Sandrine Kao est une auteure d’une trentaine d’années, que j’avais déjà rencontrée grâce à son roman ado : Le Banc, paru, il y a deux ans, chez Syros dans la collection « tempo+ ». Elle y abordait le racisme d’une bande de collégiens envers un jeune taïwanais. Dans ce nouveau roman, Le Pull, sorti dans la même collection en janvier dernier, Sandrine Kao aborde une autre forme de harcèlement que l’on peut croiser dans les couloirs des collèges.
Après la séparation de ses parents, Soline a dû quitter le Havre, son collège, son amie Lucille pour venir s’installer à Paris, avec sa mère et son petit frère Colin. Elle doit tout réapprendre, trouver de nouveaux repères mais Soline est d’une timidité maladive, incapable de se mettre en valeur, d’ailleurs, pour mieux se planquer, elle s’enfouit dans un grand pull difforme. Pourtant elle a bien tenté de faire des efforts. Lucille, son amie havraise, l’a poussée à faire des efforts vestimentaires. Mais en changeant son apparence physique, elle n’en a pas pourtant autant changé son caractère. Et puis, depuis qu’elle a rompu sa chrysalide, il y a ce mec qui se colle à elle et qui la regarde avec ce rictus malsain.
Sandrine Kao aborde ici un sujet sensible de l’adolescence, mais pas seulement de l’adolescence. Car ce mec qui lui met, l’air de rien, la main aux fesses, qui la pelote dans la file d’attente de la cantine, c’est le même qui se frotte à vous dans le métro aux heures de pointe. Soline imagine des scénarios pour le remballer, mais elle manque de courage et l’angoisse de voir apparaître ce rictus à chaque détour de couloir finit par l’obséder. Elle a beau se dire que ce n’est pas grave, qu’après tout il ne l’a pas violée, qu’elle ne sera pas prise au sérieux si elle en parlait, ce mec devient sa bête noire et elle s’enferme dans le silence.
Au fil des pages, le lecteur suit la descente en enfer de Soline, ses réflexions pour dédramatiser, d’autant qu’une fille de sa classe vit des moments bien plus graves qu’elle ; pour s’accuser de s’être mis en jupe, de s’être maquillée, d’avoir voulu faire la coquette . Le harceleur ne sera jamais nommé, il est le mec au rictus.
L’auteure, avec finesse, traite là un thème important et permettra aux jeunes filles de faire la part de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas. La lecture de ce roman coïncide avec l’actualité, puisque dernièrement la ministre Marisol Touraine veut lutter contre ce type d’attouchements dans les transports publics. Il me paraît important de sensibiliser les jeunes filles à ce genre de comportements masculins qui sont inacceptables et leur faire prendre conscience que leur corps ne doit pas être ainsi touché sans consentement, que cela constitue un délit et un crime qui peut être puni de 5 ans de prison.
Un roman essentiel donc à lire et surtout à faire lire (à partir de 12 ans).
Merci aux Editions Syros.
Sharon
/ mai 9, 2015Un sujet très important, dont il faut absolument parler.
les Livres de George
/ juillet 9, 2015Oui je suis bien d’accord !
Bianca
/ mai 9, 2015J’avais beaucoup aimé Le banc et ce roman m’intéresse bien, le sujet est important en effet
les Livres de George
/ juillet 9, 2015Cette auteure sait parler des sujets graves !
Violette
/ mai 9, 2015toi aussi tu es emballée !!
les Livres de George
/ juillet 9, 2015OUI !
Madame
/ mai 9, 2015Je ne connaissais pas je vais le lire! Merci pour la découverte (cela faisait longtemps ☺) Bon week-end
les Livres de George
/ juillet 9, 2015Tu me diras si tu as aimé !
Tiphanie
/ mai 10, 2015Je note. On parlait justement de ce genre de comportements avec ma collègue hier matin …
les Livres de George
/ juillet 9, 2015Il faudrait le mettre dans tous les CDI !
noukette
/ mai 18, 2015Une réussite ce roman !