« George Sand à Nohant » d’Ella Balaert

Tout a commencé par un mail reçu, puis d’autres entre Ella Balaert et moi, des mails autour de George Sand, autour d’un roman achevé et qui allait paraître sur George Sand et Nohant, comme le titre l’indique. Et puis, plusieurs semaines après, j’ai reçu une enveloppe avec le livre à l’intérieur et une belle dédicace de l’auteur. Mais vous me connaissez, on ne m’a pas si facilement, avec moi, il faut faire ses preuves, et sans doute encore plus quand on me parle de George Sand. Cette après-midi, la maison était miraculeusement silencieuse malgré la présence des enfants, il pleuvait, il faisait froid, je me suis fait une tisane au miel pour adoucir ma gorge, me suis calée dans le canapé du salon et j’ai lu, et une heure plus tard, je refermais le livre achevé.

Il s’est passé cette chose étrange, cette impression que ces lignes lues, j’aurais pu les écrire tant elles correspondent exactement à ma vision de Sand, tant Ella Balaert a tout compris. Mais je n’aurais sans doute pas eu cette capacité à faire revivre Sand, Nohant, aussi bien. Une fois encore, comme ce fut le cas pour Blonde concernant Marilyn, le roman surpasse le biographique.

Un soir, une visiteuse se laisse enfermer dans le parc de Nohant. La nuit tombée, dans une atmosphère un peu magique, Balandard, marionnette créée par le fils de Sand, prend apparence humaine, en même temps que George Sand émerge de sa tombe. Durant toute une nuit, la marionnette va emmener la visiteuse, et Sand à leur suite, dans toutes les pièces de la demeure, et évoquer les souvenirs enfermés entre ses murs dans un ordre chronologique.

Alors oui, un peu comme pour le Titanic, je connaissais déjà tout ce qui a été évoqué, mais c’est là la prouesse de Balaert, même si on connaît l’histoire on la lit avec plaisir, car au-delà des faits racontés, des anecdotes, c’est la façon dont tout cela est dit, c’est la capacité à avoir compris et rendu ce que chaque évènement peut signifier sans tomber dans les lieux communs, qui est passionnant. Le roman s’apparente par moment au théâtre, au rêve et j’ai particulièrement aimé ces pages où l’auteur évoque toutes les personnes croisées dans le salon de Sand au fil des années.

Sand est là, vivante, on la sent, on l’entend, et le fait de reprendre en italique des extraits de sa correspondance ou de son autobiographie la rend encore plus présente. On entend son accent berrichon, sa liberté de ton, ses accents autoritaires. J’en avais des frissons.

Quant à Nohant, là encore l’évocation est parfaite, et j’ai revécu mes visites passées et déjà trop lointaines, je me suis revue dans le petit cimetière, devant le placard, dans la cuisine. Là aussi, Nohant est vivant, bruissant, les domestiques vont et viennent, les chiens nous passent entre les jambes.

Ce n’est pas une maison, Nohant. C’est un mythe. Une fiction. Un roman de plus à mettre à ton actif. C’est un lieu, et c’est un non-lieu : une utopie. L’Utopie sandienne. (p.75)

Ella Balaert a tout compris, c’est magistral. Elle nous donne le vrai visage de Sand, du moins celui sous lequel je l’imagine, mais ce n’est pas non plus une hagiographie et le personnage de Balandard est là aussi pour mettre l’accent sur les travers de Sand, même si cela énerve la romancière. Car ce roman n’est pas mièvre et doucereusement élogieux, il est souvent drôle, piquant, tout en étant sensible et intelligent.

Je pourrais encore continuer longtemps à vous parler de ce livre qui est une parfaite introduction à l’oeuvre de Sand. Tout y est et bien plus encore, et même l’épisode des confitures est traité avec humour. C’est une vraie réussite, c’est jouissif, oui je n’ai pas peur du terme car pendant une heure j’ai vraiment eu l’impression de rencontrer Sand, de me promener à Nohant à ses côtés et de la découvrir telle qu’elle devait être.

Il faut lire ce livre, et le faire lire car il dépoussière les lieux communs, il montre une George Sand moderne et vraie, rompt cette image idiote de Bonne dame de Nohant.

Ella Balaert a un site que vous pouvez également visiter pour en savoir plus sur elle et son oeuvre.

Roman dévoré dans le cadre du Challenge George Sand et du Challenge S.T.A.R 4

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48 Commentaires

  1. Un très beau billet si enthousiaste qu’il donne vraiment très envie de découvrir ce titre.

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  2. Je vais te suivre sur ce chemin

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  3. Superbe mise en bouche!
    Ces petits cailloux brillent d’un trop vif éclat: je dois aller voir…

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  4. Bonjour,
    j’ai enfin terminé la bio de Bloch-Dano la semaine dernière. Je descends chez mon voisin le libraire de suite pour le commander.
    Bonne fin de semaine.

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  5. Je vais me l’acheter aujourd’hui j’adore le principe de la personne qui se laisse enfermer dans le parc. A Nohant j’y suis allée 2 fois mais après la lecture de ce roman j’aurais envie d’y revenir. Merci pour cette info qu’il faut faire passer.

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  6. Ton billet est intéressant, tout comme semble l’être ce bouquin que je note. Merci !

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  7. Oh quel billet magnifique !

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  8. En lisant sur le blog d’Ella Balaert, ce billet, j’ai été plutôt intéressée, bien que je n’ai jamais lu de G. Sand avant, je dois bien avoir chez moi un de ses livres que que quelqu’un de ma famille a du lire pour une raison X ou Y. Mais je dois avouer que cette façon d’en parler m’a donné l’envie de lire ce livre ! C’est peut être un des futurs livres à lire pour moi … Un de plus parmi la vingtaine qui m’attends déjà.

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    • Bonsoir Erika, je suis heureuse que mon billet vous ait donné envie de lire le livre d’Ella Balaert qui est une très belle façon de découvrir George Sand. Sand a écrit beaucoup de romans très différents, je suis certaine que plusieurs d’entre eux devraient vous plaire ! Merci de votre passage sur mon blog et merci pour votre commentaire.

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      • Je me pencherais volontier sur la question, je suis toujours en quête de romans à découvrir, je pense que par votre blog, j’ai des chances de trouver celui qui me plairait le mieux 😉

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  1. L’avis d’A.C. Tessier, dans Les livres de George et moi « Le site d'Ella Balaert

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