« Les Charmes discrets de la vie conjugale » Douglas Kennedy

Troisième roman de Douglas Kennedy en cinq mois, mais dernier dans ma PAL. Après ma déception de Cet instant là, il me fallait vérifier certains points, et comme Marie m’avait proposé cette LC, je me suis dit que cela me permettrait de me réconcilier un peu avec cet auteur. Comme toujours en ce moment, je suis très en retard dans mes LC, je vais finir par accepter des LC sans m’engager sur une date précise mais sur le mois ! Tous les participants ont donc déjà fait paraître leur billet, et j’arrive enfin avec le mien !

Bien que le roman se lise aisément, comme une série télé américaine dont on suit les épisodes avec intérêt et plaisir, j’ai mis plusieurs semaines avant d’en venir à bout, mais cette lenteur a été due davantage à un rythme de vie un peu bousculé pendant deux semaines et non au roman lui-même.

Comme son titre l’indique, Kennedy s’intéresse ici au destin d’une femme mariée, Hannah Buchan. Le roman se divise en deux parties : l’une sur le début de son mariage en 1974, l’autre en 2003, Hannah a alors une cinquantaine d’années.

Comme dans La poursuite du bonheur ou Une relation dangereuse, voire même comme dans L’homme qui voulait vivre sa vie, Douglas Kennedy présente le mariage et la maternité comme un piège qui contraint ses héros à vivre une vie qu’ils n’ont pas forcément choisie, et dont ils doivent s’accommoder. Il livre donc une vision très désenchantée du mariage. Hannah s’est retrouvée mariée et mère trop jeune, enfermée dans une petite ville du Maine, avec un mari médecin, très occupé. Un soir, alors que son mari veille son père mourant loin du foyer, elle accueille un certain Toby  Judson, un anti-guerre du Viet-Nam, hippy, très engagé, et ancien élève de son père, qui partage les mêmes idées. Entre eux se noue une relation essentiellement physique, mais les choses vont se compliquer.

Au-delà de la simple intrigue « amoureuse », ce roman est aussi un roman qui ménage un certain suspens qui en fait son sel. L’empreinte historique est intéressante et Kennedy est assez critique à la fois envers Nixon puis, dans la partie en 2003, envers George Bush Jr. Il règle ses comptes avec le parti Républicain et l’Amérique puritaine et chrétienne. Hannah incarne au contraire le courant démocrate, l’Amérique du changement, mais engluée dans la bonne morale américaine contre l’avortement, l’adultère et fondamentalement patriote. Ce point de vue historique m’a beaucoup intéressée, tout comme la description assez précise de l’emballement médiatique tel que l’on a pu le vivre avec l’affaire DSK aux Etats-Unis, comment la télévision américaine fait et défait une réputation à coup d’émissions polémiques, et de harcèlements. Kennedy met en place une mécanique implacable qui entraîne son héroïne dans une situation impossible.

J’ai donc retrouvé le Kennedy raconteur d’histoire et metteur en scène diabolique, sachant mettre en place des rebondissements qui relancent la lecture, laissant des pistes ouvertes qui trouveront leur justification plus loin dans le roman. Contrairement à Cet instant là, je n’ai pas été ennuyée par le style, sans que celui-ci sont fondamentalement novateur, il est suffisamment juste pour que la lecture soit agréable et fluide. Pas non plus de clichés remâchés (mais il serait faux de dire que les clichés sont totalement absents), mais une réflexion intéressante sur les relations de couple et les relations parent/enfant, et cela sur deux générations : celle des parents de Hannah, et celle de Hannah vis-à-vis de ses propres enfants.

On peut regretter un certain sensationnel dans la succession des coups du sort qui frappent cette pauvre Hannah, voire certaines longueurs au début de la deuxième partie dans laquelle le récit et l’apparition de certains personnages secondaires ne trouvent pas encore de justification, et qui m’ont un peu désorientée, ne sachant plus vraiment où Kennedy voulait en venir. J’ai aussi noté que Kennedy reprend des mécanismes déjà employés dans les romans cités plus haut, et la présence des cigarettes, voire l’omniprésence, qui m’a immanquablement rappelé Cet instant là.

Sans être un coup de cœur, ou un roman révolutionnaire par son écriture ou son intrigue, il s’agit là d’un Kennedy qui se lit sans déplaisir, qui donne envie d’en savoir plus sur le destin de son héroïne, même si la fin en Happy End est un peu téléphonée.

Pour compléter mon avis, je vous laisse lire les avis de Marie et de Mia.

Ce roman a été lu aussi dans le cadre du Challenge ABC Babelio, et du Défi Mia du mois du décembre.

7/26

2/8

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23 Commentaires

  1. Je l’ai encore dans ma PAL celui-ci ! Après plusieurs DK, on peut affirmer que la construction est toujours la même : tout va bien-tout va de mal en pis-la rédemption et enfin le salut (par différents moyens à chaque fois). La critique de la société américaine, ses travers est aussi la toile de fond à chaque fois… Mais certains sont plus réussis que d’autres ! 😉

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    • Tu as très bien résumé le processus narratif de Kennedy ! je pense m’arrêter là avec 6 romans au compteur, j’en ai fait le tour ! Disons que celui-ci fait partie des un plus réussis !

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  2. Argh ! T’as dit la fin !
    😉

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  3. Delphinesbooks

     /  décembre 11, 2011

    Bon, je passe, je n’accroche vraiment pas avec ces histoires trop téléphonées.. t’en as lu, tu les as tous lus, très peu pour moi !

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  4. Pour les LC pas d’inquiétude : j’ai entamé Moll Flanders et puis j’ai arrêté, j’avoue avoir été déçue. Je ferai quand même un billet, ça n’est pas le souci, mais du coup, relâche la pression.

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  5. Je n’ai lu que « Cul de sac » que j’avais beaucoup aimé. Pourquoi n’ai-je pas continué avec l’auteur alors que j’en ai d’autres dans ma PAL ???

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  6. ah ç’est un peu rassurant pour Kennedy, surtout suite à ton avis sur Cet instant-là… j’en ai encore trois qui m’attendent dans ma PAL, et j’aimerai voir ce que donne celui sur l’Egypte, dans un autre genre apparemment…
    il fait parti des auteurs reconnus qui publient souvent…il semble normal finalement, que ses histoires se ressemblent plus ou moins…

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  7. Celui ci je l’ai beaucoup aimé, mais je connais peu les romans de Kennedy, j’ai du en lire 2 ou 3 dont le fantastique « cul de sac ».

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  8. Même si on a tiqué sur les mêmes points, tu es quand même plus positive que moi. 🙂

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  9. Bizarrement c’est un auteur qui ne m’a jamais attirée, d’autant que j’ai l’impression d’en avoir fait le tour rien qu’en lisant les billets sur ce roman…
    Je passe donc (ma PAL dit ouf ^^).

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  10. Olivia Billington

     /  décembre 11, 2011

    Lu et… je m’en souviens à peine, si ce n’est, comme tu dis « On peut regretter un certain sensationnel dans la succession des coups du sort qui frappent cette pauvre Hannah ».

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  11. Je l’ai lu … et oublié aussi « vite » (c’est parfois assez long). Je crois que cet auteur n’est pas pour moi.

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  12. Je n’en ai lu aucun! lequel tu me conseilles pour commencer?

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  13. Je suis contente de lire ton avis positif, il faudrait que je lise d’autres romans de cet auteur, lequel me conseilles tu tout particulièrement ?
    Bises !

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  14. Il a fait couler de l’encre au BOOXClub, celui-là !
    Beaucoup ont eu un coup de coeur, certains déplorent de grosses longueurs… Enfin, un petit lien vaut tous les longs discours ! L’avis du BOOXclub : http://www.myboox.fr/chronique/listeLivre?livre_id=100305

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à vous....

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