« L’île des beaux lendemains » de Caroline VERMALLE

vermalle l'îleJ’avais aperçu cette jolie couverture de roman sur quelques blogs que je suis. Or, comme je vais avoir le plaisir de rencontrer l’auteure au Salon du Livre et que j’ai eu la chance de recevoir ce roman de la part des Éditions Belfond, je me suis mise à le lire lundi dans le cadre de mon petit défi perso à moi toute seule (4 jours/4 livres). Je l’ai lu en quatre heures et avec grand plaisir. Je ne connaissais pas cette auteure avant, ce fut donc une réelle découverte et une bonne surprise.

A soixante-treize ans, Jacqueline décide, un peu sur un coup de tête de rendre visite à sa cousine Nane, qu’elle n’a plus revue depuis 1953. Nane vit aujourd’hui sur l’île d’Yeu. Adolescentes, les deux femmes étaient très proches mais leur destinée fut différente. Nane a épousé l’homme de sa vie lors d’une belle fête, tandis que Jacqueline dut se contenter de Marcel et d’un mariage en petit comité. Jacqueline souhaite surtout renouer avec son passé, se réapproprier sa jeunesse, ses rêves d’alors.

L’originalité de ce roman tient d’abord dans le fait que le narrateur est un papillon qui, avec l’aide de ses amis et des vents, va nous raconter l’histoire de ces femmes et de leurs amours, mais aussi les mésaventures de Marcel qui compte bien descendre la Loire à la nage pour aller chercher sa Jacqueline. Si celle-ci est restée une belle femme aux allures distinguées, Nane n’est plus la jeune femme svelte de ces 26 ans, et pourtant la première a la sensation d’avoir manqué sa vie, l’autre au contraire l’a vécue pleinement. Les retrouvailles seront un peu houleuses au début, Jacqueline est un peu mal à l’aise, mais petit à petit, dans cette grande maison de Nane, dans laquelle plusieurs d’amis de passage sont venus chercher une solution, un remède pour mieux vivre, Jacqueline va finir par s’épanouir.

C’est un roman nostalgique et pourtant très optimiste qui nous fait envisager la vieillesse sous un autre angle. Certes le destin de Jacqueline pourrait être assimilé à un ratage, mais le message central de ce roman reste que, à tout âge, tout est encore possible si on en a la volonté et si on sait, comme le fait remarquer Nane à Jacqueline, se donner les moyens d’être heureux. Il faut croire au bonheur pour pouvoir le cueillir et la légèreté des papillons, la douceur ou la fougue des vents, la nature magnifique de cette île, les bons repas conviviaux vont permettre à Jacqueline de prendre conscience de l’importance de toutes ces choses.

Il ne faudrait pas croire que le ton soit condescendant et gnangnan. Bien au contraire. Caroline Vermalle dessine des personnages haut en couleur, comme Nane, femme autoritaire, un peu brusque dans ces méthodes comme savent l’être les Bretonnes. Un ton péremptoire, mais un grand cœur quand on apprend à les connaître. Même les personnages secondaires marquent leur présence comme cette voisine insupportable, mais tellement drôle : Mme Tricot. Jacqueline, plus froide, plus maladroite, plus sensible aussi, m’a touchée par son histoire : il aurait eu cinquante-six ans en février, mon enfant, ais ce sera toujours mon petit. Je lui parle, parfois. Je lui dis : mon pauvre petit chou. C’est idiot, quand même, à mon âge… (pp.193/194).

Outre l’histoire de ces deux femmes, il y a tout un arrière plan qui vient enrichir la trame principale. Que ce soit les enfants d’Afrique, l’histoire d’Arminda, mais aussi toute la vie de cette île d’Yeu que l’on découvre : les maisons aux jardins fleuris, l’ambiance insulaire si particulière, les sentiers de la côte sauvage, les produits de la mer… tout ce qui me fait aimer la Bretagne (bon OK on me murmure que c’est la Vendée, mais ce n’est pas grave, moi j’avais l’impression d’être en Bretagne!)

Il y a une légèreté dans ce roman, une façon d’envisager la vie au-delà même de la vieillesse et en même temps on ne peut oublier une certaine tristesse inhérente qui, à la fin, n’est plus subie mais que les personnes se sont appropriée et qui va leur permettre d’aller de l’avant. Le style incarne aussi cette légèreté. La valse des sentiments nous fait passer des sourires aux larmes, et je suis ressortie de cette lecture le cœur un peu plus léger. Que demander de plus ?

Roman lu dans le cadre du Challenge Ô vieillesse ennemie, Challenge Amoureux saison 3 (cat. amours contemporaines).

challenge o vieillesse ennemieChallenge Amoureux saison 3

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46 Commentaires

  1. N’hésite pas à lire L’avant-dernière chance! C’est une vraie merveille!!!

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  2. Il m’a l’air touchant ce duo de femmes, je me pencherais bien sur leur histoire 🙂

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  3. Bonjour George ! je découvre ton blog avec ravissement : supers critiques, et superbe présentation ! Je viens de faire une orgie de livres chez mon libraire, mais je mettrai celui-ci sur la liste de l’orgie du mois prochain, il me tente énormément ! Bonne journée !

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  4. Nane

     /  avril 2, 2013

    ce roman a l’air très beau … je le note sur ma liste pour la bibli !

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à vous....

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