« Nos vies désaccordées » Gaëlle JOSSE

Josse vies désaccordéesJ’ai découvert la plume de Gaëlle Josse avec le très beau Les heures silencieuses dont l’intrigue se déroulait en XVIIe siècle à Deft, et qui nous faisait suivre le destin de Magdalena à travers son journal intime. J’ai donc eu envie de découvrir d’autres romans de cette auteure et c’est ainsi que j’ai lu Nos vies désaccordées.

François, pianiste virtuose, donne des concerts à travers le monde, connait le succès, l’admiration. Alors qu’il semble parfaitement installé dans sa vie, un admirateur, infirmier dans un hôpital psychiatrique, lui apprend qu’une de ses patientes écoute en boucle ses interprétations de Schumann. François comprend alors qu’il vient de retrouver Sophie, celle qui fut le grand amour de sa vie. Il décide alors de tout quitter pour la retrouver.

Les romans de Gaëlle Josse sont courts et en tournant la dernière page on se demande comment un si petit livre peut contenir autant. Le récit oscille entre souvenirs de sa rencontre et de sa vie avec Sophie et quête de cet amour perdu au fin fond des Pyrénées. Au fil des pages, le virtuose se dévoile, montre ses faiblesses, ses lâchetés et apparaît au lecteur sous son vrai jour, peu reluisant certes, mais cette quête de l’autre devient aussi une quête personnelle qui l’amène à une introspection sans guère de concession sur sa carrière, son rapport aux autres et avec celle aussi qui partageait sa vie après Sophie. Il se révèle un homme égoïste, qui s’adonne totalement à son art. Sa rencontre avec Sophie fut un moment fulgurant, une évidence, mais sans doute n’était-il pas prêt à l’époque à lui consacrer le temps et la disponibilité nécessaire. Jeune femme artiste et un peu fantasque, Sophie se révèle quelque peu insaisissable. Cette rencontre est survenue à un moment où ces deux êtres n’étaient pas en accord, même si leur amour était réel, ce n’était pas le bon moment.

La musique, et notamment Schumann, est le lien qui les unit et qui  les réunit. Pourquoi avez-vous peur de Schumann?, lui avait dit Sophie au début de leur rencontre. Le virtuose en avait été déconcerté. La musique de Schumann, c’est le romantisme, les sentiments passionnés, et avoir peur de Schumann n’est-ce pas avoir peur des sentiments ? C’est grâce à Schumann également que François retrouve Sophie, être passionnée qui, elle, n’a pas peur de ses sentiments au point d’être trop submergée par eux.

La quête de François consiste à n’avoir plus peur de ses sentiments, lui qui, depuis sa rupture avec Sophie, ne joue plus Schumann, comme on rejette au loin ce qui nous effraie.

Le double récit est ponctué de courts passages en italique que j’ai eu du mal à saisir mais qui deviennent plus limpides à la toute fin du roman, un peu tard je trouve car ces passages manquent d’une certaine clarté, d’après moi.

Les vies désaccordées est un très beau roman qui ramène à l’essentiel. François devra se dépouiller de tout pour tenter d’accorder sa vie à celle de Sophie.

Roman lu dans le cadre du plan Orsec 2014

PAL Orsec 2014

Poster un commentaire

à vous....