victor Hugo. Alité dans une chambre plongée dans l’obscurité, le grand homme est entouré de ses proches. L’atmosphère y est feutrée. Au dehors, au contraire, dans les rues de Paris, la foule commence à se masser au pied de l’immeuble, rue Victor Hugo. Les autorités s’inquiètent de cette foule mouvante et grossissante. C’est qu’on ne pleure pas seulement l’auteur, on pleure celui qui s’opposa à Napoléon III, on pleure le député, on pleure celui qui défendit l’amnistie pour les Communards et qui œuvra le peuple.
Sa mort réactive les idées anarchistes, communardes ou « simplement » révolutionnaires. On envoie des espions dans les réunions de ces groupuscules, pour prendre le pouls car on craint des émeutes, à tel point que les funérailles sont fixées un lundi et non un dimanche pour que le peuple travailleur ne puisse venir.
C’est toute cette effervescence qui se lit dans ce roman, certes très documenté, mais aussi plaisant à lire. On sent cette fièvre qui monte dans les rues de Paris, les enjeux politiques aussi, voire surtout.
Mais on sent également la grandeur de l’homme, le poids qu’il a eu sur un peuple, sur notre pays, sur la littérature. Et on imagine quelle émotion la mort de cet homme a pu entraîner. Comment imaginer Victor Hugo mortel ? Qui aujourd’hui aurait une telle influence ? J’ai souvent pensé en lisant ce livre aux obsèques de Johnny Hallyday et à la foule qui les a accompagnées. Pour constater à quel point notre société du spectacle a pris le pas sur la société des idées et de la culture du XIXe siècle.
Un roman qui fait donc aussi réfléchir sur notre époque …
Delphine Olympe
/ janvier 19, 2019Oui, un livre qui donne à réfléchir. Les « grands hommes », ceux qui font germer les idées, bouger les foules ne sont plus les mêmes aujourd’hui…
les Livres de George
/ janvier 19, 2019Et ces derniers mois encore plus, malheureusement !
Karine:)
/ janvier 19, 2019J’aime bien ce que fait Judith Perrignon avec l’histoire et ses figures marquantes. Du coup, pourquoi pas.
les Livres de George
/ janvier 20, 2019C’est mon premier roman de Judith Perrigon, il faudra que je regarde ce qu’elle a écrit d’autres.
aifelle
/ janvier 20, 2019Celui-là, je veux le lire depuis longtemps. Hé oui, l’époque a les grands hommes qu’elle mérite. Ce qui m’a choquée pour les obsèques de Johnny, c’est qu’en plus, on rendait un hommage national à un évadé fiscal notoire, mais faut-il s’en étonner …
les Livres de George
/ janvier 20, 2019On apprend beaucoup choses, notamment tout ce qui concerne les communards m’a vraiment intéressé.
Concernant Johnny, effectivement il y aurait beaucoup à redire 😦 !