« Un week-end en famille » de François Marchand

Le narrateur rend visite à ses beaux-parents dans une région reculée de la France, la Samouse. Région imaginaire qui cumule tous les inconvénients de la Province, vue par un Parisien. Ayant épousé Aurélie à Las Vegas, dans un moment d’égarement, le narrateur est embarqué, bien malgré lui, pour un week-end qui s’annonce très vite comme une vraie catastrophe.

Ce roman est le délire d’un homme addict aux médicaments (notamment le Zolpidem, sédatif-hypnotique qui s’avère avoir un effet totalement différent que celui souhaité!), un homme assez détestable, méprisant et largement misogyne, un Parisien de la pire espèce, ne supportant pas la médiocrité de la petite vie de Province. Le ton est donc passablement acerbe et très non-politiquement correct. Le récit de ce week-end est totalement déjanté et grinçant, les péripéties sont parfois à la limite du vraisemblable, mais cet humour noir a un certain charme et j’ai souvent ri à certaines remarques, notamment toute une réflexion sur Ikea : Pour se rabibocher avec sa femme, il y a une solution irrécusable : l’emmener chez Ikea (p.36).

C’est qu’au-delà de ce récit mordant, l’auteur trouve un merveilleux prétexte pour énoncer ses quatre vérités sur la société de consommation, la perte du spirituel et de la culture. Dans cette région, le seul divertissement des habitants se résume aux centres commerciaux, à ces grandes enseignes vendant des cuisines, des canapés et j’en passe. Le narrateur s’érige alors en pourfendeur de la Province, lieu déchargé de toute spiritualité et de toute culture, il endosse les habits d’un Croisé chargé d’évangéliser une région devenue sauvage: Plus de livres, plus de culture, plus rien. […] Vive la mort ! Pourquoi s’embêter à résister à son époque de débiles? (pp.36/37). L’excès du discours n’est là que pour mieux se dédouaner de quelques vérités, et une fois que l’on a compris cela le rire devient plus grinçant.

Satire sociale donc, une satire faite sur le mode de l’humour noir. Un roman qui se lit d’une traite. Nous suivons avec désespoir les tribulations de ce héros négatif, odieux, sans pour autant nous attacher aux autres personnages décrits comme de véritables crétins bouseux et sans cervelle. Roman sombre dont la fin nous donnera un certain éclaircissement et nous fait nous demander si le fou n’est pas finalement l’homme le plus lucide.

Roman lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée Littéraire 2012.

Merci aux Éditions du Cherche-Midi

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22 Commentaires

  1. Bon, alors, je le mets de côté, celui-là. Merci de m’aider à faire le tri dans cette rentrée littéraire. Bonne journée !

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  2. tu donnes vraiment envi de le lire!

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  3. J’avoue que je n’ai pas eu du tout le même ressenti de lecture. Je n’ai pas accroché du tout… L’humour noir ne doit pas être pour moi… En tout cas, je n’ai pas réussi à dépasser le grincement de dents à la lecture de ce livre… Comme quoi, tous les goûts…

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  4. Tiens, ça a l’air pas mal effectivement…

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  5. il a l’air intéressant mais je suis fâchée moi aussi avec l’humour noir, alors ce livre-là je crois ne sera pas pour moi

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  6. ah de l’humour noir, il y a des moments où ça fait du bien…

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  7. Pour l’instant il ne me tente pas vraiment …Même si j’aime l’humour noir, il me semble un peu caricatural !

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  8. encore un qui me tente bien…

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  9. j’ai bien envie de me marrer, alors je le note

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  10. J’aime bien l’humour noir, mais je ne me sens pas inspirée.

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  11. Je suis moins enthousiaste que toi… billet à venir!

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  12. Mouais. J’ai bien envie d’un roman drôle en ce moment et l’humour noir me convient généralement assez bien mais alors l’absurde et le décalé pas du tout. Je crois que ce roman n’est pas fait pour moi non plus. Il va falloir que je fouille encore dans la rentrée littéraire pour découvrir ma perle rare classée « humour ».

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  13. Je ne l’ai pas du tout, mais du tout aimé. Bises.

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